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Metz. Arsenal. 31-V-2022. Claude Debussy (1862-1918) : Quatuor ; Pascal Dusapin (né en 1955) : Quatuor n° 5 ; Isabel Mundry (née en 1963) : Linien, Zeichnungen ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Quatuor n° 16 op. 135. Quatuor Diotima
Debussy pour commencer, un Dusapin passionnant, et surtout un op. 135 enthousiasmant scellent l'union de toutes les modernités musicales.
Deux quatuors du grand répertoire, deux œuvres de compositeurs vivants : ce bel équilibre est typique des Diotima et, plus largement, des musiciens d'aujourd'hui qui ne veulent plus être réduits à un répertoire et aiment au contraire la confrontation des genres. Absents cet hiver de la Biennale du quatuor à la Philharmonie de Paris pour cause de Covid, les quatre musiciens sont bien présents à Metz pour continuer leur résidence entamée en début de saison ; leur interprétation se révèle aussi passionnante que ce que leur programme pouvait promettre.
Le quatuor de Debussy qui ouvre le programme ne se laisse pas aller aux séductions les plus immédiates de l'impressionnisme musical et fait entendre l'intranquillité d'une génération de musiciens en quête de terres nouvelles ; l'essentiel de ce concert, cependant, n'est pas là, même si les Diotima, à défaut de l'avoir enregistré, l'ont déjà souvent joué.
Le cinquième quatuor de Dusapin est un véritable voyage musical, mouvementé et souvent surprenant, entre grands paysages et murmures ; les pizzicati du deuxième mouvement du quatuor de Debussy répondent au début de la pièce, où ils sont progressivement avalés par de longues tenues dans l'aigu du premier violon. Le parcours est passionnant, constamment inventif et jamais gratuit – ses difficultés n'effraient pas le quatuor Diotima, qui au-delà de la technique pure est un modèle d'équilibre et d'autonomie des instrumentistes. Les Linien, Zeichnungen d'Isabel Mundry qui suivent sont moins immédiatement séduisants, mais ces sept miniatures, métamorphoses d'une pièce antérieure, créent des volumes sonores étranges, à la fois filigranes et concrets.
Le plus surprenant, cependant, est encore l'œuvre la plus populaire du programme, l'opus 135 de Beethoven qui clôt le concert. Peut-être a-t-on tort d'être surpris, d'ailleurs – les Diotima n'allaient certes pas en proposer une interprétation marmoréenne et détachée. On peut éprouver un saisissement face à cette sonorité rugueuse, cet élan ivre de liberté qui donne à l'auditeur d'aujourd'hui un peu des sensations que les premiers auditeurs ont dû ressentir devant cette musique inouïe. Ce Beethoven sauvage est tout sauf le résultat d'une négligence ou d'une approximation ; tout est en place, admirablement, intérieurement, mais voilà : Beethoven est un compositeur d'avant-garde, en 2022 comme en 1826.
Crédit photographique : © Quatuor Diotima
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Metz. Arsenal. 31-V-2022. Claude Debussy (1862-1918) : Quatuor ; Pascal Dusapin (né en 1955) : Quatuor n° 5 ; Isabel Mundry (née en 1963) : Linien, Zeichnungen ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Quatuor n° 16 op. 135. Quatuor Diotima