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Un Barbier de routine au Festival de Salzbourg avec Cecilia Bartoli

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Salzbourg. Haus für Mozart. 14-VIII-2022. Gioachino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia, opéra en deux actes d’après la pièce de Beaumarchais. Mise en scène : Rolando Villazón ; décor : Harald B. Thor ; costumes : Brigitte Reiffenstuel. Avec Edgardo Rocha (Il Conte d’Almaviva) ; Alessandro Corbelli (Bartolo) ; Cecilia Bartoli (Rosina) ; Nicola Alaimo (Figaro) ; Ildebrando D’Arcangelo (Basilio) ; Rebeca Olvera (Berta) ; José Coca Loza (Fiorello)… Philharmonia Chor Wien ; Les Musiciens du Prince – Monaco ; direction : Gianluca Capuano.

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règne toujours, mais un grand festival devrait faire mieux que la médiocre mise en scène de .


De quand date-t-elle, déjà, cette mise en scène du chef-d'œuvre de Rossini ? 1980 peut-être, ou au plus tard l'an 2000 ? Non, elle est toute récente, et arrive au festival d'été en ligne droite du festival de Pentecôte dirigé par . , ténor semi-retraité promu metteur en scène, nous promet pourtant de l'inédit, une mise en scène qui sort des sentiers battus, mais il ne fait que combiner des éléments banals vus et revus. Banale au possible, son idée de situer l'action au temps des grands studios hollywoodiens et de faire de son étoile une star de cinéma, sous le nom de Ceci B. Artoli (sic), banal aussi l'ajout d'un protagoniste muet censé donner à la scène une sorte de mouvement perpétuel – on l'avait vu bien mieux fait par Axel Ranisch, vrai metteur en scène et vrai cinéaste, pour un inoubliable Orlando Paladino. Ici, c'est le grouillot du studio, interprété par la vedette de music-hall Arturo Brachetti, qui se donne sans compter : il parvient parfois à faire sourire, plus rarement à émouvoir un peu, mais n'est presque jamais indispensable.

L'interprétation musicale, hélas, ne sort pour l'essentiel pas de cette même routine. Le Figaro de manque de rondeur, de capacité à varier dynamique et expression, et surtout de drôlerie, malgré tous les efforts de la mise en scène. en Almaviva ne fait qu'esquisser ses vocalises pendant tout le début de l'opéra, ne s'améliorant que partiellement pour son dernier air, Cessa di più resistere, dont sa Rosine lui reprend fort heureusement certaines phrases, et le timbre est bien ingrat. , vétéran rossinien illustre, manque aujourd'hui un peu d'impact, la partie la plus rapide de son air devenant presque inaudible, mais il garde beaucoup de métier et dresse un portrait certes convenu, mais efficace et drôle de son personnage. Le plus convaincant est sans nul doute Ildebrando d'Arcangelo en Basilio-Nosferatu, voix de bronze et humour musical en verve : c'est lui qui mériterait qu'on bisse son air, plutôt qu', qui reprend comme à chaque représentation la fin de son dernier air.

Dans la fosse, multiplie les déséquilibres, au point de faire disparaître chœur et solistes dans certaines phrases de la fin de l'acte I. Il accompagne sans sourciller tout ce que la mise en scène demande de lui au détriment de la partition, notamment une propension exaspérante à agrémenter tout et n'importe quoi de percussions supplémentaires, à croire que, pour lui, Rossini n'avait pas le sens du rythme ; le plus exaspérant étant les castagnettes que joue à la fin de la sérénade d'Almaviva. Son orchestre, fondés pour soutenir les productions tournantes de la cantatrice, manque de chair et d'élégance, mais là où il se contente d'accompagner sans fantaisie, il fait son office à défaut de mettre en valeur l'allant comique de la musique de Rossini.


Si on compare cette production avec la précédente production rossinienne de Salzbourg, une Italienne à Alger d'une consternante vulgarité, remplie de clichés et obsédée par les gags (2018), on peut être indulgent face à la tentative de Villazón : Corbelli et Rocha étaient déjà là, et Jean-Christophe Spinosi n'était guère plus subtil que Capuano. Si on la compare au contraire avec le Barbier récent de l'Opéra de Vienne, diffusé sur Arte, le bilan s'inverse : la mise en scène merveilleuse de Herbert Fritsch, la direction de Michele Mariotti, et surtout l'Almaviva sans comparaison possible de Juan Diego Flórez, tout cela avait un véritable niveau festivalier. À une exception près, et de taille : Salzbourg a en la personne de Cecilia Bartoli une Rosine infiniment supérieure, même quelque 34 ans après son unique enregistrement studio du rôle : la voix a perdu en chaleur et en chair, mais pas en virtuosité ni en style. C'est pour elle que ce spectacle a été conçu, sur mesure pour son festival de Pentecôte, et elle montre qu'elle ne renonce pas au répertoire qui l'a fait connaître – mais d'autres de ces spectacles la mettaient en avant sans autant de compromissions artistiques.

Crédits photographiques : © SF / Monika Rittershaus

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