L’Opéra Bastille accueille à partir d’aujourd’hui et jusqu’en février une exposition dans sa salle modulable, jamais aménagée ni montrée au public depuis 1989. Dans le cadre de ce partenariat avec l’institution lyrique, « Venise révélée » est coproduite par Grand Palais immersif (filiale de la Rmn-Grand Palais), la Fondazione Musei Civii di Venezia et la société Iconem, spécialisée dans les reconstitutions 3D, et qui a réalisé les images présentées en photogrammétrie, à l’aide de drones. Cette technique nous donne ainsi à voir la Sérénissime et ses monuments, en volume et dans les moindres détails. Écrans interactifs, immenses panneaux en triptyque, plans et cartes et même un véritable lion de Saint-Marc en bois sculpté du XVIᵉ jalonnent le cheminement du visiteur avec d’intéressants panneaux explicatifs. Qu’on ne s’y trompe pas : il s’agit bien d’une exposition et non uniquement d’une animation visuelle et sonore. Loin des musiques choisies habituellement pour illustrer Venise, David Chalmin a composé une bande sonore originale et contemporaine (instruments acoustiques, électroniques, sound design) qui réussit à accompagner le parcours scénographique dans ce lieu étrange, sans être envahissante mais en suggérant. Car le spectacle est bien entendu dans le lieu lui-même. Grande est la curiosité en explorant ces espaces de béton brut, ici galeries où devraient déambuler le public, là un escalier inachevé…Des dimensions spectaculaires avec plus de 1500m2 sur plusieurs niveaux qui forcément font imaginer une autre destinée. L’architecte Frédéric Druot a réduit les aménagements au minimum pour préserver la géographie brutaliste d’un lieu, qui, dans quelques années peut-être, pourra trouver enfin sa véritable fonction de salle de concerts. (NF)