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Bouleversante Butterfly à Nancy

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 23-VI-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène : Emmanuelle Bastet. Décors : Tim Northam. Costumes : Véronique Seymat. Lumières : Bernd Pukrabek. Avec : Sunyoung Seo, Madame Butterfly (Cio-Cio-San) ; Edgaras Montvidas, F. B. Pinkerton ; Cornelia Oncioiu, Suzuki ; Dario Solari, Sharpless ; Gregory Bonfatti, Goro ; Philippe-Nicolas Martin, le Prince Yamadori ; Nika Guliashvili, l’Oncle Bonze ; Julie Prola, Kate Pinkerton ; Gilen Goicoechea, le Commissaire impérial ; Benjamin Colin, Yakuside ; Olivier Brunel, l’Officier d’Etat-Civil ; Inna Jeskova, la Mère de Cio-Cio-San ; Jue Zhang, la Tante de Cio-Cio-San ; Caroline Raybaudi, la Cousine de Cio-Cio-San . Chœur de l’Opéra national de Lorraine (direction : Merion Powell) ; Orchestre symphonique et lyrique de Nancy ; direction : Modestas Pitrénas

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Après treize ans d'absence, Cio-Cio-San suscite à nouveau les larmes du public nancéien par la grâce d'une interprète habitée et poignante, d'un orchestre rutilant et d'une direction musicale passionnée dans une mise en scène sobre, d'une constante justesse et d'une redoutable efficacité.

Évitant les clichés et l'orientalisme de pacotille, c'est dans un Japon des années 50 très fidèlement et précisément restitué qu' et son équipe de production ont choisi de raconter la tragédie de Madame Butterfly. Tout en bois blond, le décor de Tim Northam ondule jusqu'en fond de scène tel une énorme vague, fort utile pour figurer la colline dominant Nagasaki du livret et y faire surgir la famille et les suivantes de Cio-Cio-San ou Yamadori, moins adapté quand les voix des chanteurs juchés à son sommet se perdent dans les cintres. Des parois coulissantes isolent les scènes d'intimité, un bassin agrémenté d'un rocher évoque à l'avant-scène les jardins japonais. Les somptueux kimonos dessinés par Véronique Seymat et de multiples accessoires (ombrelles, paniers de pêcheurs, service de porcelaine) participent à ce sentiment d'authenticité.

Sans pathos excessif, la direction d'acteurs fine et sensible fait confiance au livret qu'elle suit scrupuleusement, s'attache à la vérité des gestes et des attitudes. y ajoute des idées d'une puissante poésie : la nuit est tapissée d'étoiles pour le duo d'amour du premier acte, des fleurs tombent du ciel pour le duo Butterfly-Suzuki au II et le lever du jour au début du III est magiquement suggéré par l'illumination progressive du décor. Tout en retenue et délicatesse, cette mise en scène suscite une bien plus prégnante émotion que des moyens trop grandiloquents.

 

Pour sa prise de rôle en Cio-Cio-San, la sud-coréenne réalise d'emblée une incarnation majeure et accomplie. Totalement investie dans son personnage, elle en explore toutes les facettes, variant couleurs et émission du son filé au cri (un « M'ha scordata ! » à fendre l'âme), de la rondeur aux reflets métalliques, toujours en situation. Sa détresse en devient palpable et l'émotion étreint comme rarement. Dans le rôle ingrat de l'inconséquent et pleutre Pinkerton, le ténor est parfait de suffisance. Le timbre manque toutefois de séduction et l'aigu, toujours atteint en force, de variété.

Avec ses graves profonds et soyeux, campe une parfaite Suzuki tandis que apporte humanité et stature à son Sharpless. Incisif et sonore, incarne un Goro de fort relief tout comme l'impressionnant Bonze, tonnant et percutant, de . Tous les rôles secondaires sont d'ailleurs soignés et bien caractérisés, jusqu'à la Kate Pinkerton de Julie Prola qui retient l'attention dans un personnage habituellement sacrifié et purement utilitaire.

Galvanisé par la direction puissamment lyrique de Modestas Pitrénas, l' parachève la réussite du spectacle par son engagement constant, la délicatesse de ses textures ou, a contrario, la puissance et la plénitude de ses tutti. Tant dans la violence de sa condamnation de Cio-Cio-San que dans la douceur murmurée du chœur « à bouche fermée » qui lie deuxième et troisième actes, le Chœur de l'Opéra national de Lorraine se montre impeccable.

Crédits photographiques : (Cio-Cio-San) et (Pinkerton, de dos) © C2images pour l'Opéra national de Lorraine

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 23-VI-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène : Emmanuelle Bastet. Décors : Tim Northam. Costumes : Véronique Seymat. Lumières : Bernd Pukrabek. Avec : Sunyoung Seo, Madame Butterfly (Cio-Cio-San) ; Edgaras Montvidas, F. B. Pinkerton ; Cornelia Oncioiu, Suzuki ; Dario Solari, Sharpless ; Gregory Bonfatti, Goro ; Philippe-Nicolas Martin, le Prince Yamadori ; Nika Guliashvili, l’Oncle Bonze ; Julie Prola, Kate Pinkerton ; Gilen Goicoechea, le Commissaire impérial ; Benjamin Colin, Yakuside ; Olivier Brunel, l’Officier d’Etat-Civil ; Inna Jeskova, la Mère de Cio-Cio-San ; Jue Zhang, la Tante de Cio-Cio-San ; Caroline Raybaudi, la Cousine de Cio-Cio-San . Chœur de l’Opéra national de Lorraine (direction : Merion Powell) ; Orchestre symphonique et lyrique de Nancy ; direction : Modestas Pitrénas

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