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Paris. La Piccola Scala. 8-X-2021. Ondřej Adámek (né en1979) : Inflexion (à la mémoire de Gérard Grisey) pour deux saxophones alto ; Vincent David (né en 1974) : Strates pour saxophones alto et soprano, violon et piano ; Philippe Leroux (né en 1959) : un lieu verdoyant (hommage à Gérard Grisey) pour saxophone soprano et voix ; Anton Webern (1883-1945) : Quatuor op. 22 pour saxophone ténor, violon, clarinette et piano ; Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse pour saxophone soprano, violon et piano, arrangement Yann Stoffel ; Matteo Franceschini (né en 1979) : Long Playing pour saxophone ténor et électronique (CM). Eudes Bernstein, saxophones ; Joakim Ciesla, saxophone ; Jeanne Crousaud, voix ; Paul Meyer, clarinette; Misako Akama, violon ; Orlando Bass, piano
La Scala Paris se dote d'une nouvelle salle, La Piccola Scala, un amphithéâtre à jauge réduite construit sous l'auditorium. Il accueille le jeune saxophoniste Eudes Bernstein et ses comparses lors du premier concert du festival Aux armes contemporains! qui ouvre la saison musicale de la maison.
Tout juste sorti du conservatoire et particulièrement investi dans le répertoire contemporain, Eudes Bersntein est aussi lauréat de la Fondation Banque Populaire. Pour ce concert qui s'inscrit dans la politique de soutien des jeunes interprètes et compositeurs menée par la Scala, il a conçu un programme ambitieux allant du solo au quatuor, des pièces qu'il vient de graver sous le label Paraty.
Inflexion (à la mémoire de Gérard Grisey) d'Ondřej Adámek, la première pièce de la soirée, convoque le saxophone alto de Bernstein et son ombre double Joakim Ciesla dans un jeu de séduction où les deux instruments se frôlent et s'éloignent, s'agacent et se repoussent, nous mettant à l'écoute de phénomènes sonores (partiels, battements, micro-oscillations) aussi fragiles que sensibles sous les doigts de ces deux superbes musiciens. Vincent David (saxophoniste et compositeur) se cache derrière ses maîtres, en l'occurrence ici Bartók, dans Strates pour saxophones (alto et soprano), violon et piano, une pièce bien ficelée, virtuose et mâtinée de jazz, qui n'en reste pas moins très/trop démonstrative. Rien de tel avec Philippe Leroux qui rend lui aussi hommage à Gérard Grisey, décédé en novembre 1998, dans Un lieu verdoyant (1999) pour saxophone soprano et voix, « au moyen de la voix qu'il aimait et d'un instrument pour lequel il avait écrit », précise le compositeur. Le texte est de Leroux et la litanie étrange et d'une grande beauté où la voix (Jeanne Crousaud très habitée) et le saxophone toujours solidaire glissent sur les mots, dessinent des lignes et varient les allures avant de regagner l'ombre et le silence.
L'étonnant Quatuor de Webern pour saxophone ténor, violon, clarinette et piano op.22 est un choix risqué dans une acoustique qui ne lui est guère favorable. Sans doute manquait-il aussi quelques heures de travail aux musiciens pour accéder à la fluidité et la transparence souhaitées au sein d'une écriture fort exigeante. Osée également est cette transcription pour violon, piano et saxophone soprano du chef d'œuvre symphonique de Ravel, La Valse. Saluons du moins la tenue et la synergie des trois interprètes – Misato Akama (violon) et Orlando Bass (piano) au côté d'Eudes Bernstein – dans cet irrésistible tournoiement ascensionnel jusqu'au climax.
Long Playing pour saxophone ténor et électronique de l'Italien Matteo Franceschini confirme la maîtrise et le talent de notre interprète dans tous les genres – en l'occurrence ici le jazz – et styles musicaux abordés durant la soirée mais nous laisse perplexe quant au véritable projet de création du compositeur.
Crédit photographique : © Geoffrey Roques
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