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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto en ré mineur BWV 974 d’après le concerto pour hautbois et cordes d’Alessandro Marcello. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Variations sur un thème de Corelli op. 42. Luigi Dallapiccola (1904-1975) : Quaderno musicale di Annalibera. Franz Liszt (1811-1886) : St. François d’Assise : La Prédication aux oiseaux, extrait des Légendes S.175 n° 1 ; Après une lecture du Dante : Fantasia quasi sonata. Alessio Bax, piano. 1 CD Signum Classics. Enregistré au Studio Britten, Snape Maltings, Snape, Suffolk, Royaume-Uni, en décembre 2018. Textes de présentation en anglais. Durée : 64:33
Signum ClassicsNé en 1977, Alessio Bax remporte à vingt ans le 3e Concours international de piano Hamamatsu, et en 2000 le 13e Concours international de piano de Leeds. Il entreprend ici un voyage imaginaire à travers les paysages sonores d'Italie.
Il semblerait qu'il ne soit pas possible de trouver le dénominateur commun entre les musiques baroques (Marcello / Bach), romantiques (Liszt), néoclassiques (Rachmaninov) et avant-gardistes (Dallapiccola). Il s'avère que ce n'est pas si difficile que cela : toutes les œuvres enregistrées sur ce disque sont plus ou moins liées à l'Italie. D'abord, à Bach qui apprit beaucoup des Italiens, ayant étudié les partitions d'Arcangelo Corelli, de Giuseppe Torelli, d'Antonio Vivaldi et… d'Alessandro Marcello dont il transcrivit le Concerto pour hautbois et cordes en ré mineur pour son clavecin, vers 1713-1714. Sous les doigts d'Alessio Bax, cette composition se pare d'élégance et de noblesse. Si les premier et troisième mouvements s'imprègnent de brio, rendu plus fort encore par une belle richesse d'articulation dans les motifs rythmiques dynamiques, la partie médiane se teinte d'une ineffable poésie.
D'ailleurs, ce Corelli aura inspiré à Sergueï Rachmaninov les Variations op. 42, un recueil de vingt-deux morceaux élaborés sur la Sonate pour violon et basse de violon ou clavecin op. 5 n° 12, elle-même prenant modèle sur les Folies d'Espagne, l'un des plus anciens thèmes musicaux en Europe. Façonnées en 1931 pendant le séjour du pianiste dans la villa « Le Pavillon » à Clairefontaine-en-Yvelines, située au cœur de la forêt de Rambouillet, ces variations constituent sa seule œuvre « française ». C'est un véritable cocktail musical, faisant penser, par son écriture, tantôt aux compositeurs romantiques (comme Chopin ou Liszt), tantôt aux genres contemporains de Rachmaninov, notamment au jazz. Leur esthétique est souvent qualifiée de postromantique, mais dans l'interprétation donnée par Alessio Bax, nombre des variations présentent des aspects typiquement néoclassiques, dévoilant des sonorités sèches, soulignées par la clarté des rythmes, des structures et des textures, et ce, dans un grand éventail d'atmosphères.
Bax passe ensuite au Quaderno musicale di Annalibera de Luigi Dallapiccola, un recueil (littéralement un « cahier ») de onze miniatures pour piano de 1952, dédiées à la fille de celui-ci, Annalibera, à l'occasion de son huitième anniversaire. Il s'agit de pages atonales représentatives du dodécaphonisme, associant – comme chez Bach – la rigueur technique à la profondeur expressive. Oscillant entre des vignettes hyper-expressionnistes et une ingéniosité contrapuntique, elles nous font percevoir de saisissants contrastes de climats. À l'écoute, la sévérité, mais aussi le lyrisme et la tendresse caressent nos oreilles dans une large palette de demi-teintes.
L'album se clôt sur les compositions de Franz Liszt. Dans St. François d'Assise : La Prédication aux oiseaux, Alessio Bax confirme qu'il est un coloriste raffiné, qui subjugue par sa palette de nuances. Combinant délicatesse du toucher et éloquence du propos, il livre une prestation narrative démontrant que cette musique, écrite en 1863, est une préfiguration de l'impressionnisme. Pour Après une lecture du Dante : Fantasia quasi sonata, achevée en 1849, la lecture de Bax confine au génie. Le pianiste y impressionne par son sens du panache, la netteté des attaques, sa cohérence, l'ampleur de sa respiration comme par la beauté de ses sonorités. Très tendu dans cette interprétation, il balance entre la douceur des fragments lyriques soumis à des tempos lents et la virtuosité des climax, grandioses, tonitruants, voire foudroyants, galvanisant par la perfection technique et par la terreur qu'évoquent les tritons qui renvoient aux cercles infernaux de la Divine Comédie de Dante Alighieri. Tout est ici parfaitement mesuré : les fluctuations du mouvement comme les gradations dynamiques. Le toucher du soliste est cristallin, perlé dans les aigus et marmoréen dans les graves, électrisant jusqu'au dernier accord. Pas moins passionné qu'Arcadi Volodos, Bax offre encore plus de finesse que ce dernier.
Voici un disque qui ne devrait pas passer inaperçu, magnifié par la grâce d'un musicien hors pair dont les futures réalisations sont absolument à suivre.
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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto en ré mineur BWV 974 d’après le concerto pour hautbois et cordes d’Alessandro Marcello. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Variations sur un thème de Corelli op. 42. Luigi Dallapiccola (1904-1975) : Quaderno musicale di Annalibera. Franz Liszt (1811-1886) : St. François d’Assise : La Prédication aux oiseaux, extrait des Légendes S.175 n° 1 ; Après une lecture du Dante : Fantasia quasi sonata. Alessio Bax, piano. 1 CD Signum Classics. Enregistré au Studio Britten, Snape Maltings, Snape, Suffolk, Royaume-Uni, en décembre 2018. Textes de présentation en anglais. Durée : 64:33
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