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Max Richter (né en 1966) : The New Four Seasons Vivaldi Recomposed. Elena Urioste, violon ; Chineke ! Orchestra. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré les 29 et 30 novembre 2021 au Studio Richter Mahr, Oxforshire. Notice de 16 pages en anglais. Durée : 40:02
Deutsche GrammophonEn 1992, le compositeur avait brillamment revisité Antonio Vivaldi. Dix ans après, Max Richter revisite Max Richter dans une nouvelle version de ses Quatre Saisons, cette fois sur instruments anciens.
La première fois que le nom de Max Richter s'est inscrit dans notre mémoire, c'était au cinéma : sa musique glassienne pour Valse avec Bachir était, en compagnie de Bach et Schubert, une réussite à l'aune du film-choc d'Ari Folman reparti bredouille du festival de Cannes 2008. Quatre ans après paraissait, chez DG : Recomposed by Max Richter Vivaldi the Four Seasons. Un disque qui trouva immédiatement son public, même chez les plus sourcilleux adeptes de l'intégrité musicale.
Imaginé pour réentendre avec des oreilles neuves une œuvre par trop serinée par les ascenseurs, les répondeurs et les supermarchés du monde entier, la relecture du jeune compositeur allemand allait bien au-delà de ce qu'à partir des années 80 avaient dû tenter, dans le sillage flamboyant du Giardino Armonico, chacun des ensembles baroques du monde entier. La version Richter n'avait rien à voir avec l'expéditif rhabillage à la boîte à rythmes de certaine 40e de Mozart par Waldo de los Rios à la fin des années 60. Armé d'un amour profond pour l'œuvre, mais aussi de la plus folle des libertés (exit le célébrissime thème du Printemps), Richter préférait exercer son talent en dirigeant l'oreille de l'auditeur vers des merveilles cachées. Une démarche parfaitement résumée par le credo qu'il professe aujourd'hui : « créer c'est découvrir des choses dont vous ne saviez pas qu'elles étaient là ». L'exemple le plus parlant de cette sienne démarche est sans conteste cet incroyable Summer 1 avec son changement de braquet vers un détail qui va s'emparer du mouvement et en faire une vraie machine à danser. Richter ne trouvera pas de telles occasions dans tous les numéros (Autumn 2 et Winter 2 ne se démarquent pas vraiment des originaux) mais l'amoureux de l'œuvre ne peut que rendre les armes devant la science d'une relecture qui, depuis dix ans, rencontre le plus vif succès au concert comme au cinéma : La Danseuse, Illusions perdues…
Au Konzerthaus Kammerorchester Berlin et à Daniel Hope de la première version répliquent avec tout autant de virtuosité, dans la seconde (baptisée, toujours sous étiquette DG : The New Four Seasons Vivaldi Recomposed) les instruments d'époque du Chineke ! Orchestra enflammés par le violon à l'ardent lyrisme d'Elena Urioste. Chineke ! Orchestra est un ensemble anglais né à Londres en 2015, mais c'est surtout « le premier orchestre professionnel en Europe à s'être donné pour mission fondamentale de promouvoir la diversité dans ses effectifs orchestraux ». Autre instrument « ancien », mixé analogiquement, sous les les doigts de Max Richter, un Moog des années 70 (synthétiseur de la première génération et « Stradivarius des synthétiseurs », rapporte le compositeur) remue par la profondeur de ses nappes à la Koyaanisqatsi. On s'attendait à ce que, plus encore que l'ancienne, la nouvelle version mette au premier plan la harpe (envoûtante sur Spring 1 et Autumn 1), ainsi que l'a fait, en 2021, à Besançon, l'Orchestre Victor Hugo où cette dernière était audible dans chaque numéro. Le synthétiseur est donc l'instrument gagnant, dès Spring 0, de cette nouvelle version, le reste des modifications étant affaire de détails et d'amplitude accrue de la prise de son. Le bonheur d'écoute est inépuisable.
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Max Richter (né en 1966) : The New Four Seasons Vivaldi Recomposed. Elena Urioste, violon ; Chineke ! Orchestra. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré les 29 et 30 novembre 2021 au Studio Richter Mahr, Oxforshire. Notice de 16 pages en anglais. Durée : 40:02
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