L’instant lyrique de Jessica Pratt à la Salle Gaveau
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Paris. Salle Gaveau. 6-II-2021. Vincenzo Bellini (1801-1835) : « Qui la voce sua soave…Vien diletto è in ciel la luna » extrait de I Puritani, « Ah non credea mirarti… ah non giunge » extrait de La Sonnambula ; Gaetano Donizetti (1797-1848) « Madre deh placati… Ah di contento » extrait de Emilia di Liverpool, « Nel silenzio della sera… No non è ver mentirono » extrait de Linda di Chamounix, scène de la folie, extrait de Lucia di Lammermoor, Andante pour piano ; Alfredo Catalani (1854-1893) In sogno ; Leonard Bernstein (1918-1990) « Glitter and be gay » extrait de Candide. Avec : Jessica Pratt, soprano, Antoine Palloc, piano
Concert enregistré sans public et diffusé en direct
Après la fermeture regrettée de l'Éléphant Paname, les concerts de l'Instant Lyrique se sont réfugiés Salle Gaveau, mais, pandémie oblige, le récital de Jessica Pratt s'est déroulé à huis clos et en streaming. Cela nous donne malgré tout le plaisir d'entendre l'une des belcantistes actuelles les plus accomplies.
Jessica Pratt est folle ! C'est ainsi qu'on aurait aimé titrer ce compte-rendu, si cela n'avait pas risqué d'être abscons pour le lecteur. La cantatrice nous propose en effet dans leur intégralité cinq grandes scènes de folie, cheval de bataille des compositeurs de l'époque romantique, en particulier Bellini et Donizetti. De ces morceaux, trois sont bien connus, extraits des Puritains, de la Somnanbule et de Lucia de Lammermoor, ce dernier clôturant en beauté la soirée, les deux autres sont plus rares, provenant d'Emilia di Liverpool et de Linda di Chamounix. Chacun, donné avec récitatif, est d'une longueur qui nécessite une endurance hors normes, et d'une difficulté technique tellement stupéfiante, que c'est effectivement folie que de vouloir les enchaîner.
Quelques périodes de répit vocal sont quand même aménagées avec deux intermèdes pour piano, délivrés par l'accompagnateur consommé Antoine Palloc, l'andante pour piano de Gaetano Donizetti et In sogno d'Alfredo Catalani. C'est également lui qui remplace l'harmonica de verre, ou bien la flûte, pour la scène de la folie de Lucia di Lammermoor.
Mais ce récital démontre surtout que la virtuosité est gratuite si elle ne s'accompagne pas d'un supplément d'âme. Jessica Pratt, comme à son habitude, fait montre d'une technique accomplie. Sa virtuosité est époustouflante, ses traits d'agilité d'une précision absolue, et ses suraigus tout autant assurés que son médium est nourri. Tout est parfait, mais cela ne serait rien sans cette expressivité dramatique dont elle fait preuve et qui rend ces héroïnes si intenses, bien loin de tout pantin manichéen.
On souffre bien sûr de ne pas pouvoir manifester notre enthousiasme en direct, et on se surprend à applaudir seule, devant notre écran. Il est étrange dans ces circonstances de voir les interprètes accorder un bis non réclamé en direct, un « Glitter and be gay » plein de vie, tellement loin des folles morbides !
Crédit photographique : Jessica Pratt © L'Instant lyrique
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Paris. Salle Gaveau. 6-II-2021. Vincenzo Bellini (1801-1835) : « Qui la voce sua soave…Vien diletto è in ciel la luna » extrait de I Puritani, « Ah non credea mirarti… ah non giunge » extrait de La Sonnambula ; Gaetano Donizetti (1797-1848) « Madre deh placati… Ah di contento » extrait de Emilia di Liverpool, « Nel silenzio della sera… No non è ver mentirono » extrait de Linda di Chamounix, scène de la folie, extrait de Lucia di Lammermoor, Andante pour piano ; Alfredo Catalani (1854-1893) In sogno ; Leonard Bernstein (1918-1990) « Glitter and be gay » extrait de Candide. Avec : Jessica Pratt, soprano, Antoine Palloc, piano
Concert enregistré sans public et diffusé en direct