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À Paris, Andris Nelsons et les Wiener Philharmoniker célèbrent Beethoven dans la tradition

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 25-II-2020. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21 ; Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36 ; Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 55 dite « Eroica »
26-II-2020 : Symphonie n° 4 en si bémol majeur op. 60 ; Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67. Wiener Philharmoniker, direction : Andris Nelsons

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Dans la droite ligne de leur récent enregistrement pour DG, et l' proposent au public parisien du Théâtre des Champs-Élysées une nouvelle intégrale des symphonies de Beethoven.

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Après les nombreux « Beethoven Zyklus » donnés partout de par le monde, sous la direction d'illustres baguettes comme celle de Furtwängler en 1948 (première intégrale à Londres) ou encore de Karajan en 1959 pour une tournée mondiale, et pas moins de sept intégrales enregistrées au disque (Hermann Scherchen en 1959, Hans Schmidt- Isserstedt en 1965-1969, Karl Böhm en 1970-1972, Leonard Bernstein en 1980, Claudio Abbado en 1985-1988, Simon Rattle en 2002, Christian Thielemann en 2010 et en 2020), il n'est pas hasardeux d'affirmer que la »fibre beethovénienne » est inscrite au plus profond du génome de l'illustre phalange viennoise, fondée en 1842 par Otto Nicolai. La présente édition est la quatrième réalisée en France par les Wiener Philharmoniker, après celles menées par Carl Schuricht en 1956 à Lyon, par Claudio Abbado en 1988 à Pleyel, par Christian Thielemann et aujourd'hui au TCE où l'orchestre est en résidence. Concernant le jeune chef letton, sa première rencontre avec les « Viennois » remonte à 2010, renouvelée en tournée à plusieurs reprises depuis (on se souvient d'une mémorable « Pastorale » en 2017 à Paris) jusqu'au dernier concert du Nouvel An à Vienne, en 2020.

La trilogie symphonique initiale occupe le premier concert. Intéressante puisque retraçant le chemin qui conduit de l'héritage de Haydn à l'esprit héroïque, typiquement beethovénien, qui ne manquera pas de se confirmer dans les symphonies suivantes. Tout un itinéraire parfaitement tracé par Andris Nelsons dans une interprétation qui jamais ne surprend par ses objectifs, parait parfois inconstante dans sa réalisation, mais qui toujours impressionne par la superbe sonorité de la prestigieuse phalange viennoise.

La Symphonie n° 1 semble constituer un tour de chauffe par son regard un peu passéiste. Tout semble dit dès les premières mesures de l'Adagio inaugural : le Philharmonique de Vienne est, ce soir, en grande forme ! Sonorité, couleurs, performances solistiques individuelles (cordes, petite harmonie) s'y conjuguent avec bonheur dans un premier mouvement à la dynamique pleine d'allant, au phrasé contrasté reposant sur des appuis rythmiques bien marqués (timbales). L'Andante, soutenu par une rythmique trop véhémente, manque, a contrario, singulièrement de cantabile, de lyrisme et de sérénité pour convaincre totalement. En revanche le Menuetto, emporte l'adhésion par son relief (timbales) et son agogique pertinente, tandis que le Finale brillant et allègre met en avant la réactivité de l'orchestre et la précision des attaques de cordes.

Plus réussie, la Symphonie n° 2 sonne d'emblée « plus beethovénienne » : le relief se creuse, les couleurs s'accentuent et la dynamique s'emballe sous la baguette de Nelsons. Le premier mouvement se charge de gravité et d'attente sous les assauts répétés des timbales, des cordes et de la petite harmonie dans un phrasé quasi opératique. Le Larghetto suivant, plein de charme, fait valoir un quatuor très lyrique (altos, violoncelles), une petite harmonie de haute volée (clarinette, basson) dans un dialogue intense et contrasté aux couleurs tantôt mystérieuses, tantôt étonnamment dansantes et cantabile. A l'inverse, le Scherzo déçoit par une certaine platitude avant que le Finale ne renoue avec une dynamique fougueuse et haletante d'une phénoménale énergie.

La Symphonie n° 3 « Eroica » qui conclut ce premier concert (après le renouvellement de la quasi-totalité des pupitres) poursuit dans la même veine associant énergie, tension et clarté orchestrale. Si l'Allegro con brio oppose dans un beau contraste, le legato de cordes et les martèlements rythmiques, la Marche funèbre constitue, à n'en pas douter, le plus grand moment de cette soirée : hautbois méditatif, cordes éblouissantes de profondeur, tous deux associés dans une plainte élégiaque (violoncelles avec timbales en soutien) qui porte l'émotion et le dramatisme à l'acmé dans une lecture d'une éloquence poignante qui semble, pour la première fois, totalement habitée. Le Scherzo marque un moment de détente bien venu en entrelaçant la course staccato des cordes et les appels de cor (dont on notera la sonorité verte si particulière à cet orchestre). L'Allegro conclusif, conquérant, conduit à une coda grandiose signant le triomphe final, en même temps que la naissance du Beethoven de la maturité…

Le concert suivant présente deux symphonies de la période médiane du maître de Bonn : deux œuvres bien différentes, la Symphonie n° 4 et la Symphonie n° 5 dont la mise en miroir offre un contraste saisissant, dans leur inspiration comme dans leur réalisation.

Toute nimbée de joie, la Symphonie n° 4 fut composée par un Beethoven amoureux de Thérèse de Brunswick. Œuvre heureuse et sans ombre dont Andris Nelsons s'empare avec panache. L'Adagio initial du premier mouvement, maintenu en suspens (comme dans les symphonies n°1 et 2) fait la part belle au basson de , avant de céder place à un Allegro qui séduit par son énergie jubilatoire (magnifique crescendo). L'Adagio porte ensuite son message d'amour, sans mièvrerie, mais avec profondeur, en s'appuyant sur la clarinette, les cordes, les cors et les timbales avant que le Scherzo et l'Allegro final ne retrouvent une dynamique pleine de vigueur concluant cette très belle interprétation.

La célébrissime Symphonie n° 5 conclut le concert sur une note on ne peut plus classique, ce dont témoigne l'entame du premier mouvement sur le trop fréquent rallentando (thème du Destin), suivi d'un Allegro puissant et bien structuré. L'Andante, malgré de belles nuances est conduit sans passion ni fil conducteur, ne dégageant que peu d'émotion et paraissant par instant comme déliquescent. Seuls les 3e et 4e mouvements, Allegro, joués enchaînés ravivent l'intérêt par l'ampleur sonore (trombones) et la solennité dégagés (cuivres, timbales, contrebasses) avant une coda qui éblouit par sa force tellurique.

En bref, un début d'intégrale d'un classicisme attendu (Vienne oblige…) qui s'inscrit dans la tradition et qui vaut surtout par la qualité superlative de l'orchestre.

Crédit photographique : Andris Nelsons © Marco Borgreeve

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 25-II-2020. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21 ; Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36 ; Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 55 dite « Eroica »
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