Concours, La Scène, Musique symphonique

Joel Sandelson, chef lauréat au festival de Salzbourg

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Salzburg. Mozarteum. Young Conductors Award.
7-VIII-2021. Joseph Haydn (1732-1809) : L’isola disabitata, ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Mia speranza adorata! – Ah non sai qual pena sia KV 416 ; Thierry Escaich (né en 1965) : Baroque Song ; Francis Poulenc (1899-1963) : Sinfonietta. Liubov Medvedeva, soprano. Camerata Salzburg, direction : Jonas Ehrler
8-VIII-2021. György Ligeti (1923-2006) : Concert Românesc ; Wolfgang Amadeus Mozart : Per pietà, non ricercate, air pour ténor et orchestre KV 420 ; Tomás Brantmayer (né en 1992) : Canción de Cuna para Fuegia Basket ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 4 op. 60. Ángel Macías, ténor ; Camerata Salzburg, direction : Luis Toro Araya
9-VIII-2021. Ludwig van Beethoven : Ouverture Coriolan op. 62 ; Wolfgang Amadeus Mozart : Basta, vincesti – Ah, non lasciarmi, no KV 486a (295a) ; Symphonie Linz n° 36 KV 425 ; Henri Dutilleux (1916-2013) : Mystère de l’instant. Ikumi Nakagawa, soprano ; Camerata Salzburg, direction : Joel Sandelson

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Le concours annuel de jeunes chefs d'orchestre ajoute un musicien de talent à la prestigieuse liste de ses lauréats.

Depuis 2010, le festival de Salzbourg organise un concours de direction d'orchestre, qui permet notamment aux jeunes artistes choisis de diriger l'année suivante un concert au festival. Il suffit de nommer quelques lauréats de ce concours pour faire comprendre le haut niveau du concours : après le premier lauréat David Afkham, la liste comprend notamment Aziz Shokhakimov, Kerem Hasan, Maxime Pascal et surtout Mirga Gražinytė-Tyla. La tenue du concours a été empêchée en 2019 par la défection d'un sponsor, puis en 2020 par la pandémie ; son retour en 2021, sous le nouveau titre de Herbert von Karajan Young Conductors Award, est un signe encourageant de retour à la normale.

En trois jours, le public salzbourgeois a ainsi pu assister aux concerts des trois finalistes (tous masculins cette année), qui ont choisi leur programme en respectant un cahier des charges assez strict. Ils doivent naturellement tenir compte de l'orchestre mis à leur disposition, la limitée pour l'occasion à un effectif d'orchestre de chambre ; il faut naturellement saluer la performance que constitue pour l'orchestre le fait de présenter trois jours de suite une bonne heure de musique en s'adaptant aux styles différents de chacun des concurrents.

De Mozart à la musique d'aujourd'hui

Dans le choix du programme lui-même, la présence d'un air de concert de Mozart, interprété par un jeune chanteur du programme pédagogique du festival, est une obligation bienvenue. Le premier finaliste, le Suisse , accompagne ainsi la soprano pour Mia speranza adorata : une voix solide, mais peu d'émotion, faute de comprendre vraiment la trajectoire émotionnelle de l'air – pour la chanteuse comme pour le chef. Le Chilien fait mieux avec le ténor (Per pietà, non ricercate) : on entend cette fois un véritable dialogue entre la voix et l'orchestre, et le ténor restitue mieux les émotions de l'air. Ce n'est pas le cas, le lendemain, de la soprano , dépassée par son air (Basta, vincesti), mais c'est le concurrent du jour, le Britannique , qui propose le meilleur accompagnement.

Les candidats doivent ensuite choisir une œuvre de musique contemporaine, vue dans un sens assez large, et on ne peut pas dire que les candidats fassent toujours preuve d'une grande ambition en la matière. Ainsi va t il de , qui choisit une œuvre terriblement convenue de , Baroque Song, qu'il alourdit encore. choisit Mystère de l'instant de Dutilleux, jouée avec soin et compétence ; c'est cependant qui fait le choix le plus audacieux, avec l'œuvre d'un compatriote de sa génération, . Canción de Cuna para Fuegia Basket (Berceuse pour Fuegia Basket) évoque le destin d'une jeune indienne de la Terre de Feu, renommée Fuegia Basket pour l'amener en Angleterre et exhibée devant la haute société avant de revenir porter la bonne parole coloniale à son peuple : rien de particulièrement révolutionnaire, mais une écriture efficace et beaucoup de couleurs, notamment pour évoquer la nature désolée de sa terre natale.

Pour le reste du programme, les interprètes sont libres dans la mesure des possibilités de l'orchestre. Deux œuvres composées après la Seconde Guerre mondiale figurent dans les programmes : prive la Sinfonietta de Poulenc de toute sa légèreté et de tout son sel à force de vouloir lui donner de l'allant – les décibels sont à cette fin bien moins efficaces que les contrastes qui manquent cruellement. a quant à lui choisi le Concert Românesc de Ligeti : là encore quelques décibels en moins n'auraient pas nui, mais l'équilibre entre les modernités prometteuses de la partition et le sens du folklore à la Bartók rend efficacement compte de l'essentiel.

Pour le reste, ce sont des grands classiques du répertoire viennois qui sont à l'honneur : l'ouverture de L'Isola disabitata de Haydn choisie par Jonas Ehrler pour commencer son programme paraît massive, d'un seul bloc, contrairement aux choix des deux autres concurrents. Il y a beaucoup de légèreté et d'esprit dans la Symphonie n° 4 de Beethoven sous la baguette de Luis Toro Araya, moins dans la Symphonie Linz de Mozart par , où le souci de lignes marquées ne va pas sans quelque brutalité.

Le premier candidat n'entrait pas vraiment en ligne de compte pour l'attribution du prix ; c'est finalement à Joel Sandelson que le prix est attribué : les éditions précédentes nous ont appris qu'il est d'ores et déjà bon de suivre attentivement sa carrière naissante.

Crédits photographiques : © SF / Marco Borrelli

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7-VIII-2021. Joseph Haydn (1732-1809) : L’isola disabitata, ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Mia speranza adorata! – Ah non sai qual pena sia KV 416 ; Thierry Escaich (né en 1965) : Baroque Song ; Francis Poulenc (1899-1963) : Sinfonietta. Liubov Medvedeva, soprano. Camerata Salzburg, direction : Jonas Ehrler
8-VIII-2021. György Ligeti (1923-2006) : Concert Românesc ; Wolfgang Amadeus Mozart : Per pietà, non ricercate, air pour ténor et orchestre KV 420 ; Tomás Brantmayer (né en 1992) : Canción de Cuna para Fuegia Basket ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 4 op. 60. Ángel Macías, ténor ; Camerata Salzburg, direction : Luis Toro Araya
9-VIII-2021. Ludwig van Beethoven : Ouverture Coriolan op. 62 ; Wolfgang Amadeus Mozart : Basta, vincesti – Ah, non lasciarmi, no KV 486a (295a) ; Symphonie Linz n° 36 KV 425 ; Henri Dutilleux (1916-2013) : Mystère de l’instant. Ikumi Nakagawa, soprano ; Camerata Salzburg, direction : Joel Sandelson

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