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Hugo Reyne et la Simphonie du Marais : drôles d’oiseaux

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Paris. Cité de la Musique, Amphithéâtre. 18-III-2018. Œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Jean-Joseph Mouret (1682-1738), Mr Hill (XVIIIe siècle), Georg Philipp Telemann (1681-1767), Christoph Graupner (1683-1760), François Couperin (1668-1733), Edward Finch (1664-1738), Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Leopold Mozart (1719-1787), Jean-Claude Hervieux de Chanteloup (1683-1747), Jean Hotteterre (1673-1763), Antonio Vivaldi (1678-1741) et Jean-Philippe Rameau (1683-1764). La Simphonie du Marais, Hugo Reyne : flageolet d’oiseau, serinette, appeaux, flûte à bec et direction.

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Hugo Reyne © Guy VivienLors de son week-end consacré aux oiseaux, la Philharmonie de Paris a fait appel à et , pour une approche baroque qui met en valeur les instruments du Musée, après le concert Renaissance de Doulce Mémoire la veille.

En facétieuse pie voleuse, a rassemblé dans le nid de l'Amphithéâtre de la Cité de la Musique une belle poignée de petites perles baroques. Ce n'est pourtant pas en habit blanc et noir que le flûtiste fait son apparition sur scène, mais en oiseleur pittoresque, avec chapeau de feutre et cages en bandoulière, petite flûte de pan aux lèvres, sur l'introduction instrumentale du célèbre air de Papageno. Le ton est donné.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, nombre de compositeurs sont inspirés par le chant des oiseaux et en intègrent des motifs dans leur musique. Il y a des exemples célèbres : Vivaldi et son concerto pour flûte Il Gardellino (le chardonneret), ici en version de chambre (clavecin, violoncelle et deux violons), dans lequel met sa virtuosité au service d'une impression de grande liberté. Ou Haendel et son Concerto pour orgue n° 13 « The Cuckoo & the Nightingale », qui transforme le motif basique du coucou et intègre les trilles et les stridulations du rossignol avec beaucoup d'art, l'orgue étant ici supplanté par la flûte à bec et le clavecin. Ce sont aussi Couperin avec Le Rossignol en amour et Les fauvettes plaintives et Rameau avec Le Rappel des oiseaux. Ces célèbres pièces pour clavecin, ici arrangées pour plusieurs instruments, perdent en légèreté et en spontanéité, mais gagnent en pouvoir d'évocation. Et n'oublions pas la Symphonie des jouets, qui fait intervenir différents appeaux, et crécelle, maniés dans l'Allegro par le flûtiste et le claveciniste (), pour un moment fort réjouissant. Mais les musiciens donnent aussi des œuvres peu connues, comme une Cuckoo sonata de Finch pour flûte alto et continuo, où l'agilité de Hugo Reyne se révèle impressionnante, ou une pièce d'une suite de Graupner (GWV 466), intitulée Uccellino chiuso dans laquelle Hugo Reyne à la flûte soprane joue à merveille l'agacement de l'oiseau en cage.

L'oiseau peut aussi être figuré par la voix humaine, et c'est avec plaisir que l'on découvre , qui pousse loin la polyvalence des « baroqueux » en passant du violon au chant. Aussi bien dans les pièces de Mouret pour le Nouveau Théâtre italien (1718) que dans l'air Oiseaux si tous les ans K307 de Mozart (une de ses seules œuvres en français), sa voix expressive et charnue fait merveille. Dans un extrait de cantate tragi-comique de Telemann (TWV 20:37), on n'imite pas les oiseaux mais on déplore le plus sérieusement du monde la mort d'un canari : chanteuse et violon dialoguent superbement, n'ajoutant pas une dérision mal venue par leur interprétation.

On composait enfin à cette époque de petites pièces pour apprendre des airs aux oiseaux, avec notamment des flageollets miniatures dont une reproduction en ivoire nous est présentée ici par Hugo Reyne. Le Musée de la Musique conserve également une serinette, orgue miniature qui permet d'obtenir le même résultat en tournant une manivelle, la mélodie étant commandée par un cylindre amovible ; l'instrument préfigure l'orgue de barbarie. Le concert fait même intervenir le facteur , auteur des facsimilés du flageollet, de la flûte Stanesby jouée dans le concerto de Haendel (un son d'une finesse et d'une rondeur étonnantes, mais relativement peu puissant) et d'une flûte Hotteterre. Le duo de Jean Hotteterre, Les Tourterelles, qu'il joue avec Hugo Reyne, l'un avec un facsimilé en buis et l'autre avec un en ivoire, est un moment particulièrement sympathique. Tout comme ceux où Hugo Reyne, érudit et facétieux, explique les instruments et les morceaux, commente la présence de sa collection d'oiseaux empaillés, lit des extraits de L'Histoire naturelle de Buffon, répond au coucou qui sonne les demi-heures, ou fait participer le public en lui faisant par exemple entonner le « Prends garde à toi » du célèbre air de Carmen, L'amour est un oiseau rebelle.

Cette ambiance un brin détendue, mais où les musiciens brillent par leur aisance et ne perdent pas leur concentration, signe ce véritable spectacle musical de haut vol. Il eût été dommage de ne pas demander à un flûtiste ce qu'il avait à dire sur le thème des oiseaux.

Crédit photographique : Hugo Reyne © Guy Vivien

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Paris. Cité de la Musique, Amphithéâtre. 18-III-2018. Œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Jean-Joseph Mouret (1682-1738), Mr Hill (XVIIIe siècle), Georg Philipp Telemann (1681-1767), Christoph Graupner (1683-1760), François Couperin (1668-1733), Edward Finch (1664-1738), Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Leopold Mozart (1719-1787), Jean-Claude Hervieux de Chanteloup (1683-1747), Jean Hotteterre (1673-1763), Antonio Vivaldi (1678-1741) et Jean-Philippe Rameau (1683-1764). La Simphonie du Marais, Hugo Reyne : flageolet d’oiseau, serinette, appeaux, flûte à bec et direction.

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