Plus de détails
Paris. Opéra Comique. 2-XI-2021. Philippe Hersant (né en 1948), drame joyeux en 4 actes sur un livret adapté du roman Des Éclairs de Jean Echenoz. Mise en scène : Clément Hervieu-Léger. Décors : Aurélie Maestre. Costumes : Caroline De Vivaise. Lumières : Bertrand Couderc. Son : Jean-Luc Ristord. Avec : Jean-Christophe Lanièce, Gregor ; Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ethel Axelrod ; François Rougier, Norman Axelrod ; Elsa Benoit, Betty ; André Heyboer, Edison ; Jérôme Boutillier, Parker ; Alban Dufourt, le Capitaine/domestique/adjoint ; Mathieu Dubroca, Second/Médecin légiste ; Anthony Lo Papa, Paul Kirby, Domestiques ; Sorin Adrian Dumitrascu, Vlad Crosman, Florent Thioux, Adjoints d’Edison. Ensemble Aedes (chef de chœur : Mathieu Romano). Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Ariane Matiakh
S'appuyant sur un texte de Jean Echenoz, Les Eclairs de Philippe Hersant romance la vie de l'inventeur Nikola Tesla dans un drame joyeux en quatre actes, écrit sur une musique lyrique soutenue par la direction attentive d'Ariane Matiakh et la mise en scène narrative de Clément Hervieu-Léger.
Dans la continuité de ce qu'il a toujours fait, l'Opéra Comique poursuit son travail de création et présente cette saison le troisième opéra de Philippe Hersant, tiré du roman Des Éclairs de Jean Echenoz. Dans la première salle lyrique d'Europe éclairée à l'électricité, dès 1898, est donc créé aujourd'hui Les Éclairs, ouvrage sur celui a qui l'on doit la découverte du courant alternatif, joué en quatre actes enchaînés pour deux heures de musique. La langue française y est portée par une technique de composition vocale qui n'est pas sans rappeler celle du début du siècle précédent : le matériau symphonique tient sur un style très mélodique, bien agencé par la direction attentionnée d'Ariane Matiakh, devant un Orchestre Philharmonique de Radio France aux coloris soignés.
L'œuvre débute avec la traversée transatlantique de Nikola Tesla, appelé ici Gregor, comme dans le roman, afin d'offrir plus de liberté avec la réalité, bien que les autres intervenants gardent leurs vrais noms, à commencer par Edison. Le navire réparé par ses soins, Tesla-Gregor met un pied sur le territoire américain, tandis que la trompette laisse résonner un thème de la Symphonie du Nouveau Monde. Puis l'ingénieur rencontre Edison et lui démontre que son générateur présentait des faiblesses faciles à corriger, au risque de rencontrer l'ire de l'inventeur américain déjà bien installé. L'acte suivant décrit le combat entre les deux hommes et les délires d'Edison, qui après avoir électrocuté des animaux toujours plus gros jusqu'à un éléphant, réussit à convaincre la justice d'utiliser cette méthode sur un condamné.
Cette scène de l'acte II, avec une chaise électrique au centre, crée évidemment des images fortes, d'autant que le condamné n'est malheureusement pas mort du premier coup, mais seulement au second essai, une fois les batteries rechargées. Malgré le fiasco public, la méthode a comme on le sait été adoptée par les États-Unis, mais l'opinion publique s'est partiellement retournée contre Edison. L'opéra traite alors des succès de Gregor, recruté par l'entrepreneur Parker, puis de son installation au Colorado et son retour à New-York, où il retrouve le riche couple Axelrod, dont la femme, Ethel, souhaite vivre une idylle avec lui.
La mise en scène de Clément Hervieu-Léger recourt à des décors de panneaux dessinés dans un style cinématographique. Fabriqués sous la direction d'Aurélie Maestre ils racontent par des images très narratives les éléments du livret. Les éclairs apparaissent dès que possible, notamment par les flashs des appareils photos, tandis que les oiseaux par lesquels Tesla a toujours été fasciné sont représentés en papier plié. À l'occasion, comme au dernier acte lorsque sur une cage vide est posé le chapeau rond du créateur, se dévoilent des références aux tableaux de Magritte. Les costumes de Caroline De Vivaise s'accordent à la proposition et associent les imperméables aux tailleurs pour les hommes, à des robes comme on en portait à la fin du XIXᵉ siècle à Manhattan pour les femmes.
Gregor revient au baryton Jean-Christophe Lanièce, toujours très clair dans l'élocution comme dans le chant et dont le timbre se montre plus doux que celui d'André Heyboer, volontairement sombre pour jouer Edison. Jérôme Boutillier appuie son jeu pour camper le millionnaire Parker, tandis que le ténor François Rougier apporte plus de subtilité au riche Norman Axelrod. Alban Dufourt complète la distribution masculine en tenant plusieurs rôles, dont celui bien marqué du capitaine à l'introduction. Malgré la présence de la première journaliste du New-York Herald, le livret peine à faire ressortir les femmes, même si la composition prévoit de hauts aigus pour le rôle de Betty, un registre qui est parfois mal tenu, étonnamment, par la soprano Elsa Benoit, pourtant belle Dame Blanche sur cette scène l'an passé. Marie-Andrée Bouchard-Lesieur procure plus de lyrisme avec son beau timbre de mezzo, bien développé pour une technique d'écriture très proche de celle de Britten sur sa partie, tandis que les interventions du chœur sont toujours bien exaltées par l'Ensemble Aedes.
Crédits Photographiques © S. Brion
Plus de détails
Paris. Opéra Comique. 2-XI-2021. Philippe Hersant (né en 1948), drame joyeux en 4 actes sur un livret adapté du roman Des Éclairs de Jean Echenoz. Mise en scène : Clément Hervieu-Léger. Décors : Aurélie Maestre. Costumes : Caroline De Vivaise. Lumières : Bertrand Couderc. Son : Jean-Luc Ristord. Avec : Jean-Christophe Lanièce, Gregor ; Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Ethel Axelrod ; François Rougier, Norman Axelrod ; Elsa Benoit, Betty ; André Heyboer, Edison ; Jérôme Boutillier, Parker ; Alban Dufourt, le Capitaine/domestique/adjoint ; Mathieu Dubroca, Second/Médecin légiste ; Anthony Lo Papa, Paul Kirby, Domestiques ; Sorin Adrian Dumitrascu, Vlad Crosman, Florent Thioux, Adjoints d’Edison. Ensemble Aedes (chef de chœur : Mathieu Romano). Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Ariane Matiakh