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L’amour dans la vie et l’œuvre de Richard Wagner. Michel Laury. Editions Amalthée. 279 pages. 21,50€. 2022
Le titre de ce nouvel ouvrage, L'amour dans la vie et l'œuvre de Richard Wagner, apparaît presque comme une évidence.
Regarder par le prisme de l'amour la vie turbulente de Richard Wagner explique la hauteur de son œuvre pareil à un phénomène de la nature. Dans ce texte analytique, Michel Laury aborde cette question en retenant surtout « sa manière inégalable de vivre et de représenter l'amour sous toutes ses formes et dans toutes les situations. » S'ensuit la liste des formes de l'amour présent dans l'expérience vécue du musicien, la première et la plus prédominante étant celle de l'amour maternel, source qui versera son parfum œdipien sur de tous les autres.
Au préalable, l'auteur donne le décor dans laquelle se déroule cette vie d'exception, marquée par une absence d'amour. Le XIXe siècle, avec sa réaction à la Révolution française, ses poètes romantiques, ses philosophes et sa fuite en avant par le bouddhisme, crée d'autres horizons où le grand Wagner puise ses idées. Le manque d'amour met le compositeur à la recherche de l'âme sœur. Comme le Hollandais, il revient à des intervalles réguliers pour trouver celle qui lui restera fidèle jusqu'à la mort. Les amours adolescentes, le mariage précoce, l'amitié, la passion, la folie, l'idolâtrie et le rêve, Wagner les connaîtra tous et les enfouira dans son œuvre.
Michel Laury les analyse systématiquement et souligne leur présence dans chacun de ses opéras, pas à pas, acte par acte, scène par scène. La gamme est large entre l'amour de la patrie de Rienzi jusqu'à l'amour de Dieu dans Parsifal. Chaque fois, l'idéal wagnérien nous rappelle le dépassement de soi.
Au sujet de Tristan et Isolde, Michel Laury écrit : « C'est dans la musique envoûtante du 2e acte que l'on peut trouver l'amour fou que Richard avait pour Mathilde […] Le texte du duo de ce 2e acte aurait été écrit par Mathilde, ce qui serait une chose pratiquement unique dans l'œuvre de Wagner. » Pour avoir consacré un livre à ce sujet précis (« Mathilde Wesendonck ou le rêve d'Isolde », Actes Sud, 1990), je m'inscris en faux à cette proposition. Rien dans les recherches les plus poussées ne permet de supposer que le texte aurait pu être écrit par Frau Wesendonck, dont les poèmes « Im Treibhaus » et « Schmerzen » appelés traditionnellement « études pour Tristan » n'ont strictement rien en commun avec le dialogue des amants de l'acte 2. C'est plutôt le contraire : Wagner aurait laissé de côté les textes poétiques de Mathilde et utilisé seulement la musique qu'il avait composé pour eux. Processus logique.
Quant à l'Anneau du Nibelung, Wagner démonte le mécanisme des amours exaltées ou fatiguées entre l'homme et la femme. Il élargit le sujet jusqu'au seuil de la métaphysique : après le Crépuscule des dieux, Wagner annonce ce qu'on appelle la « rédemption par l'amour. » Tout rentre dans l'ordre et l'action cyclique du Ring nous projette dans un avenir meilleur.
Le livre de Michel Laury ouvre aussi un chemin à parcourir à travers l'œuvre de Wagner sur la condition de l'homme ici-bas.
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L’amour dans la vie et l’œuvre de Richard Wagner. Michel Laury. Editions Amalthée. 279 pages. 21,50€. 2022
Editions Amalthée