A l'heure où la crise sanitaire contraint les salles de spectacle à rester fermées, certaines institutions se débattent pour rester actives, vivantes et créatives. L'Opéra de Limoges est de ces maisons qui se réinventent pour faire face. Ainsi, les représentations de Rusalka de Dvořák mise en scène par Nicola Raab (coproduite avec l'Opéra du Rhin), qui devaient être un des temps forts de la saison ne pourront être jouées devant le public. Qu'à cela ne tienne, l'Opéra de Limoges s'est associé à France 3 pour produire un film pour la télévision (Oxymore production), réalisé par Arnaud Lalanne. Ce format hybride s'appuiera sur la captation de la mise en scène qui a eu lieu dans les murs de l'opéra le 29 janvier dernier, complété par des scènes tournées en extérieur. Le film devrait être un condensé (des coupures sont prévues) de cet opéra de l'émancipation.
Si la mise en scène ne nous avait pas totalement convaincu à Strasbourg, le casting sélectionné par l'Opéra de Limoges mérite que l'on prête une attention particulière à ce projet. Comme nous avons pu le constater lors de la captation, l'ondine Ruzan Mantashyan déploie un soprano opalescent et puissant assez intéressant pour ce rôle entre fragilité et fermeté d'âme. Le ténor Adam Smith compose un jeune Prince tiraillé tout à fait convaincant et son timbre très riche sur toute la tessiture confère beaucoup d'aplomb à sa composition. Splendide Jezibaba, perverse à souhait, de Marion Lebègue et découverte de l'impressionnante Marie-Adeline Henry, princesse étrangère tellurique et dévastatrice. Le tout dirigé par le captivant Pavel Baleff, nouveau chef principal de l'orchestre de l'Opéra de Limoges dès 2022, qui apporte les contrastes nécessaires à cette œuvre pour la sortir du conte de fée niaiseux. La date de diffusion du film n'est pas encore connue. (SB)