Orliński à la Cité musicale de Metz dans son programme « Facce d’amore »
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Metz. Grande salle de l’Arsenal. 13-I-2018. Francesco Cavalli (0602-1676) : sinfonia et « Erme e solinghe cime … Lucidissima face » extraits de La Calisto ; Giovanni Antonio Boretti (c.1640-1672) : « Chi scherza con amor » extrait de Eliogabalo, sinfonia et « Crudo amor non hai pieta » extraits de Claudio Cesare ; Giovanni Bononcini (1670-1747) : « Infelice mia costanza » extrait de La Costanza non gradita nel doppio amore d’Aminta, sinfonia extraite de La Nemica d’amore fatta amante ; Luca Antonio Predieri (1688-1767) : « Finche salvo e l’amor suo » et « Dovrian quest’occhi piangere » extraits de Scipione Il giovane ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : « Ah stigie larve … Vaghe pupille » extrait de Orlando, « Spera che tra le care gioie » extrait de Muzio Scevola ; Johann Adolph Hasse (1699-1783) : « Sempre a si vaghi rai » extrait de Orfeo ; Francesco Bartolomeo Conti (1681 ou 1682-1732) : « Odio, vendetta amore » extrait de Don Chisciotte ; Matteis Nicola (1650-1714) : Ballo dei Bagatellieri extrait de Don Chisciotte in Siera Morena ; Giuseppe Maria Orlandini (1676-1760) / Johann Mattheson (1681-1764) : « Che m’ami ti prega » extrait de Nerone. Jakub Józef Orliński, contreténor. Ensemble Il Pomo d’Oro, direction : Francesco Corti
Physique de jeune premier, beauté du timbre, égalité des registres, Jakub Józef Orliński a tout. Sans doute manque-t-il encore au jeune contreténor, pour compter parmi les plus grands, la capacité qu'ont ses concurrents à susciter et à varier les émotions par les colorations de la voix. Mais que de promesses à confirmer !
Il se présente sur la scène en conquérant, sûr de son triomphe ! Nul besoin, pour notre nouvelle star du baroque, de petite ritournelle instrumentale pour faire patienter le public. Succombant aux sourires, aux œillades et aux prises de parole de Jakub Józef Orliński, celles et ceux qui ont bravé les frimas lorrains sont de toute façon acquis d'avance à la cause, tant le contreténor polonais est précédé d'une flatteuse réputation. Quelques mots en anglais pour se féliciter de se produire dans une salle aussi prestigieuse que celle de l'Arsenal donnent un nouvel élan à une opération « charme » menée de main de maître. Le joli costume d'une agréable couleur verte, élégamment arboré, contribue lui aussi au succès de l'entreprise de communication.
Le programme du concert est peu ou prou celui du dernier CD de l'artiste. Séance de ventes et de dédicaces prévue en fin de concert. Le jeune artiste, très en voix, chante sans partition les onze morceaux programmés, auxquels se rajoutent ensuite trois généreux bis. On le sait, l'organe vocal de Jakub Józef Orliński est de la plus grande qualité. Doté de graves barytonnants de belle ampleur, il parvient à unifier impeccablement les registres et gratifie le public d'aigus ronds, chauds et rayonnants, parfaitement soudés aux notes plus basses de la voix. Si le jeune chanteur n'a sans doute pas encore la virtuosité et l'agilité de certains de ses aînés (Jaroussky, Fagioli…), il n'en démontre pas moins dans certains airs sa capacité à vocaliser avec justesse, précision et célérité. Que ceux qui en douteraient entendent l'air de Haendel extrait de Riccardo Primo « « Agitato da fiere tempeste », donné en deuxième bis, pour s'en convaincre. L'artiste, dont la voix dispose d'un volume enviable que ne possèdent pas certains de ses concurrents, est capable également d'une messa di voce de toute beauté. Tant de qualités augurent évidemment d'un bel avenir musical. Sans doute conviendrait-il encore, surtout pour un programme thématique consacré aux diverses facettes de l'amour (facce d'amore), de diversifier l'expression et de pousser plus avant le travail de coloration de la voix. En dépit de la variété des situations dramatiques évoquées dans un programme riche et intelligemment construit, l'interprétation des airs n'exclut pas une certaine uniformité qui pourrait à la longue, par le manque d'émotion éprouvé par l'auditeur, susciter quelque ennui. Ce défaut en tout cas n'est pas imputable aux instrumentistes de l'ensemble Il Pomo d'Oro, dirigé depuis le clavecin par son chef Francesco Corti. Même les solos instrumentaux donnés entre les airs, notamment le vivifiant « Ballo dei Bagatellieri » du Don Chischiotte in Siera Morena de Nicola Matteis auront animé une belle soirée qui confirme tout le talent d'une jeune artiste aux mille promesses, mais encore perfectible.
Crédit photographique : Jakub Józef Orliński © Jiyang Chen
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Metz. Grande salle de l’Arsenal. 13-I-2018. Francesco Cavalli (0602-1676) : sinfonia et « Erme e solinghe cime … Lucidissima face » extraits de La Calisto ; Giovanni Antonio Boretti (c.1640-1672) : « Chi scherza con amor » extrait de Eliogabalo, sinfonia et « Crudo amor non hai pieta » extraits de Claudio Cesare ; Giovanni Bononcini (1670-1747) : « Infelice mia costanza » extrait de La Costanza non gradita nel doppio amore d’Aminta, sinfonia extraite de La Nemica d’amore fatta amante ; Luca Antonio Predieri (1688-1767) : « Finche salvo e l’amor suo » et « Dovrian quest’occhi piangere » extraits de Scipione Il giovane ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : « Ah stigie larve … Vaghe pupille » extrait de Orlando, « Spera che tra le care gioie » extrait de Muzio Scevola ; Johann Adolph Hasse (1699-1783) : « Sempre a si vaghi rai » extrait de Orfeo ; Francesco Bartolomeo Conti (1681 ou 1682-1732) : « Odio, vendetta amore » extrait de Don Chisciotte ; Matteis Nicola (1650-1714) : Ballo dei Bagatellieri extrait de Don Chisciotte in Siera Morena ; Giuseppe Maria Orlandini (1676-1760) / Johann Mattheson (1681-1764) : « Che m’ami ti prega » extrait de Nerone. Jakub Józef Orliński, contreténor. Ensemble Il Pomo d’Oro, direction : Francesco Corti