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Gioachino Rossini mode d’emploi. Chantal Cazaux. Éditions Premières loges. 239 pages. 28 €. Octobre 2020
Voici l’indispensable livre qu’on attendait sur Rossini. Les rédacteurs des ouvrages du XIXᵉ siècle, aveuglés par sa trop grande célébrité, ont plus célébré sa légende que la vérité historique et musicologique. Les suivants, intimidés par une longue période d’oubli, étaient trop brefs ou trop parcellaires.
La première partie est une biographie précise, débarrassée d’anecdotes plus ou moins douteuses, et replacée dans son contexte historique et musical. Non, Rossini n’a pas inventé le fameux tournedos; oui, c’était un séducteur; et malgré toutes ses réussites, il a vraiment souffert de dépression nerveuse ! Non, il n’a pas abandonné la musique après Guillaume Tell, il s’est consacré à d’autres formes !
La deuxième partie donne un éclairage pertinent sur l’esthétique du cygne de Pesaro, son fonctionnement artistique, que ce soit la vocalité échevelée de ses interprètes, le fameux crescendo rossinien, ou encore le sentiment d’ébriété hédoniste qui se dégage de ses œuvres. Tous ses opéras sans exception sont ainsi passés brièvement en revue, dans l’ordre chronologique, en dévoilant le cas échéant des passerelles entre les uns et les autres, et les restituant dans leur contexte.
On passe ensuite au plat de résistance, avec la description détaillée des dix-huit opéras les plus importants de Rossini, de Tancredi jusqu’à Guillaume Tell. Ces analyses nourries se déroulent selon le même plan : genèse et création, résumé de l’action, guide d’écoute, les personnages, les enjeux. Le contenu est riche et judicieux, et souvent passionnant. Cerise sur le gâteau, chacun de ces chapitres est agrémenté d’extraits que l’on peut télécharger via l’appli ASOpéra.
S’ensuit un choix, forcément partial, des chanteurs rossinien, depuis ceux de la création jusqu’aux plus récents, ainsi que des chefs qui s’y sont distingués, avec toujours un éclairage intelligent sur les enjeux musicaux.
Toujours aussi bien expliqué, et toujours aussi forcément partial, nous avons un aperçu des mises en scène marquantes des opéras de Rossini. Le reste est complété par une discographie, une vidéographie et une bibliographie des plus complète.
Ajoutons que ce petit livre est soigneusement iconographié.
Comme le dit et le démontre si justement Chantal Cazaux, Rossini est le compositeur qui nous a mené tout doucement du belcanto jusqu’à l’opéra romantique. Il valait bien un tel mode d’emploi. Voici donc, dans un style clair et enlevé, écrit d’une plume alerte, la référence qu’on attendait depuis trop longtemps. Indispensable, on vous dit !
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Gioachino Rossini mode d’emploi. Chantal Cazaux. Éditions Premières loges. 239 pages. 28 €. Octobre 2020
Premières loges