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Abbaye de Royaumont. Dans le cadre du Festival de Royaumont. 8-X-2023. CCCN de Caen / Alban Richard : Comme Kiss Me Now (avant-première). Conception, chorégraphie : Alban Richard. Accompagnement dramaturgique : Anne Kersting. Assistante chorégraphique : Daphné Mauger. Créé et interprété par Chihiro Araki, Marie-Suzanne de Loye, Ezra, Alice Lada, Andreas Linos, Alban Richard, Céline Scheen, Sarah Van Oudenhove. Programme musical live : Max Bruckert, Culture Club, John Dowland, Eurythmics, Ezra, Orlando Gibbons, Orchestral Manœuvre in the Dark, Soft Cell, Visage, Yazoo. Création musicale : Ezra, Max Bruckert. Arrangements musicaux : François Joubert-Caillet. Son : Quentin Bonnard et Max Bruckert. Livre-poème : Marie de Quatrebarbes. Scénographie et lumière : Jan Fedinger. Construction scénographie : Valentin Pasquet. Costumes : Fanny Brouste, Rachel Garcia, Victor Molinié. Réalisation costumes : Yolène Guais. Régie plateau : Olivier Ingouf. Coach vocal : Zelda Rittner
Avant-première de Come Kiss Me Now, la nouvelle pièce d'Alban Richard, directeur du Centre chorégraphique national de Caen, en clôture du Festival de Royaumont. Entre mélancolie baroque et poésie new wave, une variété d'univers musicaux et chorégraphiques.
Le spectacle a déjà commencé lorsque le spectateur pénètre dans la Salle des Charpentes de l'abbaye de Royaumont. C'est une fête, celle d'une certaine Chihiro (alias la danseuse Chihiro Araki), qui bat son plein. On retrouve l'hôtesse quelques minutes plus tard, prostrée sur une chaise, dans un solo assez horrifique, dont la bande-son est constituée de râles et de traces de souffle, pour une partition émotionnelle. Une danse épileptique et sensible, qui se déploie entre les rampes lumineuses de LED répartis dans l'espace.
Changement d'ambiance avec Flow my tears, la deuxième séquence du spectacle, qui met en scène la répétition générale d'un concert dansé de musique ancienne. Chihiro, au moment de céder sa place sur le plateau, a souhaité « have fun » aux musiciennes et musiciens, réunis autour d'une table de banquet. Une chanteuse et trois instrumentistes de l'ensemble L'Achéron, dirigé par Céline Scheen, accompagnent une danseuse vêtue d'un pourpoint vert moiré d'esprit élisabéthain. Féline et précieuse, Alice Lada mène sur l'ensemble des mouvements de cette musique de John Dowland un combat introspectif d'une grande douceur et avec beaucoup de grâce. Le délicat dispositif lumineux reproduit les mille et une nuances du soleil à travers des vitraux colorés. La danse est incroyablement fine et délicate. Elle se fait plus anguleuse vers la fin des sept mouvements de la partition, comme un insecte se recroqueville sur lui-même.
À la fin de chaque séquence, les techniciens font irruption sur le plateau, modifiant l'agencement des lumières ou des accessoires scéniques. C'est le procédé qu'a retenu Alban Richard pour faire tenir dans son spectacle fleuve cinq ambiances pour cinq portraits d'artistes. Et justement, la séquence suivante met en scène pour un set décalé un duo techno hardcore invité à performer sur une radio locale. Time stand still, le groupe en question, est composé d'un jeune musicien et d'un danseur-chanteur plus âgé (Ezra et Alban Richard) tous deux vêtus de costumes jaune fluo et noir. On reste un peu à côté de ce set, articulé autour de la technique du human beatbox.
Comme on le découvre au fur et à mesure de cette avant-première, chaque séquence forme un mini spectacle à lui seul. Il aurait été intéressant de faire dialoguer les univers musicaux entre eux pour une proposition globale qui ne soit pas seulement reliée par des artifices de mise en scène. Par ailleurs, mais ce détail pourra sans doute être ajusté avant la première du spectacle prévue les 21 et 22 novembre au Théâtre de Caen, chaque séquence est légèrement trop longue.
La dernière séquence est introduite par Sarah, « paléo archéologue en disque dur », qui nous annonce être le 8 octobre 2173 (soit 150 ans après la date du jour) et effectue la lecture d'un poème de Marie de Quatrebarbes commandé par le CCN de Caen. Dans ce futur lointain, lors du Golden Melancholia Tour, une chanteuse interprète plusieurs tubes du groupe Eurythmics ou d'Orchestral manœuvres in the dark, en version baroque. Bien qu'il soit difficile de remplacer Annie Lennox, l'électrique chanteuse d'Eurythmics, l'incroyable Céline Scheen, y parvient ! La chanteuse baroque, remarquée dans Vénus et Adonis de John Blow, avec les Musiciens du Paradis, porte une extravagante robe futuriste aux volutes dorées. La ductilité et l'énergie de Céline Scheen sont vecteurs d'émotion sur ce répertoire, qui devient à la fois lyrique et contemporain, accompagné à la viole de gambe par Sarah van Oudenhove, Marie-Suzanne de Loye et Andreas Linos.
Ce magnifique concert rétro-futuriste achève sur une note spectrale un spectacle très étonnant, déployant une archéologie de la sensibilité autour d'une multiplicité d'univers musicaux, poétiques et chorégraphiques.
Crédits photos : © Agathe Poupeney
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Abbaye de Royaumont. Dans le cadre du Festival de Royaumont. 8-X-2023. CCCN de Caen / Alban Richard : Comme Kiss Me Now (avant-première). Conception, chorégraphie : Alban Richard. Accompagnement dramaturgique : Anne Kersting. Assistante chorégraphique : Daphné Mauger. Créé et interprété par Chihiro Araki, Marie-Suzanne de Loye, Ezra, Alice Lada, Andreas Linos, Alban Richard, Céline Scheen, Sarah Van Oudenhove. Programme musical live : Max Bruckert, Culture Club, John Dowland, Eurythmics, Ezra, Orlando Gibbons, Orchestral Manœuvre in the Dark, Soft Cell, Visage, Yazoo. Création musicale : Ezra, Max Bruckert. Arrangements musicaux : François Joubert-Caillet. Son : Quentin Bonnard et Max Bruckert. Livre-poème : Marie de Quatrebarbes. Scénographie et lumière : Jan Fedinger. Construction scénographie : Valentin Pasquet. Costumes : Fanny Brouste, Rachel Garcia, Victor Molinié. Réalisation costumes : Yolène Guais. Régie plateau : Olivier Ingouf. Coach vocal : Zelda Rittner