Jeux d’ombres brahmsiennes par Geoffroy Couteau et Amaury Coeytaux
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Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate pour violon et piano n° 1 en sol majeur op. 78 ; Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur op. 100 ; Sonate pour violon et piano n° 3 en ré mineur op. 108 ; Scherzo en ut mineur (extrait de la Sonate « F-A-E »). Geoffroy Couteau, piano ; Amaury Coeytaux, violon. 1 CD La Dolce Volta. Enregistré dans la Grande Salle de l’Arsenal de Metz du 8 au 19 février 2019. Notice français-anglais-allemand-japonais. Durée : 76:32
La Dolce VoltaAvec ce cinquième opus, Geoffroy Couteau, accompagné d'Amaury Coeytaux, poursuit son intégrale de la musique de chambre de Johannes Brahms pour le label La Dolce Volta en s'adressant cette fois aux sonates pour violon et piano.
Trois sonates de la maturité composées entre 1878 et 1889, trois sonates où s'exprime tout l'affect brahmsien peuplé d'ombres (Schumann, Clara) et de lumière (Joseph Joachim), toutes trois inspirées du lied, se déployant dans une ambiance crépusculaire, à la fois lyrique et méditative, habitées d'une passion contenue et d'une ardente pudeur.
Déjà auteur, pour le même label d'une intégrale des œuvres pour piano du compositeur allemand, c'est peu dire que Brahms coule tout naturellement dans les veines du pianiste Geoffroy Couteau, et lorsqu'il affirme, de plus, que la complicité fusionnelle qui l'unit au violoniste Amaury Coeytaux relève de celle que Brahms éprouvait à l'égard de Joseph Joachim, on comprend aisément que cette interprétation atteigne des sommets dignes des figures mythiques de Joseph Suk et Julius Katchen.
Trois sonates comme autant de reflets de la psyché brahmsienne, mais de contours différents : si la Sonate n° 1 en sol majeur (1878) développe un clair-obscur nostalgique et passionné, ici douloureux, ailleurs lyrique et souriant ; la Sonate n° 2 en la majeur (1886) apparait plus enflammée, enjouée, s'appuyant tantôt sur des accents tziganes, tantôt sur une atmosphère plus automnale nimbée d'une effusion contenue ; la Sonate n° 3 en ré mineur (1888) semble en revanche plus tourmentée, plus conflictuelle, d'une ampleur quasi symphonique où le piano orchestral de Geoffroy Couteau répond au violon incisif d'Amaury dans un jeux de contrastes emporté dans une véritable course à l'abîme.
Trois sonates dont Amaury Coeytaux et Geoffroy Couteau nous donnent, ici, une interprétation équilibrée, complice, inspirée et colorée, sans théâtralité excessive, sincère et profonde, jouées à fleur de peau. Une lecture admirable conclue, comme un hymne à l'amitié, par le Scherzo de la Sonate « F-A-E », dans un clin d'œil à Joachim pour qui elle fut composée.
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