La Venise musicale au tournant du XVIIe siècle selon La guilde des mercenaires

Venise est au centre de cet enregistrement grâce à des musiques de première importance composées entre la fin de la Renaissance et le début du Baroque. La guilde des mercenaires menée par Adrien Mabire nous plonge dans ce creuset qui fit les heures de gloire de cette cité.

Sept musiciens au service d'un répertoire flamboyant, voilà bien ce qui nourrit de bout en bout cet enregistrement, plongé dans des œuvres qui montre une Italie musicale bouillante du nord au sud, où Venise occupe une place privilégiée. Ce programme permet de découvrir, ou en tout cas de mieux connaitre certains compositeurs quelque peu oubliés, ce qui augmente sensiblement l'intérêt de l'ensemble. Cela permet aussi de mieux appréhender la richesse du répertoire et si Venise peut être considérée comme un épicentre artistique, c'est sans compter sur la présence primordiale d'autres pôles artistiques comme Rome, Florence, Naples, Mantoue et bien d'autres, largement évoqués ici par une pléiade de compositeurs.

C'est ainsi qu'alternent pièces vocales en latin ou en italien et des œuvres instrumentales souvent sous la forme de Canzone. Toutes ces pièces furent composées dans le premier tiers du XVIIᵉ siècle qui fût une période privilégiée dans l'histoire de la musique. C'est une époque de découverte d'un nouveau style, sortant de l'antique polyphonie austère et rendue vivante grâce à de nouveaux procédés, rhétoriques en particulier. C'est ce que montre Claudio Monteverdi en personne, passant de la « prima pratica » à la « seconda pratica », des termes qui parlent d'eux même.

L'interprétation de La guilde des mercenaires est à la fois savante et émouvante. La voix de Violaine Le Chenadec est souple et gorgée de cet art du discours qui nourrit ces airs par lesquels passent de nombreux états d'âme. Les instruments sous-tendent une harmonie riche et nouvelle dans ses intentions grâce à un continuo solide et subtil. La prise de son raffinée de Ken Yoshida dans la belle acoustique de l'église de Notre-Dame de Kerfons dans les Côtes-d'Armor, apporte une ambiance chaleureuse et agréable à l'écoute. Le choix de « Riposta » comme titre de cet album éclaire sur la démarche des musiciens, prêts à se répondre en harmonies ou en contradictions, au gré des textes musicaux.