Bouleversante mélancolie anglaise par Théotime Langlois de Swarte et Thomas Dunford
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Œuvres de John Eccles (ca.1668-1735), Daniel Purcell (ca.1664-1717), Nicola Matteis (ca.1650-ca.1714), Young Nicola Matteis (ca.1675-1737), Henry Purcell (1659-1695), Henry Eccles (ca.1680-ca.1740). Théotime Langlois de Swarte, violon ; Thomas Dunford, luth. 1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en l’Église protestante allemande de Paris en février 2019. Livret français/anglais. Durée : 80:25
Harmonia MundiLe violon et le luth s'associent ici dans une vision très intime de la musique anglaise au tournant du XVIIIᵉ siècle, autour du thème de la folie amoureuse. Accueilli pour la première fois par le label Harmonia Mundi, ce duo inédit réunit avec bonheur deux musiciens parmi les plus talentueux de la jeune génération.
The Mad Lover est le titre d'une comédie de John Fletcher de l'époque élisabéthaine, reprise à la fin du XVIIᵉ siècle dans une version agrémentée de masques dont la musique a été confiée à John Eccles. C'est la rencontre avec cette musique et celle de Purcell qui a inspiré à Théotime Langlois de Swarte la construction de ce programme anglais, avec l'amicale complicité du luthiste Thomas Dunford pour la basse continue. Aux frères Henry et John Eccles se joignent ici les virtuoses du violon qu'étaient les Matteis père et fils. D'origine napolitaine, Nicola Matteis père a fait la majeure partie de sa carrière à Londres. Quant à son fils (qui porte le même prénom), il quitta l'Angleterre pour Vienne. Ses deux fantaisies pour violon solo que propose le programme de ce disque permettent de découvrir l'extraordinaire virtuosité de son écriture, parfaitement servie par la souplesse de l'archet du jeune violoniste. Sa Fantasia con discretione, toute en introspection, est un sommet de ce répertoire. Il a été dit à l'époque que Nicola Matteis le père « faisait parler son violon comme une voix humaine ». Il suffit d'écouter sa Sarabanda amorosa pour en être convaincu, particulièrement bouleversante dans les pianissimi du violon Jacob Steiner (1665) que Théotime Langlois de Swarte fait chanter avec une extrême poésie.
Le ground de John Eccles qui ouvre ce programme (et lui donne son nom) est construit sur un simple et émouvant tétracorde descendant au luth, qui prépare l'entrée du violon. Celui-ci vient déposer son chant d'une grande sensualité sur le lit des cordes pincées. Le balancement entre mineur et majeur nous fait pénétrer d'emblée dans un monde poétique, où la voix du violon chante les tourments amoureux. Le ton est donné, et nous restons bouleversés à l'écoute de la suite du programme que déroulent les deux magiciens. Les mouvements lents nous touchent infiniment, étirés à l'envie, dans un langage proche de l'improvisation. Quant aux variations sur des grounds traditionnels (sur le thème de la Folia pour Matteis ou celui de la chanson élisabéthaine John come and kiss me pour Henry Eccles), elles nous entraînent dans un tourbillon de virtuosité parfaitement maîtrisée. Du très grand art.
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Œuvres de John Eccles (ca.1668-1735), Daniel Purcell (ca.1664-1717), Nicola Matteis (ca.1650-ca.1714), Young Nicola Matteis (ca.1675-1737), Henry Purcell (1659-1695), Henry Eccles (ca.1680-ca.1740). Théotime Langlois de Swarte, violon ; Thomas Dunford, luth. 1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en l’Église protestante allemande de Paris en février 2019. Livret français/anglais. Durée : 80:25
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