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Londres. Wigmore Hall. 17-VI-2018. Hugo Wolf (1860-1903) : Lieder sur des poèmes de Heinrich Heine (Aus meinen großen Schmerzen, Spätherbstnebel, Du bist wie eine Blume, Mädchen mit dem roten Mündchen, Mein Liebchen, wir saßen beisammen, Wenn ich in deine Augen seh’, Mit schwarzen Segeln, Wie des Mondes Abbild), Johann Wolfgang von Goethe (Frech und Froh I/II, Der Rattenfänger, Gutmann und Gutweib, Ganymed, Grenzen der Menschheit), Eduard Mörike (Der Genesene an die Hoffnung, Der Knabe und das Immlein, Jägerlied, Der Tambour, Begegnung, Nimmersatte Liebe, Verborgenheit, Auf ein altes Bild, In der Frühe, Gebet, Peregrina I/II, Der Feuerreiter, Abschied). Ian Bostridge, ténor ; Julius Drake, piano
Le prince du lied en son temple propose un récital d'une grande qualité poétique et musicale.
La capitale mondiale du lied n'est pas Vienne, encore moins Salzbourg ou Munich : c'est Londres, où le Wigmore Hall développe depuis des années une programmation unique au monde, par sa densité d'abord, mais aussi par ce qu'elle permet en matière d'approfondissement du répertoire et d'exigence en matière d'interprétation. Bien sûr, le programme consacré ce soir à Hugo Wolf ne vient pas d'un des coins les plus reculés de l'univers du lied, mais de l'un des compositeurs majeurs du genre, connu par une discographie nombreuse et de qualité ; mais la popularité des joyaux poétiques et subtils qu'il laisse reste toujours tellement en retard par rapport à celle des grands cycles de Schubert, de Schumann, de Mahler, qu'un concert consacré exclusivement à ses œuvres paraît toujours un événement rare, a fortiori en dehors du plus célèbre Livre italien (objet d'une tournée récente de Jonas Kaufmann et Diana Damrau).
Ian Bostridge et Julius Drake ont choisi pour ce concert de laisser parler les trois poètes que Wolf a le plus intensément mis en musique, avec des lieder plutôt rares d'après Heine et Goethe en première partie et une sélection plus classique des poèmes de Mörike après l'entracte. On y voit tout le talent de Wolf pour les clairs-obscurs, toute la complexité de son écriture, l'importance unique accordée au piano qui transcende toute fonction d'accompagnement, mais on y voit aussi son talent pour l'humour, avec l'immoralisme vantard des deux Frech und froh de Goethe. Ian Bostridge a toute la gourmandise distanciée que ces petites merveilles demandent, et il a tout autant la vélocité séductrice du Rattenfänger, le joueur de flûte qui contraint les rats à le suivre, et peut-être bientôt les enfants. Séduction du diable, sans doute, qui va bien à Bostridge, tout autant que la mélancolie des brumes automnales (Spätherbstnebel). Accompagné avec délicatesse par Julius Drake, Bostridge a gardé toutes les qualités dont témoignait son disque Wolf (en 2006 avec Antonio Pappano chez EMI), sur un programme en partie commun ; ces aigus éthérés ont toujours la même force poétique, mais Bostridge a sans doute gagné ici une forme de liberté nouvelle, une capacité à jouer véritablement avec les mots qui leur donne une saveur unique et personnelle. Du grand art.
Crédit photographique : © Sim Canetty-Clarke
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Londres. Wigmore Hall. 17-VI-2018. Hugo Wolf (1860-1903) : Lieder sur des poèmes de Heinrich Heine (Aus meinen großen Schmerzen, Spätherbstnebel, Du bist wie eine Blume, Mädchen mit dem roten Mündchen, Mein Liebchen, wir saßen beisammen, Wenn ich in deine Augen seh’, Mit schwarzen Segeln, Wie des Mondes Abbild), Johann Wolfgang von Goethe (Frech und Froh I/II, Der Rattenfänger, Gutmann und Gutweib, Ganymed, Grenzen der Menschheit), Eduard Mörike (Der Genesene an die Hoffnung, Der Knabe und das Immlein, Jägerlied, Der Tambour, Begegnung, Nimmersatte Liebe, Verborgenheit, Auf ein altes Bild, In der Frühe, Gebet, Peregrina I/II, Der Feuerreiter, Abschied). Ian Bostridge, ténor ; Julius Drake, piano