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Les solos et duos de la galaxie Lemaître

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Dominique Lemaître (né en 1953) : À l’oreille du ciel, pour alto ; Kaléidoscope, pour glockenspiel et vibraphone ; Vif-argent, pour deux harpes ; Orange and Yellow, pour deux altos ; Ptah, pour clarinette basse ; Fliessend, pour vibraphone et piano ; Aeon, pour clarinette et alto ; Nyx, pour orgue. Alain Celo, alto ; Vincent Roth, alto ; Maria Vasquez, glockenspiel ; Étienne De Nys, vibraphone ; Alice Cissokho, harpe ; Anne Raffard, harpe ; Jérôme Schmitt, clarinette basse ; Alice Poncet, piano ; Élise Léonard, orgue. 1 CD Da Vinci Classics. Enregistré à l’Arsenal de Metz le 21 et 22 avril (1, 4, 5, 7), au Conservatoire de Bobigny le 11 janvier 2022 (2), au Conservatoire du Havre le 17 octobre 2021 (3), au Conservatoire d’Alfortville le 7 mai 2021 (6), à l’Abbaye de Saint-Étienne de Caen le 2 novembre 2021 (8). Texte français/anglais. Durée : 78:00

 
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126 partitions éditées, 11 CD monographiques et 3 livres parus sur sa musique. Les chiffres suffisent à cerner la carrière de , l'un des artistes les plus prolixes de la scène contemporaine. Dans cette nouvelle gravure, huit pièces en solo ou en duo viennent enrichir la discographie du compositeur.

Il suffit d'entendre, l'imagination est la règle, pourrait-on dire pour paraphraser Debussy, à propos de la musique de qui choisit ici sa source instrumentale et les différents timbres à combiner. Parmi les cordes frottées, Lemaître préfère l'alto plutôt que le violon, exploitant dans À l'oreille du ciel (2016) le registre sombre, presque rugueux de l'instrument (friction au demi-ton) dont les harmoniques aiguës s'élèvent au-dessus de l'espace confiné. Ce sont deux altos (Alain Celo et Vincent Roth) qui sont convoqués dans Orange et jaune, hommage à où le jeu d'ombre double est pratiquement constant : entre balancements, étirements et accélérations, une chorégraphie de gestes se dessine alors que les mains agiles balaient tout le registre de l'instrument. L'alto d'Alain Celo revient, en compagnie de la clarinette cette fois (Jérôme Schmitt), dans Aeon (2015) où Lemaître joue avec l'ambiguïté des sources, le grain sombre des cordes frottées tendant à fusionner avec la sonorité plus ronde de l'instrument à vent : jeu de relais, complémentarité, mélodie de timbre et synchronie des deux instruments qui finissent par se rejoindre et se confondre. La clarinette basse (Jérôme Schmitt) est souveraine dans Ptah (2003), un brin répétitive et obsessionnelle dans sa quête éperdue et fébrile d'harmonie céleste tressée dans de somptueux multiphoniques.

Lemaître multiplie les effets stéréophoniques entre les deux harpes (Alice Cissokho et Anne Raffard) de Vif-argent (2020), une pièce vibratile et baignée de résonance qui joue sur la complémentarité et le relais des deux instruments. Sans rupture ni recherche de dramaturgie, la musique sonne pour le plaisir des oreilles et la délicatesse des textures. Des qualités qui valent également pour le duo vibraphone-glockenspiel à pédale de Kaléidoscope (2021) où s'éploient librement les sonorités cristallines et irradiantes des deux percussions (Maria Vasquez et Étienne De Nys) superposant leur strate rythmique respective.

L'alliage est plus risqué entre le piano (Aline Poncet) et le vibraphone (Étienne De Nys) dans Fliessend (2020), l'accord tempéré du piano étant mis à mal par les résonances déformantes de la percussion au large spectre acoustique. Les arpèges mêlés des deux claviers à la fin de la pièce ne sont pas sans évoquer la coda de Répons! D'un clavier à l'autre, la dernière pièce de l'enregistrement fait sonner l'orgue. Nyx, invoquant la divinité de la nuit dans la mythologie égyptienne, est la pièce la plus ancienne (1984) et la plus audacieuse, par la hardiesse de sa registration et l'agencement de son écriture, l'interprétation flamboyante d'Élise Léonard conférant plénitude et élan jubilatoire à cette partition étonnante.

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