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Les Etudes de Philip Glass : et de neuf !

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Philip Glass (né en 1937) : Études pour piano. Maciej Gański, piano Steinway & Sons. 2 CD DUX. Enregistrés en septembre 2021. Notice de présentation en polonais et en anglais de 24 pages. Durée totale : 124:26

 
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C'est de Pologne, sous les doigts du pianiste , que souffle cette fois l'inspiration glassienne à son plus haut niveau.

A peine quelques mois après celle, très réussie, de François Mardirossian, voici une nouvelle intégrale (la neuvième en neuf ans !) des deux cahiers d'Études que composa sur une vingtaine d'années, de 1991 à 2012. Les Études sont considérées à ce jour comme l'auto-portrait (à son insu) d'un compositeur qui vient de fêter ses 86 ans. Cadeaux d'anniversaire des 50 ans du chef et ami Dennis Russell Davies, et des 75 ans de Glass, les vingt Études, dont l'ambition première était de perfectionner une technique pianistique, sont devenues, pages après page, et comme l'a très justement formulé  : « le journal intime de Philip » et même celui du « cours de la vie ». Leur popularité tient tout autant à la hauteur et la variété de leur inspiration (notamment un prégnant puits de mélodies inusables) qu'au fait que, comme l'a dit le compositeur : « tout le monde peut les jouer ». Tout le monde soit, mais quid des professionnels du piano ? , élève, entre autres, de Philippe Entremont, de Bernard Ringeissen, lauréat d'une vingtaine de prix prestigieux, professeur à Gdańsk, pianiste international, créateur de concertos contemporains (Miłosz Magin, Kamil Cieślik), s'inscrit de toute évidence dans le sillage d'une Vanessa Wagner dont la profession de foi sincère (« La musique de Glass a révolutionné ma vie de pianiste ») a envoûté récemment le public des récentes Traversées de Noirlac : Wagner et Gański, partagent, au-delà de leur familiarité avec Liszt et Rachmaninov, la même passion pour le pouvoir envoûtant de ces Études, et cela s'entend dans leur volonté de les doter de l'ampleur de leur Steinway respectifs.

Ce qui saute aux deux oreilles avec l'interprétation de , c'est l'évidence que cette musique, encore qualifiée de minimaliste, permet, à l'instar des grands classiques du genre, une multiplicité d'interprétations, Glass lui-même se disant aujourd'hui ravi qu'on ne la joue pas a tempo et que chaque interprète puisse y dévoiler à son tour son propre journal intime. Aussitôt qu'affirmée une Première en merveille de lisibilité, Gański s'autorise tout. L'étirement maximum de la Cinquième avec ses quatre minutes de plus que Mardirossian : est-ce pour faire durer le suspense de l'attente de la Sixième, définitivement la plus sensationnelle de toutes ? A l'opposé, la vélocité insolente de la Neuvième, la plus courte de la discographie (la moitié de la version Namekawa), la seule à pratiquer le saut de haies par-dessus les reprises, alors que partout ailleurs, il ne manque pas une note : un choix étrange qui peut s'expliquer peut-être l'impatience de passer au Second Cahier. La Huitième, réinventée, et irrésistible avec son allant inédit, se voit débarrassée de tout sentimentalisme facile. La Douzième pulse et bondit idéalement. Le recueillement vespéral de la Seizième, le concentré d'émotion de la Dix-septième, le geste crépusculaire de la Vingtième sont magnifiquement rendus.

La qualité du piano, la prise de son, alliés incontournables de toute interprétation des Études, rendent justice au jeu de Gański, aussi lyrique qu'analytique (les deux mains sont toujours perceptibles) et qui, au final, malgré les choix du jeune pianiste, affiche la même durée que la mythique version de (rappelons que celle de Nicolas Horwath, qui fit tant pour le piano de Glass en France, est la seule en un disque, en plus de faire entendre une Douzième qui ne ressemble à aucune autre, et d'offrir une introduction inédite à la Sixième). Même si nous gardons une tendresse indéfectible pour cette interprétation pionnière sous les doigts de celle qui est aussi une intime du compositeur, la vision de Gański invalide définitivement l'audacieuse autant qu'hilarante assertion du regretté Jacques Drillon (« Les Etudes de sont si cons qu'elles sont mortes ») et se hisse vers les sommets de la discographie. Comme nous l'écrivions pour Mardirossian, il reste difficile de choisir. Dans l'attente de la version Wagner, qui pourrait bien rebattre les cartes, il est clair que cette neuvième intégrale apporte encore du neuf.

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