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Pour l'événement très exceptionnel consistant à donner une version maçonnique de la Flûte enchantée de Mozart l'année du 250e anniversaire de sa naissance, ResMusica a voulu en savoir un peu plus sur les aspirations et les motivations de Nathalie Labry, initiatrice de ce projet.
« Ma principale motivation : la transmission. »
ResMusica : Votre parcours musical en tant que soprano et chef de chœur montre bien votre intérêt à monter une flûte enchantée. Mais quelles ont été vos autres motivations ?
Nathalie Labry : Principalement la transmission. Celle de mon expérience professionnelle auprès des jeunes artistes que nous avions engagés : sur le plan vocal, musical et théâtral. Mais également celle d'un engagement philosophique qui ressort très fortement dans cet opéra.
RM : Il en existe de multiple versions, sur laquelle vous êtes vous appuyée pour la formation instrumentale. Quelles ont été vos motivations d'interprétation libre du texte ?
NL : Aucune. Pour des raisons purement d'espace scénique, j'ai opté pour une orchestration réduite, tout en respectant la partition de Mozart. Quant à l'interprétation du texte, j'ai voulu des dialogues accessibles à tous. Le long récitatif chanté par Tamino arrivant au Temple de Sarastro a été remplacé par une traduction littérale qui fait ressortir la dimension philosophique du dialogue avec l'Orateur. Au début de l'Acte 2 et durant le Quatuor des Epreuves, j'ai également ajouté deux scènes parlées extraites des rituels maçonniques, pour permettre au public de les re-situerdans leur contexte habituel.
RM : Combien de temps a pris le montage de ce projet ? et comment avez- vous travaillé avec le directeur musical José-André Gendille-Paoli et les protagonistes de cette aventure ?
NL : Le projet a débuté il y a trois ans (c'est symbolique, mais involontaire!). J'ai chapeauté le domaine vocal et scénique tandis que José-André Gendille-Paoli était chargé de la préparation musicale. Les répétitions scéniques se sont toujours déroulées en totale collaboration entre José-André et moi. Depuis février 2005, nous avons donné plusieurs représentations de cette Flûte enchantée dans cette mise en scène maçonnique. C'est en septembre que nous avons ajouté la scène du Rituel d'Initiation pour Pamina et Tamino (Quatuor des Epreuves), en tenant compte bien sûr des limites de la partition écrite par Mozart.
RM : C'est une détermination délicate d'annoncer son appartenance à la Franc-Maçonnerie, vous devez en réalité préserver le secret, c'est une des premières recommandations fondamentales. Expliquez-nous cette ouverture vers le monde candide ? Iriez vous donner votre version dans d'autres obédiences ou dans d'autres lieux ?
NL : La Franc-Maçonnerie en soit n'a rien de « secret », tout est écrit dans les livres du commerce. Je suis militante par nature : je crois dans la nécessité d'un combat pour l'amélioration de la condition humaine en toute démocratie et dans la tolérance. La Franc-Maçonnerie n'est pas une religion, c'est une philosophie. Mozart l'a mise en musique et presque tout le monde connaît La Flûte enchantée, ne serait-ce que de nom. La version scénique que j'ai choisie a pour but de lever les tabous autour des rituels de la Franc-Maçonnerie, en conservant l'essentiel accessible au « monde candide », sans entrer dans des détails qui s'avèreraient trop complexes pour le profane.
RM : En introduction de votre spectacle vous donnez quelques réflexions sur la difficulté de divulguer les rites maçonniques. Pensez-vous que les francs-maçons doivent sortir de leur coquille ?
NL : Chaque franc-maçon est libre de révéler son appartenance ou pas à cette philosophie. L'Histoire nous démontre suffisamment pourquoi on doit respecter ce choix. Quant aux rituels, vous les trouverez dans toute librairie concernée.
RM : La musique et la Franc-maçonnerie ont de nombreux liens d'amitié, existe-t-il des loges spécifiques qui travaillent sur ce sujet? En existe-t-il qui portent le nom de musiciens ou le patronyme philanthropique de Mozart ? Connaissez-vous leurs travaux ?
NL : Il existe des loges portant des noms de musiciens Francs-Maçons célèbres, bien sûr. Mais aucune loge ne borne ses travaux à ce sujet.
RM : Savez vous si des conférences sont prévues sur les liens qui peuvent exister entre la musique et la Franc-Maçonnerie à l'occasion de ce 250e anniversaire de la naissance de Mozart ?
NL : Oui, au Grand Orient de France en janvier 2006.
RM : Quels sont vos prochains projets musicaux ?
NL : La création d'un opéra Symorgh sur une musique de Thierry Pélicant, livret de Gérard-Henry Borlant et moi-même.