Audio, Musique d'ensemble, Parutions

Première mondiale d’un oratorio de Michael Haydn par György Vashegyi

Plus de détails

Michael Haydn (1737-1806) : Kaiser Constantin I. Feldzug und Sieg, oratorio sur un livret de Johann-Heinrich Drümel. Emöke Baráth, soprano ; Klára Kolonits, soprano ; Theodora Raftis, soprano ; Katakin Szutrély, soprano ; Chantal Santon Jeffery, soprano ; Péter Bárány, contre-ténor ; Purcell Choir ; Orfeo Orchestra, direction : György Vashegyi. 2 CD Accent. Enregistrés au Müpa de Budapest en mars 2016. Notice en anglais, français, allemand et hongrois. Durée totale : 90:99

 

Avec ses deux formations, le et l', le chef hongrois , dont on apprécie par-dessus tout les productions de Rameau, n'en finit pas de redécouvrir des œuvres et des compositeurs méconnus ou oubliés.

C'est le cas de ce premier enregistrement mondial du troisième oratorio de carême Kaiser Constantin I. Feldzug und Zieg (La campagne et la victoire de l'empereur Constantin Ier) de pour la chapelle et la cour du duc et archevêque de Salzbourg, Sigismond von Schrattenbach. On croyait cette partition perdue alors que l'autographe est conservé dans la collection Esterházy de la Bibliothèque nationale Széchényi de Budapest, qui abrite la plus grande collection au monde des deux frères Haydn. À la mort de , Joseph a confié son legs musical à la famille Esterházy, qui l'a racheté pour sa propre bibliothèque. Après son décès, l'œuvre prolifique de , tenue dans l'ombre de celle de son frère Joseph, est injustement tombée dans l'oubli et le Haydn de Salzbourg demeure méconnu encore aujourd'hui. Il fut pourtant un compositeur des plus respectés, à la fois chef d'orchestre, organiste et professeur. Sa musique sacrée était connue, très appréciée et largement diffusée. Des copies de ses œuvres se retrouvent dans de nombreuses bibliothèques musicales et cathédrales de la région danubienne. À l'instar de son frère Joseph, son charisme et sa réputation ont été déterminants dans la vie musicale européenne de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Son influence s'étend jusqu'au romantisme puisque Schubert et Bruckner le considéraient comme un maître. Son œuvre représente la quasi-totalité des genres de l'époque : trente-deux messes, deux Requiem, deux cents graduels et offertoires, quatre oratorios, quarante-trois symphonies, des concertos multiples et d'innombrables œuvres instrumentales profanes.

Un ouvrage étonnant entre tradition et modernité

Le livret de cet oratorio se base sur la victoire remportée par l'empereur Constantin sur l'empereur d'orient Maxence au pont Milvius, au nord de Rome, en 312, soit la victoire de la foi chrétienne sur le paganisme, avec d'importantes allusions aux persécutions antérieures. Des figures allégoriques, la foi, la pusillanimité, la philosophie, le courage et la théologie, personnifiées par cinq sopranos, débattent sur la doctrine et la foi chrétienne jusqu'à la proclamation la victoire de Constantin. Elles commentent l'événement par des récitatifs accompagnés et quatre airs, deux duos et un air avec chœur final auquel se joint un contre-ténor. L'écriture subtile et raffinée de Michael Haydn est exigeante et d'une grande virtuosité pour les solistes, parmi lesquelles figurait à la création Maria Magdalena Lipp, fille de l'organiste de la cour et épouse de Michael Haydn. Elle avait été formée au fameux Ospedale della Pietà à Venise et Mozart composa pour elle quelques années plus tard le Regina Coeli (KV 127), qui atteste de l'agilité de sa voix de soprano colorature. L'ouvrage reprend toutes les caractéristiques de l'oratorio italien du XVIIIe siècle, mais Haydn en enrichit le vocabulaire harmonique, développe un travail contrapuntique, ainsi qu'une belle variété orchestrale et s'affranchit des conventions en intégrant des cuivres concertants (trompette, cor et trombone) dans l'accompagnement des parties vocales. Il crée en quelque sorte l'oratorio italien « salzbourgeois ».

Les cinq sopranos de très haut niveau montrent une belle homogénéité. Se détachent toutefois la Foi de dans l'air avec cor, et la Théologie de Emöke Baráth, éblouissante dans un air de bravoure, ainsi que la Pusillanimité de Klara Kolonits dans l'air méditatif avec cor et trombone obligés. Sous la direction toujours inspirée et affutée de , l'orchestre aux cordes opulentes et aux cuivres suaves offre un confortable tapis sonore aux solistes. Le Konzertmeister n'est autre que le vénérable Simon Standage, inoubliable leader de l'English Concert de Trevor Pinnock et codirecteur de l'Academy of Ancien Music. On regrette l'absence de traduction française du livret qui est toutefois compensée par une notice riche et documentée, non signée. Une réalisation majeure, qui contribuera à une meilleure connaissance du grand compositeur qu'est Michael Haydn.

(Visited 445 times, 1 visits today)

Plus de détails

Michael Haydn (1737-1806) : Kaiser Constantin I. Feldzug und Sieg, oratorio sur un livret de Johann-Heinrich Drümel. Emöke Baráth, soprano ; Klára Kolonits, soprano ; Theodora Raftis, soprano ; Katakin Szutrély, soprano ; Chantal Santon Jeffery, soprano ; Péter Bárány, contre-ténor ; Purcell Choir ; Orfeo Orchestra, direction : György Vashegyi. 2 CD Accent. Enregistrés au Müpa de Budapest en mars 2016. Notice en anglais, français, allemand et hongrois. Durée totale : 90:99

 
Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.