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L’infedeltà delusa de Haydn vue par Marie-Ève Signeyrole à Munich

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Munich. Cuvilliés-Theater. 19-III-2022. Joseph Haydn (1732-1809) : L’infedeltà delusa, opéra en deux actes sur un livret de Marco Coltellini. Mise en scène : Marie-Ève Signeyrole ; décor et costumes : Fabien Teigné. Avec : Jasmin Delfs (Vespina), Emily Sierra (Nanni), Jessica Niles (Sandrina), Armando Elizondo (Filippo), Joel Williams (Nencio), Andrew Gilstrap (Il padre di Nencio). Bayerisches Staatsorchester, direction : Giedrė Šlekytė

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Les jeunes chanteurs de l'Opernstudio doivent lutter avec une direction musicale manquant cruellement de nuances.


Il y a des huées qui honorent celle ou celui qui les reçoit. Marie-Ève Signeyrole n'en aurait sans doute pas reçu si elle s'était contentée d'illustrer au premier degré cette petite comédie de mœurs, si possible en costumes d'époque ; elle a au contraire choisi de prendre l'œuvre au sérieux et de l'amener aux spectateurs d'aujourd'hui, et elle a bien fait. Pour ce faire, elle crée un cadre narratif très présent : elle situe toute l'intrigue dans un internat pour filles en l'an 1955, petite communauté féminine dont les membres nous sont présentées pendant l'ouverture ; un texte projeté au-dessus de la scène, souvent en concurrence un peu fatigante avec les surtitres, raconte l'histoire avec la distance de quelques décennies. L'amoureux de Sandrina, Nanni, devient une pensionnaire, son rôle étant transposé pour une mezzo, avec les adaptations nécessaires dans le texte : avec quelques coupures dans les récitatifs, ce n'est pas un grand obstacle au respect de la partition.

Ce sont les dynamiques internes de ce groupe soudé, qui unit chanteuses et actrices, qui sont la grande force du spectacle. Le premier acte les montre dans le quotidien bien connu de l'internat, entre dortoir et cantine ; le second acte décrit leur révolte contre l'autorité injuste de leurs supérieur.es, en une sorte de carnaval que permet le livret – la rusée Vespina partage avec sa quasi-homonyme mozartienne un goût pour le travestissement, en vieille femme, en serviteur teuton et en inévitable notaire. C'est à juste titre que la metteuse en scène voit dans L'Infedeltà delusa des thèmes essentiels masqués par la convention inoffensive de l'opera seria : la manière cavalière et même violente dont les hommes décident du destin des femmes nous parle plus qu'on ne l'aurait cru il y a quelques décennies. Tout n'est pas réussi, tout n'est pas toujours clair dans le spectacle, mais les risques pris par Marie-Ève Signeyrole aboutissent à un résultat combien plus parlant que la plate illustration d'un livret suranné.

La soirée est cependant plombée par la direction de , certes pleine d'énergie, mais presque constamment brutale, ne laissant jamais respirer la musique, comme si elle voulait se convaincre elle-même des qualités dramatiques de la partition. Certes, la burletta de Haydn et Coltellini ne représente pas un sommet du théâtre en musique, mais il est bien dommage de voir ainsi contredites les nuances émotionnelles que la mise en scène, elle, parvient fort bien à susciter.

La distribution vocale, composée entièrement de membres de l'Opernstudio de l'Opéra de Bavière, est heureusement plus satisfaisante. Les jeunes membres du programme, sélectionnés pour deux ans, bénéficient d'un parcours d'excellence dont le spectacle annuel au Cuvilliés-Theater est le sommet – l'acoustique de la salle n'est certes pas très agréable, mais le cadre baroque compense. Chez les hommes, est beaucoup plus souple et présent qu'. On aurait aimé un peu plus de différenciation des timbres chez les trois protagonistes féminines, (Sandrina), (Nanni) et (Vespina), et la direction brutale conduit parfois la première à pousser sa voix jusqu'à la dureté. Dans une soirée où la vision forte de la mise en scène fait face à une platitude interprétative à l'orchestre, il n'est pas étonnant qu'elles aient eu un peu de mal à vraiment incarner et faire vivre leurs personnages par le travail musical. Rien de tout cela, cependant, ne vient vraiment ternir une soirée où Haydn est enfin pris au sérieux comme il le mérite.

Crédits photographiques : © Wilfried Hösl

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Munich. Cuvilliés-Theater. 19-III-2022. Joseph Haydn (1732-1809) : L’infedeltà delusa, opéra en deux actes sur un livret de Marco Coltellini. Mise en scène : Marie-Ève Signeyrole ; décor et costumes : Fabien Teigné. Avec : Jasmin Delfs (Vespina), Emily Sierra (Nanni), Jessica Niles (Sandrina), Armando Elizondo (Filippo), Joel Williams (Nencio), Andrew Gilstrap (Il padre di Nencio). Bayerisches Staatsorchester, direction : Giedrė Šlekytė

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