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Le Temps retrouvé, retour de la musique à Radio France

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Paris. Auditorium de Radio France. 06-VI-2020. Benjamin Britten (1913-1976) : Fanfare for Saint Edmundsbury. Gilles Mercier, Jean-Pierre Odasso, Javier Rossetto, trompettes. Arvo Pärt (*1935) : Cantus in memoriam Benjamin Britten. Spiegel im Spiegel. Ji Yoon Park, violon ; Catherine Cournot, piano. Richard Strauss (1864-1949) : Capriccio, Sextuor. Metamorphosen. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Kent Nagano

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Après trois mois sans musicien ni musique, l'Auditorium de Radio France renaît dans le cadre d'un cycle intitulé Le Temps retrouvé : des concerts avec petits orchestres, émaillés de pièces de chambre. L' assure la première, dirigé par .

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Il faut limiter les contacts, maintenir les musiciens à distance, et pour le moment tenir le public à l'écart, mais le monde ne peut vivre longtemps sans musique. Alors comme la Philharmonie quelques jours plus tôt, Radio France reprend les concerts, enregistrés pour être regardés et écoutés sur internet, tandis que dans la salle, une poignée de journalistes, dont nous avons le privilège d'être, se tient cachée en fond de parterre.

Ni le directeur musical du Philharmonique, ni celui tout juste démissionnaire du National ne sont prévus, c'est donc à , résident à Paris, d'introduire la reprise. Le programme dure exactement une heure, intelligemment construit autour d'une fanfare – partie faite pour annoncer un commencement – puis d'un cantus, avant trois œuvres autours de la réflexion et de la lumière au sortir des ténèbres.

Nagano entre sur plateau, mais celui-ci reste noir et seule l'arrière-scène s'éclaire, par trois faisceaux dédiés chacun à un trompettiste, Gilles Mercier, Jean-Pierre Odasso et Javier Rossetto, chauffés à blanc pour livrer la courte Fanfare for Saint Edmundsbury de Britten, sans la moindre faille. Puis la scène se dévoile, et , la cloche passée, lance les cordes pour le Cantus in memoriam , traité dans la pureté très identifiable du style d', tout juste revenu à l'ouvrage après près de dix années d'interruption. Le Sextuor du Capriccio de est ensuite joué en fond de scène, comme une musique de chambre, fait dommageable puisqu'il n'en est pas une à proprement parler, mais bien une ouverture d'opéra, pour laquelle les instrumentistes auraient sans doute mis moins de temps à se coordonner, s'ils avaient eu la battue précise du chef comme point de repère.

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Retour au compositeur estonien avec une œuvre en miroir, comme la précédente daté de sa période de reprise après une décennie de silence, vers 1977-78. La nouvelle première violon de l'orchestre, , tient la partie principale de Spiegel im Spiegel, parfaitement traitée dans un rythme ternaire maintenu par le piano de . Puis Nagano fait une pause silencieuse, sans doute pour s'ôter les trois temps que l'on a encore tous en tête, avant de lancer les cordes graves de son groupe de vingt-trois musiciens, prévus pour les Metamorphosen de . Le chef, qui devait justement diriger en ce moment une nouvelle production de Strauss, Elektra à Hambourg, trouve dans l'ultime partition du compositeur une réponse aux ténèbres, à l'époque d'une guerre mondiale achevée quelques années plus tôt, aujourd'hui en regard de la situation sanitaire. Alors que la musique s'est éteinte dans le monde entier pour quelques mois, elle renaît maintenant avec le besoin de combattre pour sa survie. Le geste ample et naturel ne cherche pas d'excès de tension ; il démontre une vision intellectuelle soignée et précise, faite pour raviver la flamme d'un monde mis à mal.

Crédits photographiques : © Christophe Abramowitz / Radio France

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