Vers une intégrale Haendel par Leonardo García Alarcón ?

Troisième oratorio anglais enregistré par le Chœur dechambre de  Namur, le Millenium Orchestra et Leonardo García Alarcón, l'ouvrage Semele a déjà été particulièrement bien servi au disque. Avec sa belle distribution et sa direction allante et enlevée, cette nouvelle version, lauréat des ICMA, n'aura aucun mal à trouver ses adeptes.

Ce nouvel enregistrement de l'opéra-oratorio de Haendel est le reflet d'un concert donné au festival de Beaune en juillet 2021, et chroniqué dans nos colonnes. Après Samson et Judas Maccabaeus, en attendant Solomon qui s'annonce, il semblerait bien que Leonardo García Alarcón nous mijote une future intégrale des oratorios anglais de Haendel, et nous avons tout lieu de nous en réjouir.

C'est avec le plus grand bonheur que l'on retrouve les instrumentistes du Millenium Orchestra et le Chœur de chambre de Namur, toujours aussi solides et convaincants. On trouvera ailleurs des versions aux fastes vocaux plus affirmés (John Nelson, Johannes Somary) ou à la théâtralité plus exacerbée (les deux versions Gardiner), mais cette proposition, emmenée par une battue cohérente et énergique dramatiquement, ne souffre aucun point faible. Elle est dominée par le couple vedette, avec dans le rôle-titre une Ana Maria Labin au timbre de rose, virtuose dans ses vocalises et dardant quelques suraigus moelleux et pulpeux à souhait. Son partenaire le ténor Matthew Newlin a lui aussi, pour Jupiter, les moyens de son rôle, même si son chant peut parfois paraître un rien monochrome. Tout le contraire pour la mezzo-soprano Dara Savinova qui parvient à caractériser parfaitement les deux personnages dont elle a la charge, l'altière Junon et la jeune Ino, sœur et rivale de Sémélé. Lawrence Zazzo donne quelques signes d'usure en Athamas, mais Andreas Wolf, dans le triple rôle de Cadmus, Somnus et du Grand prêtre, déploie avec ferveur et musicalité de somptueux moyens. Dans des parties moins développées, très belles prestations également de la part des sopranos clairs et lumineux de Chiara Skerath et Gwendoline Blondeel. Une version sans maillon faible, qui n'aura aucun mal à se hisser au sommet de la discographie.