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Œuvres de Marco Uccellini (1603-1680), Francesco Turini (1595-1656), Dario Castello (1590-1658), Giovanni Battista Fontana (1589-1630), Tarquinio Merula (1595-1665), Andrea Falconieri (1585-1656), Biagio Marini (1594-1663)… Elisabeth Champollion, flûte à bec. Franciska Anna Hadju, violon. David Budai, viole de gambe. Alon Sariel, archiluth. 1 CD Ambronay. Enregistré à Jujurieux en mars et avril 2018. Livret en anglais et français. Durée : 58:31
AmbronayLa rhétorique poétique s'envole vers les hauteurs dans ce premier enregistrement du jeune ensemble Prisma, qui nous emporte dans un tourbillon d'affects aux quatre vents. Les musiques du Seicento italien illustrent les quatre saisons comme autant d'allégories des passions humaines.
« Le baroque aime à puiser dans les éléments pour y dire, allégoriquement, le mouvement du monde », nous dit Jean-François Lattarico dans l'excellent texte de présentation de cet enregistrement. Selon le principe rhétorique de l'analogie, la personnification des vents propres à chaque saison sert de trame à ce programme original. Les quatre musiciens ont choisi de puiser dans le répertoire du XVIIe siècle italien des pièces dont l'atmosphère peut être associée à l'une ou l'autre des saisons.
Chacune des quatre parties du cycle est introduite par un court prélude écrit par les interprètes eux-mêmes comme une improvisation qui évoque la nature au fil des saisons. Le printemps, personnifié par Zéphyr, est associé aux chants d'oiseaux où fait merveille la virtuosité de la flûte à bec. L'été, c'est Notos qui se déploie en fougue et ardeur comme le violon en de brusques changements de tempo. Le vent d'automne, Euros, nous entraîne dans la mélancolie à la suite du luth et place cette saison sous le signe de l'ostinato. Borée, enfin, se joue des effets chromatiques et des silences pour évoquer la mort lente de l'hiver et les tremblements des frimas. Le cycle des saisons se conclut par des variations sur l'air de la Mantovana, qui bouclent la boucle en annonçant le retour de la vie.
Ce qui est remarquable avec Prisma, au-delà de leur parfaite connivence musicale et des qualités instrumentales de chacun, c'est leur grande inventivité. Cela s'exprime d'abord dans les petits préludes improvisés : pour le printemps, la flûte d'Elisabeth Champollion nous donne à entendre les battements d'ailes des papillons (si, si !); en été, c'est le violon de Franciska Anna Hadju qui se transforme en insecte vrombissant ; à l'automne, le luth d'Alon Sariel évoque la nostalgie de la chute des feuilles ; et pour introduire l'hiver, c'est au tour de la viole de David Budai d'évoquer les crissements de la glace.
Le sens de la transition entre chaque pièce s'appuie sur une solide connaissance des diminutions improvisées. Tout est fluide, naturel, chantant. Les musiciens s'emparent du répertoire de l'époque baroque pour le réinventer avec leurs propres variations, et n'hésitent pas à transformer peu à peu une improvisation sur Les feuilles mortes d'Yves Montand en une canzone de Tarquinio Merula. Aucun effet descriptif n'est gratuit, tout est au service d'une expressivité poétique qui nous touche plus encore qu'elle ne nous surprend. Accueilli en résidence à Ambronay, Prisma bénéficie du programme Eeemerging, projet européen de soutien aux meilleurs jeunes ensembles, et c'est amplement mérité.
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Œuvres de Marco Uccellini (1603-1680), Francesco Turini (1595-1656), Dario Castello (1590-1658), Giovanni Battista Fontana (1589-1630), Tarquinio Merula (1595-1665), Andrea Falconieri (1585-1656), Biagio Marini (1594-1663)… Elisabeth Champollion, flûte à bec. Franciska Anna Hadju, violon. David Budai, viole de gambe. Alon Sariel, archiluth. 1 CD Ambronay. Enregistré à Jujurieux en mars et avril 2018. Livret en anglais et français. Durée : 58:31
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