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Paris. Palais Garnier. 21-VI-2023. L’Histoire de Manon. Ballet en trois actes d’après le roman de l’Abbé Prévost. Chorégraphie et mise en scène : Kenneth MacMillan, réglées par Karl Burnett. Musiques : Jules Massenet (1842-1912). Nouvel arrangement et orchestration : Martin Yates. Décors et costumes : Nicholas Georgiadis. Lumières : John B. Read. Avec : Myriam Ould-Braham, Manon ; Mathieu Ganio, Des Grieux ; Pablo Legasa, Lescaut ; Roxane Stojanov, la Maîtresse de Lescaut ; Florimond Lorieux, Monsieur de G. M. ; Katherine Higgins, Madame ; et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Pierre Dumoussaud
Pour clore la saison de ballet en beauté, l'Opéra National de Paris remonte, après huit années d'absence, L'histoire de Manon de Kenneth MacMillan, ce qui est l'occasion de plusieurs prises de rôle. Toutefois, la première n'a pas eu lieu le soir prévu, du fait d'une grève de dernière minute. C'est donc la deuxième distribution qui ouvre cette série de représentations.
Myriam Ould-Braham est une Manon qui relève de l'idéal dans ce rôle. Tant d'adjectifs viennent à l'esprit en la regardant. Le premier acte la montre pudique, réservée et ingénue. La sincérité de la danseuse se double de son apparente fragilité, mais avec la force acquise ces dernières saisons elle occupe une place incontestée parmi les Étoiles de l'Opéra. Il y a eu jadis des soirées où de menues failles techniques contrariaient l'enthousiasme du spectateur, ce qui n'est désormais plus le cas. Les spectacles se passent sans encombres, avec une assurance renouvelée de soir en soir. Le développement du personnage est orienté vers une innocence bafouée, sans la veulerie ou l'inconscience qu'appelle le personnage de Manon. Quand elle entraîne Des Grieux à jouer, il ne s'agit que d'un moyen pour se racheter d'un amour renié. Cet amour est empreint d'une retenue chaste, dans un troisième acte où Manon est le jouet des hommes malveillants.
Le couple que Myriam Ould-Braham forme avec Mathieu Ganio jouit d'une symbiose rare. L'entente entre les deux partenaires est totale, tant dans les difficultés inhérentes à la chorégraphie que dans les interactions entre les deux protagonistes. Les pas de deux du premier et du deuxième acte sont fabuleux car ils présentent la modulation progressive des émotions des personnages, passant d'une séduction puérile à la passion enfiévrée puis à l'abandon plein de confiance. La fluidité entre les deux danseurs est le reflet de leur complicité et démontre, s'il le fallait, leur complémentarité.
Mathieu Ganio, auquel manifestement le poids des ans ne pèse aucunement, est engagé dès le début de la pièce, peut-être de façon trop naïve et soudaine, dans des affects enflammés, laissant de côté les doutes liés au commencement des sentiments. Passée la première variation un rien raide et trop appliquée, l'engagement dans le personnage est total et peut-être trop univoque là où une progression aurait fait valoir des facettes variées du rôle. Mais il ne s'agit là que de péchés véniels tant la ferveur du troisième acte est brûlante de franchise.
Pablo Lagasa incarne Lescaut de façon absolument impeccable. Le frère de Manon est parfaitement rendu dans l'ambiguïté des rapports qu'il a avec Manon, à la fois attentif à elle et entremetteur. Jouisseur instantané, il s'enivre admirablement (dans la variation du second acte), mais confronté à ses erreurs, il explose d'effroi quand il est assassiné par Monsieur de G. M. Un portrait tout en physicalité avec ce qu'il faut de narquois et dédain pour marquer durablement l'esprit. Dans la même veine, Florimond Lorieux est un acteur de premier plan dans le rôle de Monsieur de G. M, tantôt levant avec mépris un sourcil, ou bien regardant en coin. Le travail de comédien, autour d'un personnage fielleux et libidineux qui frémit à la caresse d'une cheville, brosse un portrait finalement glaçant.
La maîtresse de Lescaut est dansée par la vigoureuse et tonique Roxane Stojanov et sa variation du premier acte fait valoir ses belles capacités techniques. Le corps de ballet, très en règle, permet à de jeunes recrues de se confronter à ce ballet, après avoir apprivoisé le langage de Kenneth MacMillan en début de saison avec Mayerling. Il est accompagné par la vivacité d'un Orchestre de l'Opéra qui fait miroiter un tapis chatoyant et néanmoins très accordé au rythme de la scène.
Crédit photographique : Myriam Ould-Braham, Mathieu Ganio © Svetlana Loboff / Opéra national de Paris
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Paris. Palais Garnier. 21-VI-2023. L’Histoire de Manon. Ballet en trois actes d’après le roman de l’Abbé Prévost. Chorégraphie et mise en scène : Kenneth MacMillan, réglées par Karl Burnett. Musiques : Jules Massenet (1842-1912). Nouvel arrangement et orchestration : Martin Yates. Décors et costumes : Nicholas Georgiadis. Lumières : John B. Read. Avec : Myriam Ould-Braham, Manon ; Mathieu Ganio, Des Grieux ; Pablo Legasa, Lescaut ; Roxane Stojanov, la Maîtresse de Lescaut ; Florimond Lorieux, Monsieur de G. M. ; Katherine Higgins, Madame ; et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Pierre Dumoussaud