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Paris. Opéra Bastille. 5-IV-2022. Ludwig Minkus (1826-1917) : La Bayadère, ballet en trois actes. Chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa. Décors: Ezio Frigerio; Costumes : Franca Squarciapino. Lumières : Vinicio Cheli. Avec : Laura Hecquet, Nikiya; Germain Louvet, Solor; Héloïse Bourdon, Gamzatti; Pablo Legasa, L’idole Dorée; Aubane Philbert, Bleuenn Battistoni, Fanny Gorse, Trois Ombres; Aubane Philbert, Danse Manou; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Ernst van Tiel.
Ballet emblématique de la compagnie de l'Opéra National de Paris depuis son entrée au répertoire depuis près de trente ans, la Bayadère a-telle encore quelque chose à dire aux spectateurs et aux danseurs de 2022 ?
C'est effectivement la question que l'on peut se poser avec une nouvelle série de spectacles où une génération neuve se saisit des rôles créés par Marius Petipa, et dans sa lignée Rudolf Noureev. Laura Hecquet est habituellement la ballerine par excellence et elle connaît déjà le rôle de Nikiya pour l'avoir dansé en 2015. Sa technique purement classique lui autorise toute l'expressivité requise par le rôle, mais elle semble assez fragilisée au niveau des chevilles et elle ne tente aucune difficulté périlleuse au-delà du minimum requis. Toutefois, son port royal et sa présence en font néanmoins une interprète qui ne souffre pas de comparaison, mais en-deçà de la flamboyance avec laquelle elle a pu briller auparavant.
Face à elle, Héloïse Bourdon partage une égale méfiance technique. Il y a quelques chutes de pointes (la variation de l'acte deux est certes périlleuse mais ce n'est pas habituellement pas un problème chez cette danseuse si pleine de qualités), quelques pirouettes un peu arrangées, mais elle se révèle finalement aussi redoutable que Laura Hecquet dans le mépris qu'elle affiche en tant que Gamzatti bouillonnante face à une Nikiya douloureuse et froide. Germain Louvet est brillant dans ses variations, malgré quelques escamotages dans ses manèges qui s'arrangeront certainement dans la série. Il manque peut-être un peu de l'aspect suspendu dans la saltation qu'il possédait auparavant, mais cet amoindrissement permet un certain équilibre dans les proportions qui fait que l'ensemble de sa danse est harmonieux. Le rôle sera aussi certainement mieux caractérisé progressivement.
En revanche, il faut souligner la grande qualité du travail du Corps de Ballet qui est un personnage à part entière dans ce grand ballet classique. Qu'il s'agisse du Grand pas d'action du deuxième acte ou bien de l'acte des Ombres, tout est absolument en place et respire d'un seul tenant. C'est d'autant plus à préciser que la place du ballet classique à l'Opéra se fait de plus en plus amoindrie et maintenir un niveau aussi délectable est rare. Les rôles de demi-solistes sont très équilibrés, entre références du corps de ballet (Fanny Gorse dans la Troisième Ombre gracieuse, en contrepoint d'une Aubane Philbert en Première Ombre qui, à trop vouloir lever la jambe, se déséquilibre dangereusement) et générations plus récentes (Bleuenn Battistoni très réfléchie et appliquée dans la Deuxième Ombre, un Pablo Legasa un peu traqueur mais toutefois volontaire).
L'orchestre de l'Opéra National de Paris devra trouver ses marques pour rendre justice à une musique parfois trop facile, mais qui ne supporte pas l'approximation.
Crédit photographique : Laura Hecquet © Julien Benhamou/ Opéra national de Paris
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Paris. Opéra Bastille. 5-IV-2022. Ludwig Minkus (1826-1917) : La Bayadère, ballet en trois actes. Chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa. Décors: Ezio Frigerio; Costumes : Franca Squarciapino. Lumières : Vinicio Cheli. Avec : Laura Hecquet, Nikiya; Germain Louvet, Solor; Héloïse Bourdon, Gamzatti; Pablo Legasa, L’idole Dorée; Aubane Philbert, Bleuenn Battistoni, Fanny Gorse, Trois Ombres; Aubane Philbert, Danse Manou; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Ernst van Tiel.