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Harding et Gerhaher retrouvent Mahler

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Luxembourg. Philharmonie. 1-XII-2021. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder sur des textes tirés du recueil Des Knaben Wunderhorn ; Blumine ; Symphonie n° 4. Christian Gerhaher, baryton ; Johanna Wallroth, soprano ; Orchestre symphonique de la Radio suédoise ; Daniel Harding, direction

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Avec son orchestre de la Radio Suédoise, creuse son sillon avec un compositeur qu'il connaît bien.


est chez lui avec Mahler, avec les orchestres les plus divers. Cette fois, c'est avec son orchestre de Stockholm, qu'il dirige depuis 2007 (son contrat actuel allant jusqu'en 2025, une stabilité précieuse dans le monde musical d'aujourd'hui) qu'il remet sur le métier deux œuvres clefs de son répertoire. Il avait déjà dirigé dans les Wunderhorn-Lieder, à Berlin par exemple, déjà avec Blumine en intermède orchestral. Les choix interprétatifs de l'un et de l'autre n'ont pas changé, Gerhaher sur le fil de la voix, laissant le texte dans toute sa nudité poétique, Harding dessinant un monde diffracté, privilégiant les discontinuités plutôt qu'une vision d'ensemble.

Ce qui a changé, c'est donc l'orchestre : la Radio suédoise n'a certes pas la même réputation que l'orchestre berlinois, mais ce concert montre bien à quel point, aujourd'hui, les hiérarchies héritées entre orchestres se sont estompées : de belles cordes, des vents solistes présents et colorés ne suffisent pas nécessairement à concurrencer le Philharmonique de Berlin des grands jours, en termes d'ampleur sonore et de capacité de nuances, mais le haut niveau de l'ensemble suffit largement pour laisser au chef toute latitude pour développer son interprétation.

La Quatrième symphonie qui clôt ce généreux programme échappe à la lassitude que la répétition incessante de cette œuvre dans les programmes symphoniques de ces dernières années. La soprano , pour le lied final, ne joue pas la fausse naïve, mais restitue bien le trouble que suscite cette image trop paradisiaque pour être honnête, en accord avec les faux alanguissements viennois des cordes, avec le kaléidoscope inquiétant que dessine Harding. Il y a certainement des interprétations plus immédiatement séduisantes, des visions plus brutales ou au contraire plus apolliniennes (Haitink !) pour cette symphonie, mais les voyages de Harding dans les symphonies de Mahler ne sont décidément jamais indifférents.

Crédits photographiques : © Sébastien Grébille

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