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Limoges. Opéra. 31-I-2023. François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : La dame blanche, opéra-comique en 3 actes sur un livret d’Eugène Scribe d’après Welter Scott. Mise en scène : Pauline Bureau. Dramaturgie : Benoîte Bureau. Décors: Emmanuelle Roy. Costumes : Alice Touvet. Lumières : Jean-Luc Chanonat. Vidéo : Nathalie Chabrol. Magicien : Benoît Dattez. Avec : Julien Dran, Georges Brown ; Mélissa Petit, Anna ; Jean-Luc Ballestra, Gaveston ; François Rougier, Dickson ; Sophie Marin-Degor, Jenny ; Cécile Galois, Marguerite ; Edouard Portal, Mac-Irton. Chœur de l’opéra de Limoges (chef de chant : France Desneulin) et orchestre de l’opéra de Limoges : Fayçal Karoui
Après une série de représentations à la salle Favart à Paris en 2020, La Dame blanche de Boieldieu devait faire une halte à l'Opéra de Limoges. Las, le COVID est passé par là et il a fallu attendre 2023 pour que le public limougeaud redécouvre ce pilier de l'opéra-comique du XIXᵉ siècle, après une version remaniée en livestream en 2021.
Adapté de Walter Scott (pape du roman historique écossais) par Eugène Scribe en 1825, la Dame blanche est le plus grand succès de la carrière de Boieldieu est l'un des piliers du répertoire de l'opéra-comique du XIXᵉ siècle avant de disparaître en 1926.
Un rien suranné, ce répertoire que l'on redécouvre aujourd'hui peut décontenancer par son esprit léger et galant allié au romantisme naissant, mais à y regarder de plus près, le livret offre un personnage féminin plus intéressant et complexe qu'il n'y paraît.
La metteuse en scène Pauline Bureau ne cherche pas à moderniser, réinterpréter, sociologiser les aventures de Georges Brown et d'Anna dans cette histoire de récupération de patrimoine par les derniers représentants d'une vielle famille dans la lande écossaise. Elle joue la carte de la reconstitution « premier degré » de l'esprit « troubadour » et « gothique » (le château médiéval et costume d'époque) avec en prime la magie (avatar de la dame blanche, effets spéciaux de Benoît Dattez) voulue par Eugène Scribe pour séduire le public parisien de l'époque. C'est simple, efficace, assez esthétique grâce notamment aux superbes lumières de Jean-Luc Chanonat et suffisamment distrayant.
Ce spectacle bénéficie par ailleurs d'une troupe de chanteurs enthousiasmante, que ce soit par la qualité du chant que par l'investissement scénique. La palme revient à Julien Dran, Georges Brown obsédé par sa dame blanche et qui en oublie le bon sens et la réflexion pour composer un personnage charmant et séducteur, un peu dépassé par les évènements. Sa voix de ténor claire mais puissante lui permet d'affronter les péripéties vocales du rôle sans perdre de vue le legato. Les aigus sont dardés avec vaillances et alterne avec des mezza voce impressionnants de maîtrise. On ne s'ennuie pas avec ce Georges là.
Anna ou la dame blanche trouvent en la voix onctueuse et bien calibrée de Mélissa Petit, une ambassadrice de premier choix. Virtuose dans les aigus et les notes piquées, magnifiquement timbrée et souple dans la prière du III « je vous revois enfin », elle impose un personnage maîtresse du récit, dominant l'histoire et la partition.
Jean-Luc Ballestra est un Gaveston ténébreux, au timbre de basse chaud et profond. Après une première intervention un peu froide, la voix se chauffe et retrouve son autorité pour ce personnage de méchant prédateur immobilier !
Le duo comique composé par François Rougier (Dickson) et Sophie Marin-Degor (sa femme Jenny) est enthousiasmant par une sorte d'inversion des rôles atypique qu'il propose. Monsieur joue les ingénus un peu couard avec une très belle voix de ténor parfaitement conduite quand elle impose une femme portant la culotte au moyen d'un soprano puissant et parfaitement dosé dans ses effets (la soprano était déjà présente dans la distribution de l'Opéra Comique).
Le mezzo de Cécile Galois est impressionnant d'autorité et même si on a parfois le sentiment que la voix se dérobe un peu dans le registre inférieur (la scène du rouet), elle subjugue par son timbre et ses talents de conteuse et n'a aucune difficulté à rendre attachant et drôle le personnage secondaire de Marguerite.
Le chœur de l'Opéra de Limoges (dont fait partie le drolatique Mac-Irton d'Edouard Portal) est un personnage à part entière et assume parfaitement la précision et les cadences de sa partition. Fayçal Karoui dirige l'orchestre de l'opéra en regardant davantage vers le bel canto rossinien que vers Weber ce qui donne beaucoup de légèreté à cette partition admirée en son temps par Wagner. Dans les passages plus mélancoliques, il distille toutefois beaucoup de couleurs et de densité pour ne pas perdre de vue le caractère magique et surnaturelle qui a fait le succès de cette œuvre.
Crédit photographique : © Steve Barek
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Limoges. Opéra. 31-I-2023. François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : La dame blanche, opéra-comique en 3 actes sur un livret d’Eugène Scribe d’après Welter Scott. Mise en scène : Pauline Bureau. Dramaturgie : Benoîte Bureau. Décors: Emmanuelle Roy. Costumes : Alice Touvet. Lumières : Jean-Luc Chanonat. Vidéo : Nathalie Chabrol. Magicien : Benoît Dattez. Avec : Julien Dran, Georges Brown ; Mélissa Petit, Anna ; Jean-Luc Ballestra, Gaveston ; François Rougier, Dickson ; Sophie Marin-Degor, Jenny ; Cécile Galois, Marguerite ; Edouard Portal, Mac-Irton. Chœur de l’opéra de Limoges (chef de chant : France Desneulin) et orchestre de l’opéra de Limoges : Fayçal Karoui