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Yunchan Lim à la Fondation Vuitton pour son premier récital en France

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Paris. Fondation Louis Vuitton, Auditorium. 02-II-2023. John Dowland (1563-1626) : Pavane Lachrimae, P.15 ; arrangement de William Byrd. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : 15 dreistimmige Inventionen, Sinfonias BWV 787-801. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : 7 Bagatelles, op.33. Eroica-Variationen, op.35. Yunchan Lim, piano.

Premier Prix évident du Concours Van Cliburn 2022 dès la demi-finale, fait sa première apparition en France à l'Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, pour un programme de pièces relativement peu données de Bach et Beethoven, devant un parterre de fans.


À peine lancé sur la scène internationale, le Sud-coréen doit assumer de ses dix-huit ans un engouement rare autour de sa personne, expliquant que ce jeudi de début février, plus de 80% du public qui compose l'Auditorium de la Fondation Vuitton – complet depuis le premier jour de l'annonce du concert – est constitué de Sud-coréens et plus particulièrement de jeunes Sud-coréennes, d'un calme indiscutable pendant les pièces, mais véritables groupies aux saluts.

Au moins cela rappelle-t-il que la musique classique reste avant tout de la musique, et donc une affaire d'émotion, bien que soit loin de proposer les sons électro ou pop de certains de ces confrères, pour au contraire présenter lors de son premier récital en France un programme ouvert par une œuvre de Dowland et achevé par une transcription de « Jésus, Que ma Joie demeure » de Bach en troisième bis. Très calme, la Pavane Lachrimae P.15, écrite par le compositeur anglais pour luth et transcrite pour clavecin par son contemporain William Byrd, trouve une superbe finesse sous les doigts du pianiste, ensuite aussi réservé dans un ouvrage de Bach rarement interprété en public : les 15 dreistimmige Inventionen Sinfonias BWV 787-801 présentées sans les 15 Inventions qui les précèdent.

Composées à but éducatif pour son fils Wilhelm Friedemann, ces pièces à trois voix qui touchent tous les tons de la gamme diatonique et deux en bémol (si et mi), en alternance majeur et mineur, permettent de profiter de la partie intimiste du jeu d'un pianiste victorieux au Concours Van Cliburn avec les beaucoup plus dynamiques Études d'Exécution Transcendante (demi-finale) et le 3ème Concerto de Rachmaninov (finale). D'un caractère aérien, le doigté manque cependant d'un peu de poids pour totalement passionner, dans ces œuvres plus faites pour être jouées chez soi qu'au concert.

En seconde partie, l'intégralité du programme est dévolue à Beethoven, sans pour autant arborer ses partitions les plus célèbres, puisqu'il se compose de 7 Bagatelles opus 33 et des Eroica-Variationen opus 35, ces dernières au thème surtout entendu à l'orchestre, puisqu'il sert de matériau à la 3ème Symphonie, elle aussi Héroïque par la même occasion. Bien contrastées, les Bagatelles maintiennent toutefois un style léger, porté par une impressionnante facilité du doigté, même dans la n°2 (Scherzo) et son soutien de la main gauche avec une partie grave joliment grondeuse, et dans la 5ème (Allegro ma non troppo) et son long arpège suivi d'une technique de mains croisées parfaitement maîtrisée.

Enchaînées directement après une courte reconcentration de Yunchan Lim, dont le dernier accord peu marqué de la Bagatelle n°7 a permis de ne pas déclencher les applaudissements, les Variations Héroïques retrouvent exactement le même style de la part du pianiste, moins mature et moins prêt à accentuer certaines parties que d'autres grands pianistes, bien plus habitués aux facéties beethovéniennes. Passée une introduction pour exposer le thème puis faire entrer deux, trois (la célérité de main droite !) et quatre voix, les variations s'enchaînent avec un équilibre et une sonorité toujours superbement aérée, juste encore un peu légère pour parvenir à développer toute la puissance du discours.

Très applaudi par une salle conquise d'avance et peu calmée par l'atmosphère méditative du lieu à la superbe fontaine en escalier extérieure, Yunchan Lim offre trois bis, le premier et le troisième de Bach dans des transcriptions ultérieures pour piano et entre les deux, un superbe Liebesträum de Liszt. On attend maintenant le jeune prodige avec orchestre la saison prochaine !

Crédits photographiques : © Fondation Louis Vuitton / Martin Raphaël Martiq

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Paris. Fondation Louis Vuitton, Auditorium. 02-II-2023. John Dowland (1563-1626) : Pavane Lachrimae, P.15 ; arrangement de William Byrd. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : 15 dreistimmige Inventionen, Sinfonias BWV 787-801. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : 7 Bagatelles, op.33. Eroica-Variationen, op.35. Yunchan Lim, piano.

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