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Joliette. Amphithéâtre de Lanaudière. 21-VII-2006. Gabriel Fauré (1845-1924) Cantique de Jean Racine (orch. de J. -M. Zeitouni). Messe de Requiem, op. 48 (version 1893). Richard Strauss (1864-1949) Der Abend, op. 34 no 1. Ludwig van Beethoven (1770-1827) Grande fugue, op. 133 (orch. de F. Weingartner). Avec : Pascale Beaudin, soprano ; Aaron St. Clair Nicholson, baryton. Chœur de chambre du Festival. Orchestre de chambre du Festival, direction : Jean-Marie Zeitouni.
Festival de Lanaudière
Soirée fauréenne par excellence, le Cantique de Jean Racine, op. 11 est une œuvre de prime jeunesse qui permit à un jeune compositeur de 20 ans d'obtenir le Premier Prix de composition en 1865. La version primitive était accompagnée à l'orgue mais Fauré l'orchestra une dizaine d'années plus tard. Jean-Marie Zeitouni en donne une version intelligente et respectueuse. Soulignons d'emblée la maîtrise absolue et l'excellence des chœurs qui, par la simplicité et la ferveur, gardent intacte l'esthétique de cette page religieuse. Plus consistante est la Messe de Requiem, œuvre sacrée sublime aux longues phrases et aux courbes sinueuses, riche en motifs mélodiques. Le retour à l'original (version 1893) – expression du recueillement intime – y gagne en pureté et garde cette couleur si particulière de l'œuvre, d'une sobriété pleine de grandeur. Œuvre sereine de Fauré, radieuse mais pleine de compassion, qualifiée parfois de prière païenne, on reconnaît l'auteur de Pénélope à maints passages. Fauré s'est expliqué lui-même sur le sens donné à son œuvre : «Mon Requiem…on a dit qu'il n'exprimait pas l'effroi de la mort. Mais c'est ainsi que je sens la mort : comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d'au-delà, plutôt que comme un passage douloureux.» Pascale Beaudin en a saisi toutes les nuances. D'une voix angélique, elle atteint la perfection dans le «Pie Jesu», par la douceur mystérieuse et la suavité du timbre. La sobriété du baryton Aaron St. Clair Nicholson est un atout majeur et donne une consistance au «Libera me». Déplorons les cuivres approximatifs qui déparent quelque peu l'orchestre.
Der Abend (Le Soir), chœur a cappella de Richard Strauss, est une pièce tout à fait originale, sur un texte de Schiller, d'une complicité d'écriture inouïe. Le chœur a connu quelque défaillance – un mauvais départ – vite compensé, il est vrai, par la virtuosité de l'ensemble et le finale a été menée d'une main de maître par Jean-Marie Zeitouni.
Autre œuvre au programme, la Grande fugue de Beethoven, dans l'orchestration réalisée par Felix Weingartner et publiée en 1906. Le choix d'une telle œuvre était sans doute judicieux ; de plus, elle s'insère idéalement à la thématique de la soirée. Il est d'autant plus regrettable que les instrumentistes et le maestro ne parviennent pas toujours à rendre tous les attraits de cette double fugue aux variations complexes. L'orchestre joue sans nuances et s'embourbe trop souvent dans la structure polyphonique qui sollicite à l'extrême les possibilités techniques et expressives des instruments. Partout, on sent l'effort. Conçue comme finale du Treizième Quatuor (1825), c'est un univers parcouru de tensions, aux changements d'atmosphère à couper le souffle, qui exigeait un travail d'orfèvre. Malgré les réticences déjà mentionnées, retenons l'admirable Messe de Requiem et la ferveur d'un maître qui a su rendre justice à l'œuvre de Gabriel Fauré.
Crédit photographique : (c) DR
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Joliette. Amphithéâtre de Lanaudière. 21-VII-2006. Gabriel Fauré (1845-1924) Cantique de Jean Racine (orch. de J. -M. Zeitouni). Messe de Requiem, op. 48 (version 1893). Richard Strauss (1864-1949) Der Abend, op. 34 no 1. Ludwig van Beethoven (1770-1827) Grande fugue, op. 133 (orch. de F. Weingartner). Avec : Pascale Beaudin, soprano ; Aaron St. Clair Nicholson, baryton. Chœur de chambre du Festival. Orchestre de chambre du Festival, direction : Jean-Marie Zeitouni.