Alexandre Kantorow joue Tchaïkovski avec l’Orchestre de Paris
Plus de détails
Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 11-I-2023. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Concerto pour piano n°2 en sol majeur, op. 44. Alexandre Kantorow, piano. Hommage à Philippe Aïche : Jean Sibelius (1865-1957) : Valse triste, op. 44 n°1. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Concerto pour violon en ré majeur op.35 ; Romance (2ème mouvement), enregistrement de 2007 avec Christoph Eschenbach et Philippe Aïche. Leonard Bernstein (1918-1990) : West Side Story, Danses symphoniques n°2, 3, 5 & ; 9. Richard Strauss (1864-1949) : Der Rosenkavalier, Valse. Richard Wagner (1813-1883) : Tristan und Isolde, Liebestod. Orchestre de Paris, direction : Jukka-Pekka Saraste
D'un programme prévu pour Alexandre Kantorow dans le 2e Concerto de Tchaïkovski avant la 4e Symphonie de Chostakovitch, l'Orchestre de Paris modifie la seconde partie pour rendre hommage à son premier violon Philippe Aïche, décédé le 20 octobre dernier.
Déjà magistral cet été à la Roque d'Anthéron, Alexandre Kantorow emporte encore plus loin le Concerto pour piano n°2 de Tchaïkovski à la Philharmonie de Paris en ce début d'année. Moins en accord avec la vision plus sage de Jukka-Pekka Saraste qu'il ne l'était six mois auparavant avec la fougue d'Aziz Shokhakimov, le pianiste français s'engouffre à nouveau dans la partition par un jeu percussif parfaitement adapté, par lequel il enflamme l'Allegro brillante dès son entrée.
Très intéressant dans la transition orchestrale au tiers du mouvement, Saraste applique avec l'Orchestre de Paris des sonorités touffues plus en lien avec l'Europe du Nord que le style russe, sans pour autant dénaturer le propos, en plus de se servir avec justesse de la plupart des éléments de l'Orchestre de Paris, à commencer par ses vents. La cadence reste cependant le plus grand moment de l'interprétation, d'autant que pour cette soirée en hommage à Philippe Aïche, on regrette évidemment l'absence de l'ancien premier violon au mouvement médian, l'Andante non troppo trouvant encore trop peu de poids sous le violon d'Eiichi Chijiwa. Et cela malgré le vibrato déployé pour répondre en trio au splendide violoncelle d'Éric Picard, puis à l'exceptionnel piano de Kantorow. Le thème principal du second mouvement magnifié, le pianiste peut libérer à nouveau toute sa puissance dans l'Allegro con fuoco, d'une amplitude de jeu à l'égale de la célérité et de l'extrême agilité du doigté pour exalter les arpèges les plus compliqués. Jamais avare en bis, Kantorow remercie le public avec deux pièces, dont la première semble être nouvelle à son répertoire, d'autant qu'il s'aide encore de la partition. Avec déjà une étonnante maturité, il interprète l'Intermezzo en la majeur op. 118/2 de Brahms, avant de revenir pour une Canciones de Mompou, jouée sans la Danza prévue pour s'y accoler.
En seconde partie de soirée, la Symphonie n°4 de Chostakovitch initialement programmée est annulée – elle sera donnée le lendemain – afin de rendre un hommage marqué à celui qui fût premier violon de l'Orchestre de Paris pendant plus de trente années, cinq ans après être arrivé dans la formation, en 1985. Un an après le départ à la retraite de Roland Daugareil en 2021, Philippe Aïche mourrait en octobre dernier d'une tumeur au cerveau contre laquelle il se battait depuis de nombreux mois, laissant la place de violon solo libre pour un prétendant encore non trouvé. Alors, c'est par un programme libre que son orchestre rend mémoire au violoniste, avec pour commencer une Valse Triste de Sibelius superbement emmenée par Saraste, cette œuvre ayant été jouée au Japon lors de la tournée de l'orchestre le jour de l'annonce de la mort d'Aïche.
Un discours de l'ancien directeur de la Philharmonie Laurent Bayle émeut ensuite profondément l'audience, totalement silencieuse pour écouter juste après l'enregistrement audio de 2007 de la Romance du Concerto de Korngold par Philippe Aïche sous la direction de Christophe Eschenbach. Puis Saraste resté discrètement assis sur le côté se relève pour interpréter quatre Danses Symphoniques tirées de West Side Story de Bernstein, enchaînées à la Valse du Chevalier à la Rose de Richard Strauss. Le Liebestod tiré de Tristan und Isolde de Wagner conclut l'hommage avec une clarinette basse et une clarinette sensibles, puis un orchestre concerné jusqu'aux ultimes instants.
Crédits photographiques : © ResMusica (Concert) & © OdP (Philippe Aïche)
Plus de détails
Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 11-I-2023. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Concerto pour piano n°2 en sol majeur, op. 44. Alexandre Kantorow, piano. Hommage à Philippe Aïche : Jean Sibelius (1865-1957) : Valse triste, op. 44 n°1. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Concerto pour violon en ré majeur op.35 ; Romance (2ème mouvement), enregistrement de 2007 avec Christoph Eschenbach et Philippe Aïche. Leonard Bernstein (1918-1990) : West Side Story, Danses symphoniques n°2, 3, 5 & ; 9. Richard Strauss (1864-1949) : Der Rosenkavalier, Valse. Richard Wagner (1813-1883) : Tristan und Isolde, Liebestod. Orchestre de Paris, direction : Jukka-Pekka Saraste