Christian Thielemann et les Berliner Philharmoniker jouent Hindemith, Busoni et Strauss
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Berlin. Philharmonie. 27-II-2021. Paul Hindemith (1895-1963) : Ouverture de l’opéra Neues vom Tage ; Ferruccio Busoni (1866-1924) : Tanz-Walzer op. 53 ; Johann Strauss II (1825-1899) : Künstlerleben op. 316 ; Richard Strauss (1864-1949) : Ständchen op 17 ; Freunliche Vision op. 48 ; Wiegenlied op. 41 ; Allerseelen op. 10 ; Zweignung op. 10 ; Morgen op. 27 ; Die Tageszeiten op. 76. Camilla Nylund, soprano. Chœur de la radio de Berlin. Orchestre Philharmonique de Berlin, direction : Christian Thielemann
Concert sans public, enregistré en direct, diffusé sur le site Digitalconcerthall
Dans ce concert qui vaut par l'excellence orchestrale des Berliner Philharmoniker, comme par la rareté des œuvres présentées, la soprano Camilla Nylund apporte sa part de rêve et d'émotion dans une interprétation magistrale des lieder de Strauss.
Un programme varié et contrasté, associant virtuosité et élégance orchestrales, romantisme et modernité, convoquant Paul Hindemith avec l'Ouverture orchestrale de l'Opéra Neues vom Tage, Ferruccio Busoni avec Tanz-Walser, Johann Strauss II avec Künstlerleben et un florilège de lieder straussiens dont le méconnu Tageszeiten pour chœur d'hommes, tous réunis dans un hommage à l'âge d'or de la musique allemande des années 1920.
L'opéra loufoque Neues vom Tage de Paul Hindemith, sorte d'opéra-comique mâtiné de spectacle de cabaret fut composé en 1928 sur un livret de Marcellus Schiffer. Très appréciée par Wilhem Furtwängler, son ouverture orchestrale fut donnée à maintes reprises par les Berliner Philharmoniker lors du règne berlinois du chef allemand. Elle intègre quelques accents jazzy et un saxophone dans son instrumentarium et déploie ses contrastes en trois parties bien distinctes : une entame jubilatoire qui fait la part belle à la splendide petite harmonie berlinoise (Emmanuel Pahud à la flûte traversière, Jelka Weber au piccolo, Albrecht Mayer au hautbois et Wenzel Fuchs à la clarinette), suivie d'un moment plus apaisé et mélancolique où dialoguent saxophone et basson avant une péroraison finale convoquant le tutti. Christian Thielemann par sa battue atypique inversée en souligne les contrastes et nuances dans un phrasé tout en relief afin d'en amplifier le coté sarcastique et parodique.
D'une grande élégance, légère et par instant presque galante, la Tanz-Walzer de Busoni se tend comme un pont entre romantisme et modernisme dans une synthèse qui n'est pas sans rappeler par son ambiguïté la Valse de Ravel. Christian Thielemann en majore, là encore, à l'envi les effets musicaux par un phrasé empreint de théâtralité, une agogique très fluctuante, une dynamique soutenue et une grande précision rythmique. Busoni dirigea lui-même cette œuvre face à la phalange berlinoise lors de sa création en 1921.
Künstlerleben (1867) de Johann Strauss II, sœur jumelle du Beau Danube bleu apporte, dans un clin d'œil, un intermède presque viennois, rappelant que la Tanz-Walser précédente fut dédiée précisément à Johann Strauss II par Busoni. On y apprécie le solo de cor introductif de Stephan Dohr, la souplesse et le cantabile du phrasé ainsi que le parfait équilibre entre tutti et performances solistiques individuelles.
Mais le grand moment de cette soirée est indiscutablement la magnifique interprétation de Camilla Nylund, straussienne reconnue, dans une série six lieder orchestraux de Richard Strauss. Ständchen révèle d'emblée la puissance, le timbre mordoré, le large ambitus et l'ampleur sonore de la soprano finlandaise. On admire la souplesse de la ligne, le legato et la diction irréprochable de Freunliche Vision avec ses aigus limpides, tandis que l'émotion atteint son climax dans un Wegenlied à faire pleurer les pierres, d'un souffle infini, en totale symbiose avec la cantilène du cor anglais de Christoph Hartmann. Allerseelen parait véritablement habité quand Zueignung fait montre d'un rare engagement vocal, avant que le célébrissime Morgen, (écrit pour Pauline, la femme du compositeur) ne conclut sur une sublime mélodie ce court récital accompagné de la harpe, du cor et du violon solo de Daniel Stabrawa.
Die Tageszeiten pour chœur d'hommes et orchestre, composé en 1928 sur quatre poèmes de Joseph von Eichendorff tirés des Wandererlieder apporte la touche finale à ce beau concert dans une sorte de longue méditation, impressionnante par son introduction a cappella comme par la clarté et la précision ainsi que par la beauté du chœur de la radio de Berlin.
Crédit photographique : Christian Thielemann © Stephan Rabold
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Berlin. Philharmonie. 27-II-2021. Paul Hindemith (1895-1963) : Ouverture de l’opéra Neues vom Tage ; Ferruccio Busoni (1866-1924) : Tanz-Walzer op. 53 ; Johann Strauss II (1825-1899) : Künstlerleben op. 316 ; Richard Strauss (1864-1949) : Ständchen op 17 ; Freunliche Vision op. 48 ; Wiegenlied op. 41 ; Allerseelen op. 10 ; Zweignung op. 10 ; Morgen op. 27 ; Die Tageszeiten op. 76. Camilla Nylund, soprano. Chœur de la radio de Berlin. Orchestre Philharmonique de Berlin, direction : Christian Thielemann
Concert sans public, enregistré en direct, diffusé sur le site Digitalconcerthall