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Dialogue de chants mozarabes et andalous à l’abbaye de Royaumont

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Royaumont. Abbaye. 22-IX-2019, 15h. Luminescence (Création 2019). Amir ElSaffar : trompette, santur, chant, composition et direction artistique ; Gema Caballero, chant flamenco ; Dena ElSaffar, alto, joza ; Morenzo Binachi Hoesch, électonique ; Pablo Martin Jones, percussions ; Vanesa Aibar, danse ; Vincent Mahey

16h30 : Samaa marocain et chant Mozarabe de Tolède. Ensemble Organum, direction Marcel Pérès

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Deux concerts à l'abbaye de Royaumont tournés vers la vielle Espagne, teintés de chant et de danse flamenco en écho à des mélodies andalouses et mozarabes, offraient une large palette de climats colorés dans la belle acoustique du réfectoire des moines. Une création, Luminescence, à base d'électronique apportait un intérêt tout particulier à cette manifestation.

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L'arrivée à l'abbaye de Royaumont est toujours un moment privilégié avec son parc au teintes jaunissantes d'un automne commençant. Après avoir traversé le cloître, la belle salle du réfectoire, aménagée en salle de concert, nous accueille. Un premier concert à 15h initialement prévu en plein air mais rapatrié à l'intérieur pour cause de météo défavorable nous convie à une création, Luminescence, commande de la Fondation Royaumont. Artiste en résidence, Amir ElSaffar a réuni pour l'occasion une chanteuse flamenco à la voix nuancée et raffinée dont les élans seront intégrés peu à peu dans une couleur électronique à base d'amplifications et échos divers créant des ambiances parfois très avant-gardistes. Une altiste utilisant son instrument à la manière du violon arabe apporte tour à tour un contre chant harmonieux et des effets de percussion, alors que le chef chante et joue divers instruments dont le santur (cithare ancienne) et la trompette. Les sons sont travaillés et parfois modifiés par l'électronique. La batterie elle, est traitée avec des sons rappelant les vielles percussions moyen-orientales grâce à des mailloches sourdes. Une nouvelle fois l'électronique, réglée par Vincent Mahey, lie l'ensemble en un son parfois très puissant notamment sur les percussions.

La grande originalité de cette création qui mêle musicalement toute une tradition arabo-andalouse et des sons modernes préparés et travaillés par des techniques contemporaines est d'avoir inclus la danse. Jeune étoile montante de la danse flamenca, Vanessa Aibar conquiert véritablement le public par quelques improvisations initiales, lentes et sensibles. Par la suite les rythmes serrés et endiablés du flamenco l'entraînent dans une frénésie où l'émotion atteint son comble. La force, la précision, les crépitements des talons sur l'estrade, les mouvements rapides du corps et de la robe opulente offrent une chorégraphie de grande classe. Loin de tout aspect folklorique souvent lié aux représentations de la danse flamenca, ce spectacle croise harmonieusement les différents courants artistiques de l'Espagne ancienne et du Maghreb sous l'éclairage d'un son inouï et novateur.

Le deuxième concert de l'après-midi est consacré au chant Samaa et Mozarabe. De retour à Royaumont, qu'il a beaucoup fréquenté par le passé lors de résidences, propose un rapprochement musical entre le Samaa marocain (écoute pieuse) chanté par les communautés musulmanes et le chant latin mozarabe (ou arabisé) des chrétiens sous la domination arabe après 711 en Andalousie. Ces deux sources musicales se sont développées à une même époque dans le sud de l'Espagne du XVᵉ siècle. Beaucoup d'analogies musicales unissent ces chants tournés vers une expression spirituelle, exprimant l'invocation qui relie l'homme à ce qui transcende sa condition, au delà de la pensée strictement religieuse.

Le choix de d'intégrer pour ce programme spécifique deux chanteurs marocains à son ensemble habituel est particulièrement judicieux, par le mélange à la fois des cultures et des timbres de voix. Le Samaa comportant un dynamisme particulier exalte de ce fait le chant mozarabe qui est porté par une énergie nouvelle et insoupçonnée. L' crée une ambiance de sérénité, d'abandon parfois créant un sentiment d'éternité confiante. Les voix sont belles, chaudes et généreuses, les improvisations solistes d'une grande pureté. Les chants sont monodiques mais chacun apporte sa contribution sans chercher une utopique perfection. Les petites différences dans les rythmes et les voix donnent au contraire cette dimension humaine indispensable qui touchent l'auditeur avec émotion. Le latin se mêle à l'arabe et suggère, grâce à la voix, un sentiment de paix et d'éternité.

Crédits photographiques : Amir ElSaffar, Vanesa Aibar (Luminescence) © Royaumont ; Organum © Laurent Paillier

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16h30 : Samaa marocain et chant Mozarabe de Tolède. Ensemble Organum, direction Marcel Pérès

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