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Les Berliner Philharmoniker ouvrent la saison à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 2-IX-2023. Max Reger (1873-1916) : Variations et Fugue sur un thème de Mozart, op. 132 ; Richard Strauss (1864-1949) : Une Vie de héros, op. 40. Berliner Philharmoniker, direction : Kirill Petrenko

Deux ans après leur précédent passage à Paris, les Berliner Philharmoniker conduits par leur directeur musical , sont de retour sur la scène de la Philharmonie pour ouvrir la saison symphonique dans un programme de musique pure associant les rares Variations et fugue sur un thème de Mozart de et l'éclatante Vie de héros de .

Un programme contrasté entièrement germanique visant à mettre en avant l'excellence de la phalange berlinoise et la curiosité de son directeur musical comme en témoignent les Variations et Fugue sur un thème de Mozart de (1914) rarement données en concert, qui seront pour beaucoup une belle découverte. Composées en 1914 par un compositeur inclassable, organiste émérite, dont l'œuvre oscilla toujours entre un classicisme revendiqué et un postromantisme honni auquel il n'échappa pas toujours par ses harmonies chargées et ses excès de rhétorique, ces Variations et Fugue se développent à partir de l'Andante graciozo de la Sonate pour piano n°11 en la majeur K. 331 de Mozart, déclinées après l'énoncé du thème en huit variations conclues par une double fugue. Une partition qui, avouons-le, peut paraitre bien terne sous certaines baguettes et dont paradoxalement parvient à faire chanter les couleurs dans une belle progression dynamique empreinte de légèreté, d'une clarté exemplaire, portée par un lyrisme intense tout au long de ces trente-cinq minutes de musique, qui font la part belle aux cordes et aux bois avant de recruter les cuivres dans la Fugue finale. Si l'énonciation du thème par le hautbois d'Albrecht Mayer et la clarinette de Wenzel Fuchs marque l'influence classique, les variations suivantes vont progressivement densifier la texture orchestrale dans une profusion de voix secondaires et de modifications rythmiques pour rendre finalement le thème initial méconnaissable. ne cède à aucun moment à une quelconque confusion, exaltant tout à la fois les performances solistiques individuelles (flutes, violons, cuivres, timbales), la cohésion et le cantabile du tutti qui trouveront leur culmination dans l'immense fugue conclusive inondée de lumière (cors et trompettes).

Tout autre climat avec Une Vie de héros de , ultime poème symphonique (1899) du compositeur bavarois que tout oppose à la composition précédente : importance de l'effectif orchestral, composante narrative et dimension quasi opératique de l'œuvre qui sied comme un gant à Kirill Petrenko. Si d'aucuns ont pu en souligner le caractère narcissique un rien grandiloquent, d'autres ont pu y voir une sorte de parcours initiatique fait de réminiscences musicales et d'autocitations conduisant à la paix, à la sagesse et à la résignation. Quoi qu'il en soit, Petrenko y trouve, quant à lui, un formidable matériel orchestral magnifié par la superbe plastique du Philharmonique de Berlin dans une lecture très analytique, claire, quelque peu aride et sans concessions, impeccablement mise en place, portée par une direction millimétrée. Six tableaux s'y succèdent comme autant d'occasions de faire briller l'orchestre et chanter les couleurs : puissance et présentation grandiose du héros (cordes graves et cuivres) ; pépiements sarcastiques de la flute et dramatisme des cordes (contrebasses et violoncelles) dans les adversaires du héros ; sensualité et virtuosité du violon solo de Vineta Sareika-Völkner – tout récemment nommée en février 2023 premier violon solo – dans la compagne du héros ;  formidable et impressionnant maelström orchestral impeccablement réglé dans le combat du héros où s'affrontent les appels de trompettes en coulisses, les attaques rageuses des cordes, la fureur apocalyptique des percussions, les stridences effrayantes des bois et les rugissements fracassants des cuivres ; autocitations étonnantes (Don Juan, Zarathoustra, Mort et Transfiguration, Till l'espiègle etc..) dans les œuvres de paix du héros impliquant tous les pupitres et préludant à la sérénité retrouvée, épisode final où se mêlent la nostalgie du cor anglais (Dominik Wollenweber), l'écho pastoral du cor (Matias Pineira remplaçant Stefan Dohr) et l'émouvante péroraison du violon solo, pour conclure ce superbe et très convaincant exercice d'orchestre !

Crédit photographique : © Monika Rittershaus

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