La pianiste ukrainienne Anna Fedorova défend Rachmaninov et Silvestrov
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Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie de jeunesse, en ré mineur ; Concerto pour piano n° 3 en ré mineur, op. 30. Valentin Silvestrov (né en 1937) : The Messenger. Anna Fedorova, piano ; Sinfonieorchester St Gallen, direction : Modestas Pitrenas 1 CD Channel Classics. Enregistré au Tonhalle Theater St Gallien, Suisse, en novembre 2022. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 68:50
Channel ClassicsAnna Fedovora, trentenaire originaire de Kiev, s'est forgée en quelques années une belle réputation acquise lors de concerts mémorables et par ses enregistrements très remarqués, en particulier les Concertos n° 2 et n° 4 de Rachmaninov. Ce Concerto n° 3 confirme son affinité avec le grand pianiste et compositeur russe.
La Symphonie en ré mineur dite « de jeunesse », datée de 1891, en dit déjà long sur Sergueï Rachmaninov, jeune prodige âgé de 18 ans seulement. S'il est sans doute trop tôt pour la qualifier de chef-d'œuvre, il ne fait aucun doute que la maîtrise orchestrale est quasiment acquise mais que le souffle du génie et de l'inspiration ne demande qu'à s'imposer. Ce qui ne tardera pas, on le sait. Plus qu'un exercice d'élève doué, mais pratiquement oubliable au regard des œuvres de la maturité, elle porte l'espoir d'une forte individualité en gestation qui se manifestera dès 1895 avec la Symphonie n° 1 en ré mineur, op. 13.
L'Orchestre symphonique Saint Gall et son chef Modestas Pitrenas escortent et embellissent la prestation tonique de la jeune Ukrainienne Anna Fedorova dont la ferveur, le dynamisme et le toucher assuré rendent un hommage remarquable à cet immense Concerto pour piano n° 3 en ré mineur créé à New York par le compositeur en novembre 1909 sous la conduite de Walter Damrosch. Tous parviennent à faire rapidement oublier les rappels marqués à l'universel Concerto n° 2 et à façonner un parcours certes moins spontané et moins enflammé, en un mot moins romantique, mais hautement maîtrisé et d'une profondeur sonore dense et marquante. Traits qu'illustrent et maîtrisent avec conviction les musiciens dans le tonique Allegro ma non tanto et le lyrique Intermezzo – Adagio. Le Finale : Alla breve, de belle tenue générale, aurait bénéficié de davantage d'impétuosité et de luxuriance orchestrales, la soliste confirmant sa vaillance et son expertise. L'ample discographie du Concerto n° 3 reçoit un renfort appréciable certes, sans toutefois bousculer frontalement des interprétations superlatives, comme par exemple, celles de Mikhail Rudy accompagné par l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et Mariss Jansons (EMI, 1992) ou de Khatia Buniatishvili, avec l'Orchestre philharmonique tchèque placé sous la baguette de Paavo Järvi (Sony, 2016).
La pianiste aborde, avec The Messenger pour piano seul, le dernier Silvestrov avec une humilité et un dépouillement confondants parfaitement en adéquation avec l'atmosphère doucement éthérée, et épurée, proche de Mozart, qu'impose son compatriote aujourd'hui exilé en Allemagne. De ces quelques pages contemporaines de la disparition de son épouse Larissa (1996), Fedorova offre une lecture sobre voire déchirante.
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Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie de jeunesse, en ré mineur ; Concerto pour piano n° 3 en ré mineur, op. 30. Valentin Silvestrov (né en 1937) : The Messenger. Anna Fedorova, piano ; Sinfonieorchester St Gallen, direction : Modestas Pitrenas 1 CD Channel Classics. Enregistré au Tonhalle Theater St Gallien, Suisse, en novembre 2022. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 68:50
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