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Trois chorégraphes contemporains pour le Ballet de l’Opéra

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Paris, Opéra Garnier. 13-XI-2020. Ballet de l’Opéra de Paris : Créer aujourd’hui.
Exposure (création). Chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui. Musique : Woodkid, arrangement original de Victor Le Masne pour piano, violoncelle et voix. Costumes : Chanel. Lumières : Fabiana Piccioli
Clouds inside (création). Chorégraphie : Tess Voelker. Musique : Nick Drake, Jose Gonzales
Et si (création). Chorégraphie : Mehdi Kerkouche. Musique originale : Guillaume Alric. Stylisme : Guillaume Boulez.
Lumières : Fabiana Piccioli . Avec les Premiers danseurs et le corps de ballet de l’Opéra national de Paris
Spectacle sans public diffusé en direct sur Facebook Live, Réalisation : Louise Narboni

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4900 spectateurs ont assisté en direct sur l'écran de leur ordinateur à une triple création mondiale, dans le cadre du Livestream sur la page Facebook de l'Opéra de Paris du programme Créer aujourd'hui. , et ont joué le jeu du proscenium et de la création filmée en direct, par des interprètes du Ballet de l'Opéra de Paris incandescents.

C'est Exposure, la création de qui ouvre cette soirée exceptionnelle à plus d'un titre. Après s'être un peu promenée dans les espaces publics ou le foyer de l'Opéra Garnier, la caméra pénètre enfin dans la salle, dévoilant les préparatifs du spectacle. Danseurs s'échauffant, techniciens équipant les musiciens, les coulisses se dévoilent peu à peu. Quand le spectacle commence, le proscenium semble un peu petit pour ces danseurs en noir et blanc, dans des costumes griffés Chanel, sur un tapis de sol blanc et un fond, également blanc, flanqué de deux moniteurs vidéo. L'image joue un rôle important dans cette création, Exposure, consacrée à l'exposition – au sens photographique du terme. Un vidéaste présent sur le plateau suit au plus près des corps les évolutions des danseurs, bougeant presque avec eux. D'autres caméras filment en plans plus larges l'ensemble de la scène, se rapprochant aussi parfois des danseurs.

La chorégraphie très fluide et sensuelle de épouse les danseurs avec subtilité. Elle ne surligne jamais, mais découpe les silhouettes devant un fond sur lequel se projettent des images vidéo. La voix céleste de , dont plusieurs chansons extraites de l'album S16 ont été choisies pour la musique, est accompagnée au violoncelle et piano, eux aussi placés à l'avant-scène. , , et Eleonore Guérineau se sont vu confier les rôles principaux, avec de jeunes danseurs qui les accompagnent avec un plaisir évident. Certains sont masqués de noir, d'autres pas, sans que les raisons de ce choix soient clairement explicites. C'est le moment des saluts qui est le plus troublant, puisque dans la salle, aucun applaudissement ne surgit. Il faut attendre le retour des danseurs dans la coulisse – les loges ont été installées dans les couloirs d'accès à la salle, côté public, pour qu'une partie de l'équipe artistique et de direction félicite les danseurs pour leur performance.

Pas d'entracte, confinement oblige, le changement de scénographie a lieu à vue, ce qui permet de découvrir en images le chemin qu'emprunte le piano de l'avant-scène à la fosse. Dans la salle, pour compenser l'absence des spectateurs, des personnages de néons se sont installés dans certains des fauteuils. Une présence fantomatique qui n'est pas sans rappeler l'hologramme projeté durant les entractes la saison dernière à l'occasion des 350 ans de l'Opéra de Paris.

C'est un duo, Clouds inside, que , danseuse américaine faisant partie du , a écrit pour Marion Gautier de Charnacé et Antonin Monié, sur Cello Song, dans la version originale de Nick Drake, et celle de José Gonzalez. La danse est familière, reflétant des gestes du quotidien, comme la marche, avec une certaine juvénilité. Comme la création de Sidi Larbi Cherkaoui, Clouds inside semble revendiquer douceur et légèreté, une manière sans doute de lutter contre la pesanteur de l'époque de crise sanitaire que nous vivons. Un duo léger comme une bulle de savon, simplement charmant. La danseuse, en coulisses, avoue qu'elle n'était pas remontée sur scène depuis un an, par l'effet cumulé des grèves et des conséquences du Covid.

, chorégraphe de Et si, a été révélé en 2018 par le festival Karavel, la télévision et les réseaux sociaux. Enseignant, danseur et acteur, il est également chorégraphe, notamment pour la chanteuse Christine and the Queens. Il est invité pour la première fois à créer pour les danseurs de l'Opéra de Paris. Comme ses condisciples, il s'exprime en voix off sur des images qui le montrent dansant dans la rotonde des abonnés, en préambule de sa création pour dix danseurs. signe la musique originale de ce ballet choral et énergique, pour une tribu éphémère de danseurs. Tatouages, cheveux tressés, regards de défi, les danseurs s'inscrivent physiquement dans l'univers intense du jeune chorégraphe et répondent à ses propositions avec la même fraîcheur et la même authenticité.

Le spectacle permet de révéler une nouvelle génération de danseurs que nous connaissons à peine, de chorégraphes qui travaillent pour la première fois à Garnier, bref, un nouveau Ballet de l'Opéra de Paris pour un répertoire inédit. La compagnie se transforme sous nos yeux, s'éloignant de plus en plus du modèle académique porté par la génération des étoiles, entretenant et diffusant un répertoire chorégraphique vieux de plus de deux siècles. Sans doute est-ce, depuis le départ de , qui savait conjuguer la conservation du répertoire classique et le risque de la radicalité contemporaine, la marque cumulée de et d' et leur goût pour une danse plus malléable, moins brutale, plus dans l'air du temps. Un parti pris agréable, mais dont il ne restera sans doute rien quand on se souviendra de la danse de 2020.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

Mis à jour le 17/11/2020 à 18h05

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Clouds inside (création). Chorégraphie : Tess Voelker. Musique : Nick Drake, Jose Gonzales
Et si (création). Chorégraphie : Mehdi Kerkouche. Musique originale : Guillaume Alric. Stylisme : Guillaume Boulez.
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