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Danser Pina – Rosita Boisseau, Laurent Philippe. Parution novembre 2018. Editions Textuel, 55 euros.
Qu'est-ce que signifiait danser pour la célèbre Pina Bausch ? vingt-quatre de ses danseurs y répondent à leur façon dans ces témoignages recueillis à travers le monde par la journaliste Rosita Boisseau. Ils dessinent un portrait en creux, pas toujours tendre, de la chorégraphe allemande décédée en 2009.
Ce sont des témoignages exceptionnels. Ceux des danseurs qui, comme Dominique Mercy, ont accompagné et côtoyé Pina Bausch pendant près de quarante ans, depuis ses débuts au Tanztheater de Wuppertal. Également ceux de danseurs plus jeunes, arrivés dans la compagnie pour reprendre le flambeau des grands ainés. On y retrouve les voix des trois australiennes, Meryl Tankard, Jo-Ann Endicot et Julie Shanahan, mais aussi des danseuses et danseurs issus de tous les continents, l'Asie comme la petite danseuse thaïlandaise Ditta Miranda Jasjfi ou les Japonaises Mariko Aoyama et Azusa Seyama, l'Amérique comme la Brésilienne Ruth Amarante ou les Américains Eddie Martinez et Julie Anne Stanzak, et bien sûr, l'Europe, avec la Russie d'Andrey Berezin, la France de Bénédicte Billiet, Helena Pikon ou Anne Martin, la Grèce de Daphnis Kokkinos, l'Espagne de Nazareth Panaredo, l'Italie de Cristiana Morganti, mais aussi l'Allemagne de Barbara Kaufmann, Michael Strecker ou Rainer Behr. Cette diversité géographique faisait la richesse d'une compagnie cosmopolite, s'appuyant sur les apports de la culture de chaque interprète.
Long ou court, chaque témoignage, classé par ordre alphabétique sans souci de chronologie, dessine aussi un portrait en creux de Pina Bausch. Des propos parfois admiratifs, se remémorant le choc du premier spectacle ou l'émotion de la première audition, mais aussi parfois teintés d'amertume. Les danseurs n'hésitent pas à évoquer les difficultés relationnelles, les conditions de travail exigeantes ou le fait qu'un danseur était parfois amené à quitter la compagnie quand Pina avait tout pris de lui.
A travers leurs mots, on découvre aussi la méthode Pina pour accoucher d'une création, cette fameuse méthode des questions mise au point progressivement par la chorégraphe et institutionnalisée après la mort de Rolf Börzik, le scénographe de la compagnie. Tous en parlent, exprimant leur désarroi face à certaines questions ou à la nécessité de tout mémoriser, car aucune trace filmée n'était conservée du processus de création. Ce sont des témoignages très précieux, bien qu'hétérogènes, sur ce processus collaboratif auquel Pina Bausch soumettait ses danseurs.
Le livre est illustré des magnifiques photos de Laurent Philippe, saisies pendant les trente années de spectacles de Pina Bausch auxquels il a pu assister, au Théâtre de la Ville à Paris, notamment. Chaque danseur y est magnifié, figé dans son humanité et sa diversité, rendant le plus bel hommage à la chorégraphe, près de neuf ans après sa disparition soudaine.
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Danser Pina – Rosita Boisseau, Laurent Philippe. Parution novembre 2018. Editions Textuel, 55 euros.
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