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Au Festival d’Avignon, la conférence dansée toute en poésie de Martine Pisani et Michikazu Matsune

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Avignon. La Collection Lambert. 15-VII-2023. Michikazu Matsune en dialogue avec Martine Pisani : Kono atari no dokoka. Lumière : Ludovic Rivière. Vidéo : Michikazu Matsune, Maximillian Pramatarov. Conseil artistique : Miwa Negoro, Ludovic Rivière, Anne Lenglet. Régie vidéo : Anne Lenglet. Traduction pour le surtitrage : Marion Schwartz. Avec : Theo Kooijman, Michikazu Matsune, Martine Pisani

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Cette 77e édition du festival d'Avignon est l'occasion pour de grands chorégraphes de célébrer leur carrière avec brio et réussite. Si Olivier Dubois revisite soixante créations dans un one man show délicieux, aborde la valse de la mémoire dans une conférence dansée d'une grâce inouïe.

, chorégraphe française, ayant commencé sa carrière dans les années 80, au moment des débuts de Maguy Marin ou des venues régulières de Pina Bausch au Théâtre de la Ville, se livre à une performance éminemment poétique à la Collection Lambert. Accompagnée de son acolyte et du performeur japonais , elle retrace des décennies de carrière, entravée depuis quelques années par une maladie qui empêche ses mouvements. La chorégraphe et le performeur se sont rencontrés à plusieurs reprises avant d'envisager ce travail de mémoire, parfois commune. Tous deux originaires de villes portuaires (Marseille pour elle et Kobe pour lui), les complices se cherchent des points communs, de leurs enfances sur la plage au chant des cigales qui a bercé leurs vies.

Le spectacle prend la forme d'une conférence loufoque où le parcours de chacun est exposé, soutenu, par moments, par des extraits vidéos projetés sur un grand panneau occupant tout le côté jardin de la scène. Des spectacles sont diffusés, des photos de famille, des poèmes (japonais ou français). À jardin, le trio prend place autour d'une table et s'en détache pour danser ou pour marquer un pas de côté gracieux, sans rapport apparent avec le discours. Ce dispositif n'est pas sans rappeler certaines scènes de Senses du cinéaste Ryusuke Hamaguchi. Les paroles sont posées, les moments chorégraphiques distillés avec justesse, la présence de irradie : des haïkus sur l'écran à la construction patiente d'une minuscule table, visseuse en main, tout est délicat, pesé, simple et surtout, vrai.

Les histoires personnelles rejoignent la grande histoire (le séisme de Kobe en 1995) ou l'histoire de la danse (celle de la Nouvelle danse a fortiori). s'enorgueillit d'avoir dansé le tango avec Pina Bausch (et on le comprend), raconte son exil viennois et Martine Pisani se laisse conter ses premières pièces et sa presque collaboration avec Claude Régy. Tout cela prend sens, ici et maintenant, et raconte cette danse qui leur est si chère. Une géographie se dessine, de la Fondation Cartier de Paris au musée Picasso en passant par Marseille, Vienne, Kobe et la Suède. Une constellation de lieux qui portent en eux le passé léger et euphorisant des expériences du corps, dont Yvonne Rainer incarne ici comme une origine possible.

Le corps de Martine Pisani est certes empêché, il vit, selon ses propres mots, dans ses créations par le corps de ses interprètes. Et pour retracer le début de cette folle aventure, s'interrogeant sans cesse sur le commencement des choses, Martine Pisani expose son attrait pour les déséquilibres, les chutes, les fragilités. Comme si ces thématiques de jeunesse contenaient en puissance cette histoire qui est la sienne, aujourd'hui. Ces questionnements et ces moments de vie sont l'occasion d'une réjouissante inventivité : de la célébration du presque rien (si cher à Jankélévitch), à la revendication d'une certaine douceur en passant par une cérémonie du thé loufoque, tout tient à l'intérieur d'une cohérence dramaturgique de l'absurde teinté de finesse et de véracité. Et c'est infiniment salutaire.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage

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Avignon. La Collection Lambert. 15-VII-2023. Michikazu Matsune en dialogue avec Martine Pisani : Kono atari no dokoka. Lumière : Ludovic Rivière. Vidéo : Michikazu Matsune, Maximillian Pramatarov. Conseil artistique : Miwa Negoro, Ludovic Rivière, Anne Lenglet. Régie vidéo : Anne Lenglet. Traduction pour le surtitrage : Marion Schwartz. Avec : Theo Kooijman, Michikazu Matsune, Martine Pisani

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