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Don Giovanni par la case René Jacobs II

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Paris. Salle Pleyel. 28-X-2006. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Version de concert. Avec : Johannes Weisser, Don Giovanni ; Lorenzo Regazzo, Leporello ; Olga Pasichnyk, Donna Anna ; Kenneth Tarver, Don Ottavio ; Alexandrina Pendatchanska, Donna Elvira ; Sunhae Im, Zerlina ; Nikolay Borchev, Masetto ; Alessandro Guerzoni, le commandeur. Jeune chœur de Paris (chef de chœur : Piers Maxim), Freiburger Barockorchester, direction : René Jacobs.

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La tournée européenne pendant laquelle présente alternativement le Don Giovanni de Mozart dans la version de la création à Prague en 1787et de sa reprise à Vienne en 1788, faisait ces 28 et 29 novembre escale à la Salle Pleyel.

Excellente occasion de rafraîchir nos oreilles contemporaines, habituées à entendre le plus souvent un mixage des deux. Quelles en sont les principales différences ?

Pour faire court, Don Ottavio possède un seul air pour chacune des deux versions, « Il mio tesoro » dans l'acte I à Prague et « dalla sua pace » dans l'acte II à Vienne, l'air de Leporello « Ah pieta » fut remplacé lors de la reprise viennoise par un duo bouffe entre lui et Zerline « Per queste tue manine », et le « Mi tradi » fut rajouté pour Vienne. De nos jours, on a tendance à privilégier une version mixte, ne pouvant se décider à choisir entre les beautés des deux airs de ténor ou à se passer du splendide air de Donna Elvira. Le duo quant à lui n'est presque jamais proposé (on l'a entendu pourtant cet été au festival de Saint-Céré).

A la salle Pleyel, était donc proposée le samedi la version de Prague, que nous avons entendue, le dimanche celle de Vienne, précédemment chroniquée à Bruxelles par notre confrère Pierre-Jean Tribot. On s'avoue très gênée par l'acoustique de la salle Pleyel restaurée. En effet, si l'orchestre sonne magnifiquement, si on ne perd pas une miette des interventions des différents pupitres, les voix sont assourdies, enveloppées d'une sorte de halo, manquant de netteté. Il est incroyable par exemple que l'on ait peine à entendre la Donna Elvira de la volcanique  ! Et pourtant le fait est là, les graves ont disparus, le timbre sauvage de la soprano, qui d'habitude fascine ou irrite, c'est selon, ne passe pas la rampe. Pour l'avoir entendu dans le même rôle l'an dernier au Théâtre des Champs-Élysées, on sait combien son Elvira est différente de la bouillie vaguement discernée lors de ce concert. Autre interprète que l'on peut comparer avec lui-même, , qui s'en tire mieux. Son Leporello pas uniformément comique possède ampleur et autorité.

Le rôle-titre était distribué au très jeune , né en 1980, en partie par référence au créateur du rôle à Prague, qui n'avait que 21 ans. La partition ne pose aucun problème au jeune homme, qui possède toutes les notes de Don Giovanni…mais pas encore le métier qui lui aurait permis de faire ressortir le coté carnassier, magnétique, séducteur, du libertin. Le chant est bien conduit, mais à aucun moment le personnage ne fascine. Cela viendra, avec l'expérience.

De ce qu'on peut distinguer, est une excellente Donna Anna, sûre dans les vocalises comme dans les aigus, filant de jolis piani, et dessinant une jeune femme plus douce et tendre qu'à l'accoutumée. Son fiancé était interprété par , remplaçant , souffrant. On avoue avoir du mal à comprendre l'engouement actuel de ce chanteur auprès du public parisien. La voix est petite, blanche, serrée. Don Ottavio nécessite plus de virilité que ce personnage falot et appliqué.

Dans sa très intéressante interview insérée dans le programme et également téléchargeable sur le site de la Salle Pleyel, affirme que la voix de Zerline doit être « légère et pétillante ». Cette opinion est tout à fait valable, mais était-il nécessaire de confier le rôle à une soprano pointue à la voix de soubrette, qui ne donne ni chair ni âme à son personnage, et dont la prestation sans couleur ressemble plus ou moins à un examen de sortie du conservatoire ?

La distribution était complétée par un excellent Masetto () et un impressionnant commandeur (Alessandro Guerzoni). Tous les chanteurs évoluaient sur le plateau dans une mise en espace légère, qui donnait de la vie à la représentation.

Le sonne admirablement, et l'orchestre de scène était vraiment magnifique. a effectué un travail de recherche sur les tempi, assez différents de ceux généralement en usage, au point que l'on se demande parfois si le chef ne bouscule pas nos habitudes uniquement dans le but d'imprimer sa marque de fabrique à l'interprétation. C'est plutôt séduisant…sauf lors de certains changements brutaux, l'orchestre se mettant sans transition à galoper soudainement ou au contraire à étirer brusquement les notes, déstabilisant aussi bien l'auditoire que les chanteurs.

Si, dans ce répertoire, les ornementations sont de bon aloi, abondance de bien risque de nuire ! On a ainsi trouvé le continuo (pianoforte, et parfois violoncelle) inutilement bavard et envahissant. De même, les chanteurs se lançaient parfois dans de longues et bizarres variations parfaitement superfétatoires. Le plaisir de la fioriture est justement dans la petite note ajoutée là où on ne l'attendait pas et qui passe si vite qu'on aurait envie d'y revenir !

En résumé, un concert où rien n'était vraiment mauvais, mais rien n'était excellent non plus. Mention passable.

Crédit photographique : © DR

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Paris. Salle Pleyel. 28-X-2006. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Version de concert. Avec : Johannes Weisser, Don Giovanni ; Lorenzo Regazzo, Leporello ; Olga Pasichnyk, Donna Anna ; Kenneth Tarver, Don Ottavio ; Alexandrina Pendatchanska, Donna Elvira ; Sunhae Im, Zerlina ; Nikolay Borchev, Masetto ; Alessandro Guerzoni, le commandeur. Jeune chœur de Paris (chef de chœur : Piers Maxim), Freiburger Barockorchester, direction : René Jacobs.

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