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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 3-X-2023. Giacomo Puccini (1858-1924) : La Bohème, opéra en quatre actes. Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica. Mise en scène : Paul-Émile Fourny. Décors : Valentina Bressan. Costumes : Dominique Louis. Lumières : Patrick Méeüs. Avec : Tuuli Takala, soprano (Mimi) ; Amadi Lagha, ténor (Rodolfo) ; Perrine Madoeuf, soprano (Musetta) ; Joan Martín-Royo, baryton (Marcello) ; Csaba Kotlár, baryton (Schaunard) ; Alexey Birkus, basse (Colline) ; Bertrand Duby, basse (Benoît et Alcindoro) ; Daegweon Choi, ténor (Parpignol) ; Jean-Sébastien Frantz, basse (Un douanier) ; Ge Song, ténor (Le Chanteur ambulant) ; Thomas Rœdiger, basse (Un Sergent). Chœurs de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (chef de chœur : Nathalie Marmeuse). Chœur d’Enfants Spécialisé du Conservatoire à Rayonnement Régional de l’Eurométropole de Metz (chef de chœur : Annick Hoerner). Orchestre national de Metz Grand Est, direction : David Reiland
Belle reprise, dans des décors éco-responsables, d'une mise en scène qui a déjà fait ses preuves il y a six ans. Distribution homogène et de qualité pour un spectacle convaincant, à la fois innovant et traditionnel.
Déjà proposé en octobre 2017, ce beau spectacle pourra constituer une double reprise. Reprise d'une mise en scène qui a déjà fait ses preuves, d'une part, mais également réemploi, dans l'esprit d'éco-responsabilité qui constitue le travail et la recherche de la scénographe Valentina Bressan, d'éléments de décor ayant préalablement servi à de précédentes productions. Si ces réutilisations ont déjà été faites en 2017, le phénomène n'avait pas alors été communiqué au public, car le sujet n'était pas encore d'actualité. De fait, on ne pourra qu'admirer à nouveau la beauté des décors inspirés à la fois de l'esthétique de la Belle Époque et de l'univers steampunk né à la fin du dix-neuvième siècle. Aux affiches Art Nouveau, à la présence continue d'un tableau à l'autre du Moulin Rouge et au contexte carrément french cancan du deuxième acte, font écho des vitres d'atelier, des portes de hangar et autres ferrailles, autant d'éléments évoquant le style industriel également caractéristique de cette époque. Abandonnant le contexte Louis-Philippe où il est censé se dérouler, le spectacle se veut donc résolument contemporain de l'époque de la création de l'opéra de Puccini. Les costumes de Dominique Louis, très réussis, évoquent parfaitement eux aussi cette esthétique si particulière qui, d'un spectacle à l'autre, constitue un des fils conducteurs des mises en scène de Paul-Émile Fourny. D'une rare vitalité, le spectacle convainc de la première à la dernière scène, sans doute parce que l'accent est mis sur la jeunesse et sur l'énergie de personnages plus ou moins malmenés par la vie, mais parfaitement compréhensibles et attachants dans le tiraillement entre les rêves et les illusions qui illuminent leur vie, et les dures réalités du quotidien qui les minent.
Comme à l'accoutumée sur la scène messine, la distribution met en avant la cohésion du travail d'équipe ainsi que l'homogénéité vocale de l'ensemble des protagonistes. On notera tout d'abord la belle tenue des rôles dits secondaires, donc certains sont interprétés avec succès par les choristes de la maison. Dans le double rôle de Benoît et d'Alcindoro, Bertrand Duby fait valoir un physique imposant ainsi qu'une voix parfaitement projetée. Autre basse de cette production, le Franco-biélorusse Alexey Birkus qui parvient à faire applaudir au dernier acte l'air de la pelisse, preuve de son engagement dramatique et vocal. Deux beaux barytons également, avec le Slovaque Csaba Kotlár en Schaunard et le Catalan Joan Martín-Royo en Marcello. Le premier convainc surtout par le naturel et l'intensité de son jeu, le second par la qualité intrinsèque d'un timbre chaud et juvénile dont l'artiste sait se servir avec retenue et musicalité. Le ténor franco-tunisien Amadi Lagha brille quant à lui par un timbre lumineux et solaire et par des aigus rayonnants, même si sa ligne parfois brouillonne n'évite pas de petits problèmes de justesse. Deux profils très différenciés chez les dames, avec en Musette le soprano un peu acidulé de Perrine Madoeuf, et en Mimi la voix plus lyrique de la Finlandaise Tuuli Takala, qui semble dans ce rôle s'éloigner des emplois mozartiens et belcantistes qui ont jusque-là fait l'essentiel de sa carrière. Belle mention également pour les Chœurs de l'Opéra-Théâtre de Metz-Métropole et le Chœur d'Enfants Spécialisé du Conservatoire à Rayonnement Régional de Metz-Métropole, très investis dans un spectacle qui, de par sa vitalité, les met si bien à l'honneur. Excellente prestation également de l'Orchestre national de Metz Grand Est, avec la direction précise, fine et détaillée de David Reiland à la tête de la formation dont il est le chef titulaire. C'est donc une très belle reprise d'un spectacle qui, pour ajouter une troisième dimension éco-responsable, mériterait assurément d'être vu sur d'autres scènes hexagonales ou internationales.
Crédit photographique : © Luc Bertau – Opéra-Théâtre Eurométropole de Metz
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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 3-X-2023. Giacomo Puccini (1858-1924) : La Bohème, opéra en quatre actes. Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica. Mise en scène : Paul-Émile Fourny. Décors : Valentina Bressan. Costumes : Dominique Louis. Lumières : Patrick Méeüs. Avec : Tuuli Takala, soprano (Mimi) ; Amadi Lagha, ténor (Rodolfo) ; Perrine Madoeuf, soprano (Musetta) ; Joan Martín-Royo, baryton (Marcello) ; Csaba Kotlár, baryton (Schaunard) ; Alexey Birkus, basse (Colline) ; Bertrand Duby, basse (Benoît et Alcindoro) ; Daegweon Choi, ténor (Parpignol) ; Jean-Sébastien Frantz, basse (Un douanier) ; Ge Song, ténor (Le Chanteur ambulant) ; Thomas Rœdiger, basse (Un Sergent). Chœurs de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (chef de chœur : Nathalie Marmeuse). Chœur d’Enfants Spécialisé du Conservatoire à Rayonnement Régional de l’Eurométropole de Metz (chef de chœur : Annick Hoerner). Orchestre national de Metz Grand Est, direction : David Reiland