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Trois rares sonates pour violon et piano par des talents émergents des ICMA

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Béla Bartók (19881-1945) : Sonate pour violon et piano en mi mineur, op. posthume. Georges Enesco (1981-1955) : Sonate pour violon et piano n° 3 en la mineur, op. 25. Joseph Achron (1886-1943) : Sonate pour violon et piano n° 2, op. 45 (première mondiale). Tassilo Probst, violon ; Maxim Lando, piano. 2 CD Berlin Classics. Enregistrés du 21 au 23 décembre 2021 dans le concert hall de la Villa Marteau, à Lichtenberg, Allemagne. Notice de présentation en anglais et en allemand. Durée totale : 85:26

 

À tout juste 20 ans, et , respectivement pianiste et violoniste, viennent de remporter le Prix des International Classical Music Awards (ICMA) 2023 dans la catégorie musique de chambre avec leur double CD Into Madness.

Le programme est ambitieux, réunissant trois sonates pour violon et piano assez peu jouées et encore moins enregistrées. a 22 ans lorsqu'il écrit sa Sonate pour violon et piano en mi mineur (1903) comptant parmi ses premières œuvres importantes de musique de chambre. Si le style du compositeur n'est pas encore là, la puissance du geste d'un Brahms tout comme l'élégance mélodique d'un Strauss infiltrent l'écriture des trois mouvements. Les deux instruments y sont complémentaires, instaurant un bel équilibre au sein d'une écriture aussi généreuse que rigoureuse. Le violon de est solaire et rayonnant au côté d'un piano très enveloppant et d'une belle assise rythmique dans l'Allegro moderato (molto rubato). Amorcé par le chant du violon dans un médium grave à fleur d'émotion, l'Andante prend des allures de marche funèbre, adoptant, comme chez Beethoven, la forme du thème à variations. Les ressorts expressifs sont à l'œuvre via le jeu des deux instruments étroitement complices, dans l'énergie déployée comme dans les couleurs prodiguées. Le Vivace est enjoué et virtuose, bien loin de l'univers bartokien même si l'écriture qui s'y déploie témoigne d'un solide savoir-faire. Pour autant, l'effet d'accélération et l'empreinte rythmique n'est pas sans évoquer une certaine veine populaire. Le violon de brille de tous ses feux, élégant dans le geste et homogène dans le timbre. Il est soutenu, étoffé par un piano d'une grande fluidité dont fait respirer la phrase musicale tout en contrôlant ses sonorités.

La Sonate pour violon et piano op.25 de 1926 est la dernière des trois sonates écrites par pour le duo instrumental. « Dans le caractère roumain », note le compositeur qui puise aux sources du folklore pour mieux le réinventer de l'intérieur. Rhapsodique et d'une belle éloquence sous le geste des instrumentistes, le premier mouvement Moderato malinconia met en vedette un violon d'une grande sensualité dont le chant aux inflexions tziganes est commenté avec finesse par le piano. Le deuxième mouvement, Andante sostenuto e misterioso, explore un registre sonore très original, cantonnant souvent le piano dans l'aigu de ses sons harmoniques. Le geste est libre et toujours inattendu, donnant à entendre des sons de nature (cris d'oiseau) et autres manifestations d'extérieur avec une riche palette de couleurs. Allegro con brio, ma non troppo mosso, précise le compositeur dans un dernier mouvement empruntant aux rythmes et mélos populaires. L'écriture y est aussi exigeante que virtuose, restituée avec panache par les deux partenaires dont l'élan communicatif porte ce final éblouissant vers des sommets.

Beaucoup moins connue, la Sonate pour violon et piano n° 2 op.45 du compositeur et violoniste russe (exact contemporain de Bartók et ami de Schönberg) fait l'objet d'un enregistrement en première mondiale. Né dans l'Empire russe et de confession juive, Achron émigre aux États-Unis en 1925 et meurt à Hollywood en 1943. Sa sonate est en quatre mouvements, « une pièce folle », aux dires du violoniste, dans laquelle s'engagent les deux artistes avec le même enthousiasme. Giocondo (Espiègle), le premier mouvement, ne leur laisse guère de répit, traversé d'un sentiment d'urgence qui tend le discours jusqu'aux dernières mesures. Misterioso e fantastico fait davantage chanter le violon souvent traité en double cordes. Inscrit sur les résonances du piano, il assume la trajectoire d'une musique obsessionnelle qui ressasse les mêmes figures. Entre deux volets d'une impeccable précision, Burla (allegro) donne à entendre en son centre une mélodie ciselée, un bijou aussi délicat qu'éphémère dans l'interprétation des deux artistes. L'écriture de Focoso (Enflammé) redouble de rigueur avec l'exposition d'une fugue à quatre voix (comme chez Bartók) au sein d'une écriture polystylistique qui déjoue sans arrêt les attentes de l'auditeur. Mais rien n'inquiète nos deux interprètes se pliant à toutes les excentricités de l'écriture avec une maîtrise du jeu et une plénitude du son confondantes.

Clarté de l'articulation, vivacité du trait, équilibre des forces et plasticité du geste s'exercent avec un rare bonheur chez nos deux musiciens dont il faut saluer la qualité du son et l'écoute mutuelle portant très haut l'interprétation des trois sonates de cet enregistrement.

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Béla Bartók (19881-1945) : Sonate pour violon et piano en mi mineur, op. posthume. Georges Enesco (1981-1955) : Sonate pour violon et piano n° 3 en la mineur, op. 25. Joseph Achron (1886-1943) : Sonate pour violon et piano n° 2, op. 45 (première mondiale). Tassilo Probst, violon ; Maxim Lando, piano. 2 CD Berlin Classics. Enregistrés du 21 au 23 décembre 2021 dans le concert hall de la Villa Marteau, à Lichtenberg, Allemagne. Notice de présentation en anglais et en allemand. Durée totale : 85:26

 
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