Les accents contestataires de Chostakovitch par Ariane Matiakh et l’Orchestre National de Montpellier
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Montpellier. Opéra Berlioz–Le Corum. 12-V-2006. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°7 en ut majeur op. 60. Orchestre National de Montpellier, direction : Ariane Matiakh.
Les débats entre les tenants d'un Chostakovitch fidèle au Parti et ceux d'un compositeur courageusement dissident sont encore loin d'être clos.
En effet, s'il se soumettait, au moins en apparence, au régime communiste, sa musique n'a pas cessé de démentir cette appartenance. La Symphonie n°7 en particulier, commencée l'été 1941 et achevée en décembre, en pleine invasion allemande, franchit régulièrement la « ligne du parti ». Au cœur de la partition, le rythme militaire cède devant les accents contestataires de Chostakovitch. L'immense succès que remporte l'œuvre la voit circuler très rapidement à Moscou, à Londres. Le 9 août 1942, elle est jouée dans Leningrad assiégée et le dramaturge Alexander Kron rapporte que « Les gens qui ne savaient plus comment pleurer de chagrin et de misère, pleuraient encore de pure joie ».
Il est un art particulier à l'œuvre dans un concert – et art à part entière – celui de la direction. Art qu'Ariane Matiakh a fait sien, et dont elle a donné une leçon magistrale à Montpellier où elle est chef assistant, en dirigeant la Symphonie n°7 de Chostakovitch. Après avoir étudié la direction à Reims et à Vienne, Ariane Matiakh possède déjà sa « patte ». La gestique est précise et ferme, mécanique au bon sens du terme. Elle utilise beaucoup sa main gauche en complément à sa baguette, s'adresse clairement aux différentes parties d'orchestre, désigne les percussionnistes et connaît chaque moment où ils doivent intervenir. Rien n'est laissé au hasard et il semble que la partition l'habite. De cette rigueur naît une très bonne cohésion de tout l'orchestre, en particulier dans l'Allegretto et le finale, et l'exercice était difficile avec cette œuvre qui nécessite une formation très nombreuse… Les cordes et les cuivres se montrent excellents, les bois par moment un peu plus en peine, les lancinantes percussions parfaites.
La jeune chef fait lever la moitié des pupitres et reçoit une ovation méritée pour ce qui fut dans l'ensemble un des plus beaux concerts de l'Orchestre National de Montpellier depuis longtemps.
Crédit photographique : © Euterp / Montpellier
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Montpellier. Opéra Berlioz–Le Corum. 12-V-2006. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°7 en ut majeur op. 60. Orchestre National de Montpellier, direction : Ariane Matiakh.