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Ennio Morricone (1928-2020) : Cinema rarities pour violon et orchestre. Marco Serino, violon ; Orchestra di Padova e del Veneto, direction : Marco Serino. 1 CD Arcana. Enregistré du 11 au 13 avril 202 à l’Oratorio di San Rocco de Padoue. Notice de présentation trilingue (anglais, français et italien). Durée : 55:42
ArcanaUn an après Cinema Suites, Cinema Rarities ajoute quelques pierres au mausolée édifié par le violoniste Marco Serino à la mémoire d'Ennio Morricone.
Marco Serino, violon solo des tournées populaires donnés, dans la foulée de son succès planétaire, par Ennio Morricone, ne fut pas pour rien dans le désir du compositeur italien de revisiter, dans les années 2000, son œuvre pour le cinéma sous forme de suites de concert pour soliste et orchestre. Le précédent disque publié alignait la Sergio Leone Suite, la Giuseppe Tornatore Suite, la Brian de Palma Suite. On retrouve sur la nouvelle publication cette volonté rassembleuse sur la Mauro Bolognini Suite, la Taviani Brothers Suite et la Silvano Agosti Suite qui sera pour beaucoup la révélation d'un cinéaste que les prestigieux noms ci-dessus ont laissé dans l'ombre, du moins de ce côté-ci des Alpes.
A l'instar de Cinema Suites, Cinema Rarities recèle quelques trésors cachés. La proximité, la profonde complicité musicale, l'amitié qui lia Morricone à Serino valurent à ce dernier dédicaces et cadeaux de partitions de la part du maestro. Ayant parfaitement eu le temps, dit-il, d'intérioriser l'intention de Morricone, le violoniste entreprend aujourd'hui, avec le soutien de la famille du compositeur, de la matérialiser de façon posthume. Ce qui fait qu'à la différence de Cinema Suites, dont toutes les pièces étaient autographes, Cinema Rarities mêle au talent d'orchestrateur du maître celui de son soliste.
Aux Quattro Adagi rêvés par Morricone, et qui rassemblaient Sergio Leone, Roland Joffé et Salvatore Nocita, ne manquait qu'un numéro : c'est chose faite par Serino, avec le très bel arrangement de Chi Mai, dont le thème avait, bien avant Le Professionnel du tandem Deray/Belmondo, été composé dès 1971 pour Maddalena de Jerzy Kawalerowicz. Sur sa lancée, Serino revisite, mini-clin d'oeil à la guimbarde oblige, l'inénarrable Clan des Siciliens, dont il fait fondre la glace au moyen d'une mélancolie des mieux venues, puis s'adonne à la parodie d'un autre Italien célèbre (Vivaldi convoqué avec son clavecin sur Revolver de Sergio Sollima), avant de donner de l'intérêt au Lolita d'Adrian Lyne (Morricone ne pratiquait pas toujours l'entre-soi du génie cinématographique) et même de transformer avec succès le célébrissime Homme à l'harmonica en un troublant Homme au violon.
Autre nouveauté de cette seconde parution : Andrea Morricone a laissé sa baguette à Marco Serino, qui dirige de son violon un autre orchestre. A l'Orchestra Haydn di Bolzano et Trento succède l'Orchestra di Padova e del Veneto. Des cordes d'une belle densité, un piano, un synthétiseur prolongent le sentiment de déploration déjà perceptible sur le premier enregistrement. Cinema Rarities diffuse à son tour un prégnant sentiment de recueillement dans la foulée de son ouverture : pour La Califfa (1970) d'Alberto Bevilacqua, un des plus beaux thème de Morricone, encore imprégné du lyrisme d'Il était une fois dans l'Ouest (1968), et pour le sublime Héritage de Bolognini (1976), le violon éperdu de Serino continue son dialogue avec le génie d'un compositeur qui ferma les yeux en 2020.
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