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Après Geminiani, Vivaldi sauve la mise au Théâtre des Champs-Élysées

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 27-IX-2017. Francesco Geminiani (1687-1762) : cantate La foresta incantata. Antonio Vivaldi (1678-1741) : cantate La Gloria e Imeneo. Vivica Genaux, mezzo-soprano ; Sonia Prina, contralto ; Orchestre de chambre de Paris, direction et violon : Fabio Biondi

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Une soirée en demi-teinte mais qui s'achève sur une note savoureuse, grâce au prêtre roux et aux interprètes : , et à la tête de l'.

vivica-genaux

L' s'est associé avec le chef autour d'un programme baroque italien qui regarde vers la France, avec une belle part consacrée au violon et aux voix : la cantate Gloria e Imeneo de Vivaldi a été créée pour l'ambassade de France à Venise à l'occasion du mariage de Louis XV et Marie Leszczynska, quand la Foresta Incantata, créée au Palais des Tuileries en 1754 s'intègre dans la « querelle des bouffons ». Si la musique de Geminiani ne laisse aucune trace dans la mémoire de l'auditeur, entendre la cantate Gloria e Imeneo n'est pas chose si fréquente, surtout servie par des artistes qui connaissent leur Vivaldi sur le bout des ongles.

La Forêt enchantée de Geminiani ne pouvait constituer qu'un amuse-bouche tant l'œuvre paraît être une longue succession de danses insipides entrecoupées de solos de violon plus ou moins virtuoses, mais maintes fois entendus ailleurs, le tout dans une esthétique qui serait un mélange de Rameau, de Corelli et de Haendel (les cors ne sont pas sans rappeler la Music for the Royal Fireworks). Pour défendre cette musique, l' était-il le plus adéquat ? Certes, il a pour habitude de couvrir quatre siècles de répertoire, mais ses sonorités le rendent tout de même plus adapté au XIXe siècle romantique. Il peine à plusieurs reprises à réagir aux tentatives de contrastes, de variations et de nuances que cherche à insuffler à l'œuvre pour la sortir de la répétition continue et stérile des motifs. Après quelques décalages et faux départs au début de la prestation, l'auditeur avait parfois le sentiment d'un orchestre en pilotage automatique.

Les choses s'améliorent avec Vivaldi et sa superbe cantate Gloria e Imeneo. L'orchestre continue de poser question dans ce répertoire quand les cordes noient le clavecin et le théorbe dans une sonorité pâteuse bien éloignée de la nervosité baroque. Toutefois, dans cette deuxième partie, tout semble plus en place, et l'orchestre est plus réactif aux impulsions du chef. Il élabore des belles couleurs et un dialogue d'autant plus savoureux avec les voix et le violon (la partition ménage encore quelques beaux solos), que la complicité évidente qui unit et est en parfaite harmonie avec la vision de Fabio Biondi avec lequel elles ont déjà souvent collaboré.

Sonia Prina

est une habituée de Vivaldi, dans lequel elle dépasse ses limites avec une évidence confondante. Car des limites, il y en a. Un ambitus restreint avec des aigus de plus en plus acides confèrent peu de séduction immédiate à ce timbre de voix, par ailleurs assez mat. D'où vient alors que cette attachante artiste remporte la mise ? Parce que l'attention qu'elle porte aux mots, à l'intonation et à la prosodie lui offre une autorité immédiate qu'accompagne une énergie à toute épreuve. Peu importe la séduction du timbre quand on est embarqué de la sorte dans un univers qui, a priori, échappe à nos références contemporaines (elle incarne ce soir la Gloire face à l'Hymen). Les vocalises sont précises et les nuances soignées : elles donnent le sentiment d'une liberté, d'une spontanéité et finalement d'un naturel qui emporte tout. Et puis, il faut quand même la voir sur scène imprimer des variations de son par des déhanchements et des coups de têtes ahurissants pour comprendre que cette musique, très physique, est clairement inscrite dans ses gênes de « baroqueuse ».

Face à elle, un autre grain de voix tout aussi singulier. Le timbre corsé et nasal de est lui aussi reconnaissable entre mille, tout comme la vélocité de ses vocalises « mitraillettes ». Toutefois, la mezzo se sert de sa technique sans faille pour assurer de beaux crescendos, pour colorer les phrases, et pour imprimer un chant plus délié et élégant que sa collègue. Plus retenu aussi. Autre tempérament, autres qualités, mais complémentarité parfaite qui fait tout le prix d'un duo qui nous aura emmenés loin ce soir.

Crédits photos : Vivica Genaux © RibaltaLuce Studio ; Sonia Prina © Javier del Real

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 27-IX-2017. Francesco Geminiani (1687-1762) : cantate La foresta incantata. Antonio Vivaldi (1678-1741) : cantate La Gloria e Imeneo. Vivica Genaux, mezzo-soprano ; Sonia Prina, contralto ; Orchestre de chambre de Paris, direction et violon : Fabio Biondi

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