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Victor Borge, le prince-clown de la musique classique

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, artiste danois, occupe une place particulière dans le monde de la comédie et de la musique. Plus connu du grand public depuis les diffusions de ses vidéos comiques sur internet, il est intéressant de regarder de plus près ce qu'il fut depuis sa naissance à Copenhague en 1909 et durant toute sa carrière qui dura 75 ans jusqu'à sa disparition en l'an 2000.

La jeunesse de

Né Borge Rosembaum dans une famille musicienne juive ashkenaze, il est connu sous le nom de . Très jeune il développe des dons exceptionnels pour la musique et la pratique du piano. Il se produit en concert dès 1917 et obtient une bourse de l'Académie royale du Danemark. Par la suite, il étudie avec deux professeurs de piano, eux mêmes élèves de Franz Liszt et de Ferruccio Busoni. C'est à partir de 1926 qu'il commence véritablement une carrière de pianiste et de comédien qu'il mène en Europe avec des récitals de piano et des shows appelés « Stand-up » ou seul, il mêle musique, gags et blagues diverses. Cette première partie de carrière où il sillonne s'arrêtera en 1940 avec la deuxième guerre mondiale.

L'Exil et ses débuts en Amérique

Les forces allemandes envahissent le Danemark en avril 1940 alors que Victor Borge était en concert en Suède, ce qui lui permet de s'échapper par la Finlande et prendre un bateau pour les Etats-Unis, complètement démuni mais sauf.

Les débuts sont difficiles, il doit apprendre la langue rapidement, ce à quoi il arrive en visionnant de nombreux films en américain. C'est à partir de cette époque qu'il prend son nom de scène Victor Borge et commence dès 1941 à faire de la Radio. Il rencontre des artistes célèbres dont le chanteur Bing Grosby avec qui il participe à un spectacle. Peu à peu, sa célébrité s'étend et il est remarqué par de grandes vedettes tel Frank Sinatra avec qui il joue dans le film Amour et Swing. A partir de 1943, il anime le « Victor Borge show » où il développe son art du comique, basé sur une série de gags originaux très appréciés du public. Sa renommée est telle qu'il obtient un succès inégalé pour son spectacle « Comedy in Music » donné au John Golden theatre en 1953. Avec 850 représentations de ce « One man show » donné jusqu'en 1956, il obtient l'exploit de figurer dans le Livre Guinness des records.

Une carrière bien remplie aux Etats-Unis

On le voit, la carrière de Victor Borge se déroule avec succès. Il devient de plus en plus célèbre grâce à ses apparitions à la télévision dans des émissions populaires comme le « Muppet show » ou « What's my line », où on le découvre également plus sérieusement comme un éleveur de volailles, plus exactement des poules de Cornouailles très en vogue alors. Cela lui permettait de profiter de sa célébrité pour développer des affaires en parallèle à sa carrière de comique. Ses capacités musicales le hissent au sommet devenant chef de plusieurs orchestres de premier rang : Chicago, Londres ou New-York. Il a poursuivi ses activités jusqu'à l'âge de 90 ans. Il complète ce beau palmarès par l'écriture de plusieurs livres et la création de fondations pour la musique et pour l'organisation de concours de piano. Arrivé dans sa quatre-vingt douzième année, de retour d'une tournée dans son Danemark natal, il meurt paisiblement à Greenwich (USA).

Les caractéristiques de l'art du comique chez Victor Borge

Lorsque que l'on visionne les nombreux sketchs de Victor Borge impliquant la musique classique, on est tout d'abord frappé par la technique du grossissement du trait. Son travail est de « faire mouche » au niveau de son public par des gags au principe simple mais efficace. Par exemple, il commence à jouer une pièce pour piano avec une partition mais la musique entendue est très étrange, alors il se rend compte que la partition est à l'envers ; il la retourne, et là, on entend un air très connu, lançant un regard satisfait à l'auditoire qui exulte. Une autre fois il accompagne au piano une soprano lyrique Marilyn Mulvey et sursaute intempestivement dès ses premières vocalises…

Ses numéros prenaient le chemin d'une comédie musicale où chaque anecdote ou incident pouvant arriver en concert était exploité au centuple. Il y a aussi une scène célèbre où, dirigeant un orchestre il s'empêtre complètement dans ses partitions qu'il essaye de disposer sur son pupitre et au delà avec tout ce qui lui tombe sous la main, tout cela est fait avec beaucoup de finesse et d'un humour pince sans rire, jamais vulgaire. Certaines scènes humoristiques furent reprises plus tard par d'autres comiques dont Peter Ustinov. L'une célèbre de ces moments de rire le montre s'installant au piano mais se trouvant trop loin du clavier, tirant à lui le lourd piano à queue au lieu d'avancer son tabouret. Ensuite ne pouvant régler assez haut son siège, il réclame au pompier de service un gros annuaire téléphonique qu'il glisse sous lui. Ce serait presque parfait au détail près qu'il est obligé d'enlever une seule page du bottin pour être enfin à la bonne hauteur. Les sketchs sont nombreux encore et l'imagination de Victor Borge semblait sans limites.

Il avait monté également dans les années 60 un spectacle en duo avec le pianiste Leonid Hambro. Une vidéo les montre tous deux interpréter de manière on ne peut plus loufoque la Rhapsodie n° 2 de Franz Liszt, un grand classique du comique dédié à la musique. Il ne manquait pas non plus d'impliquer le public dans ses numéros, toujours à la recherche d'un impact efficace avec ses spectateurs qui se prenaient au jeu inévitablement. Le fait d'avoir fait un duo avec Rolph, le célèbre chien pianiste du « Muppet Show » avait consacré Victor Borge comme l'un des plus grands humoristes de son temps.

Ce que nous laisse Victor Borge

Presque 25 ans après sa mort, la mémoire de Victor Borge reste bien vivante. Il laisse à la postérité une très grande quantité d'œuvres et de documents divers. Sa célébrité lui a apporté de nombreuses distinctions dans divers pays et une statue a été érigée à sa mémoire en 2000 au « Victor Borge Hall » de New-York. Une société de production cinématographique danoise a annoncé en 2018 le projet d'un film sur la vie de l'humoriste. Sa discographie très variée compte une cinquantaine de références. Une dizaine de films et quatre livres complètent abondamment son œuvre.

Ainsi vécu pleinement cet artiste au mille talents venu des terres nordiques de l'Europe, que ses compatriotes danois avaient surnommé « The Clown Prince of Denmark » (Le Prince-clown du Danemark) comme un clin d'œil humoristique à « Crown Prince » (Prince héritier).

Victor Borge repose auprès de son épouse Sanna au cimetière de Greenwich entouré d'une statue de la petite sirène assise sur un petit rocher comme dans le port de Copenhague.

Crédit photographique : Victor Borge ©

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